Alors que les parents de Robin Walter revendent leur maison familiale de Champigny-sur-Marne, vient le moment pour tous de dire au revoir à Maria, leur femme de ménage et bien plus depuis plus de trente ans. Que va-t-elle faire, elle qui est venue du Portugal avec son mari comme des milliers de ses compatriotes, quelques décennies auparavant, fuyant ainsi la dictature de Salazar ?
Au travers de leurs souvenirs, le récit dépeint ce que fut la plus longue dictature de l’histoire moderne de l’Europe occidentale et l’immigration portugaise de masse qui en a découlé.

Robin Walter nous livre une histoire autobiographique. Non pas qu’il soit Portugais, mais la femme de ménage embauchée pendant trente ans par ses parents l’est. Elle s’appelle Maria.

Le titre Maria et Salazar peut nous faire penser à un couple. Or, il ne faut pas s’y tromper : Maria est l’immigrée portugaise en France, Salazar est le dictateur portugais qui fut le président du Conseil des ministres du Portugal de 1932 à 1968, l’inspirateur et la figure centrale du régime autoritaire connu sous le nom d’Estado Novo (l’État Nouveau).

Dans un contexte actuel où le pays fait face à l’arrivée de migrants non-européens, l’auteur prend appui sur son histoire personnelle pour parler de la première communauté immigrée européenne de France.
Comme dit en introduction, c’est Maria, bientôt en retraite, qui lui raconte son expérience et son arrivée en France. Sa vie ici avec son mari Manuel et ses enfants. Son mari qu’elle a rejoint en France, alors parti pour travailler dans les années 1960.

L’auteur s’est documenté sur l’histoire de ce pays qu’il ne connaissait pas. Il relate en quelques pages l’histoire du Portugal et insiste sur le XXe siècle. Période riche en événements qui n’est pas aussi simple qu’il ne le laisse paraître.
Le format bande dessinée n’est pas adapté au listing d’événements historiques, bien trop complexes. Par ailleurs, l’auteur n’est pas neutre et livre (inconsciemment?) son opinion politique quant à certains événements de ce pays comme la chute de la monarchie et la révolution des œillets.
La majorité de la population ne vivait pas mal ces régimes politiques et n’étaient pas contre eux. Or, dans cette BD tout laisse à penser que ces renversements politiques coulaient de source.
Seul Manuel précise à un moment de l’histoire que la vie sous Salazar n’était pas aussi difficile qu’on le raconte dans les pays extérieurs au sien. Élément important donc pour avoir un avis critique sur cette période.

L’histoire se termine au musée de l’immigration à Paris. L’auteur arpente les différents couloirs du musée, en analysant et comprenant les immigrés avec une pointe de défense « France terre d’accueil depuis des siècles », révélant l’ambition de l’auteur quant à la parution de cette BD.

Un point : la BD n’est pas découpée en parties, elle se lit d’une traite. Mais si vous voulez faire une pause le livre permet de faire un marque page avec la couverture et 4ème de couverture.
Aussi il faut préciser que la couverture est en couleur mais la BD uniquement en noir et blanc.

En somme, cette BD est agréable à lire et intéressante car c’est le témoignage d’immigrés du siècle dernier dont on parle trop peu souvent et qui pourtant représentent une part importante de la population française. Des planches peuvent ainsi être utilisées en cours d’Histoire-Géographie pour qui souhaite parler du thème de l’immigration en France.

—–

Maude Robert, pour Les Clionautes