« Le territoire vert », Marché et Organisations, n°16, L’Harmattan, 2012
Sous la direction de Jean-Marie Cardebat (Bordeaux IV) et de Dimitri Unzunidis (Lille Nord de France) le n°16 de Marché et Organisation propose de faire un tour d’horizon de la réalité complexe du « territoire vert » par le biais des entreprises, des institutions et des secteurs innovants. Par « territoire vert » il faut entendre « espace durable », dans une approche devenue classique de développement durable. Les définitions de cet espace durable sont multiples, même si le « tronc commun » associe en synergie économie, écologie et société. Mais, pour simplifier, on peut affirmer qu’un « territoire vert » associe bassin d’emploi qualifié, environnement scientifique adapté, projets innovants et volonté de présenter des modèles à suivre pour une bonne « gouvernance ».
Le principal souci du « territoire vert » est qu’il a longtemps été considéré comme non compétitif. En effet, la promotion d’innovations écologiques a souvent été vue par les entrepreneurs comme un « gadget » superflu. Mais les auteurs montrent que, depuis une dizaine d’années, cette perception a changé et que la majorité des acteurs économiques intègrent des stratégies de développement durable dans leurs projets, que ce soit de façon volontaire ou poussés par la pression extérieure. Or pour les auteurs, sans l’entreprise le « territoire vert » ne peut exister. Comme l’écrit J.M. Cardebat (p.23) , « il nous semble impératif de penser l’évaluation de la durabilité des collectivités (territoriales, n.d.a) au regard des exigences de l’évaluation durable des entreprises qui composent et structurent, en partie, le territoire considéré ».
L’application de ces principe d’économie durable sont a priori plus simples a appliquer dans des territoires « neufs » qui n’ont pas le legs du passé « carboné ». On pourra voir qu’en Afrique centrale (article de Désiré Avom et de Gislain Stéphane Gandjon Fakem) le développement durable peut constituer un élément d’attractivité territoriale susceptible d’avoir une influence sur l’IDH des populations. De même dans la ville de Gdansk, dans une Pologne qui a du, pour des raisons de rentabilité, faire table rase du passé industriel communiste, se met en place un projet synergique associant compétitivité industrielle et recyclage (article de Maria Lorek). Les autres pays de l’ex-bloc soviétique ne sont pas en manque de projets innovants (article de Malouk Bellataf).
La véritable question reste, au delà des réussites locales, l’application du modèle à des régions entières. Si à travers cet ouvrage on sent que le développement durable est en train de devenir quelque chose de réellement sérieux, modélisé, clustérisé, analysé, la synergie des gouvernants, des entreprises et des citoyens reste encore imparfaite.
Mathieu Souyris