CR de Catherine DIDIER – FEVRE, professeure au collège du Gâtinais en Bourgogne à Saint Valérien.

Avec la mise sur pied du quartier euroméditerranée et la rénovation du quartier alentour, Marseille veut s’affirmer comme le point d’union entre l’Europe et la Méditerranée. Pour relever le défi, il est nécessaire de fédérer les différents acteurs qui oeuvrent pour redresser économiquement cette métropole.

Les auteurs

Ce volume des Etudes de la Documentation française propose à la réflexion du lecteur 21 contributions qui lui permettront de se faire sa propre opinion sur l’avenir de la métropole phocéenne. Les deux directeurs de ce volume sont respectivement maître de conférences en sciences économiques à l’université Méditerranée Aix Marseille II (P. Langevin) et directeur général honoraire à la chambre régionale de commerce et d’industrie PACA (J.C Juan). Ils ont réuni dans ce volume des enseignants du supérieur, des chercheurs (essentiellement des économistes), des professionnels dirigeant des structures marseillaises (Port autonome, agglomération marseillaise, Euroméditerranée, communauté urbaine). Ces derniers contributeurs ne sont pas exempts de positionnements subjectifs, c’est bien légitime.

Une ville ayant connu une reconversion difficile et qui est aujourd’hui à la recherche d’un nouveau souffle

Ville entrepôt recevant des produits venus de l’ensemble de l’empire, la ville a eu du mal à négocier la décolonisation qui a précédé la crise qui a touché de plein fouet la toute nouvelle zone industrielle de Fos. Aujourd’hui, la ville essaie de s’affirmer comme une grande métropole méditerranéenne en construction. Sous l’effet des mobilités des actifs, la ville s’est beaucoup étalée au fil des années. La périphérie est devenue plus attractive aux dépens du centre. Il faut arrêter de voir Marseille comme un pôle unique mais plutôt considérer la ville comme un élément d’une vaste région urbaine. Jean Bonnier (ancien directeur d’études au secrétariat général des affaires régionales SGAR de PACA) propose d’appeler la métropole méditerranéenne la Phosalye, en hommage aux Salyens, les indigènes présents à l’arrivée des Phocéens. Cette vaste région urbaine n’a pourtant pas d’unité de gestion puisqu’il n’existe pas d’intercommunalité unique pour cet espace. Ce manque d’unité s’applique à l’agglomération marseillaise, elle même. Aujourd’hui, le défi est de réussir à gérer ces différentes zones qui sont autant de « Marseilles ».

Les « Marseilles »

Près de 2 millions de personnes habitent la région urbaine dans laquelle on peut distinguer différents ensembles.

Marseille
– Marseille Centre
On y trouve essentiellement les emplois publics, les commerces et services dans un environnement urbain dégradé où vivent des habitants en situation précaire. La politique municipale a consisté en la réhabilitation de logements pour essayer d’attirer les classes moyennes avec notamment le projet Euroméditerranée. Il est nécessaire de laisser à cette initiative du temps pour en voir les effets.
– Marseille Sud
C’est le Marseille des beaux quartiers, des emplois de finances et des habitants au fort pouvoir d’achat même si cet ensemble comprend aussi des quartiers difficiles comme les Baumettes.
– Marseille Est
Cette zone se caractérise par une hausse sensible des emplois grâce aux reconversions (passage de l’industrie au tertiaire). Elle abrite des classes moyennes, souvent âgées.
– Marseille Nord
Même si, le quartier concentre des grands ensembles de logements sociaux et des habitants en difficultés, il affiche aussi les plus fortes hausses d’emploi. Mais, force est de constater la dichotomie entre les emplois proposés et les niveaux de qualifications des habitants. L’installation d’entreprises, dans le cadre de zones franches, n’a pas réglé le problème du chômage.

Aix
C’est une ville en pleine expansion. Ville universitaire et de robe, elle a trouvé un second souffle avec le dynamisme industriel, tertiaire et commercial. L’attractivité de Aix est supérieure à celle de Marseille en raison d’une excellente image de la ville elle-même et du pays aixois.

Aubagne – Gémenos
Zone en croissance continue, elle apparaît comme l’espace le plus dynamique de l’ensemble marseillais.

Fos – Martigues
C’est le territoire de la grande industrie. Centré autour de la zone industrialo-portuaire de Fos sur Mer, c’est un ensemble en restructuration. L’essor nouveau vient de la ville de Martigues.

Istres
Véritable concurrence de Martigues, Istres apparaît comme la cité administrative et résidentielle de la précédente zone industrielle.

Vitrolles et Marignane
C’est une zone qui a connu une forte croissance démographique et qui est restée attractive malgré les difficultés rencontrées par les activités industrielles en s’orientant vers les activités commerciales et tertiaires.

Les leviers de la croissance marseillaise

La valorisation et la dynamisation du tissu économique métropolitain doit s’appuyer sur :
La diversité de cette mosaïque territoriale, qui se retrouve aussi au niveau de la composition de la population. Marseille a une population cosmopolite liée à la présence d’une importante population étrangère venue essentiellement du pourtour de la Méditerranée. Ces populations constituent les meilleurs moteurs des échanges commerciaux dans les pays méditerranéens.
Le port de Marseille (1er port français et 4° port européen) a besoin d’élargir son hinterland pour maintenir sa première place en Méditerranée, parallèlement à la structuration de l’Arc méditerranéen latin, par la promotion du cabotage. La lecture du chapitre 11 du volume est à recommander sur ce thème.
Les pôles de compétitivité.
– L’ITER
(programme de recherche expérimentale sur la fusion nucléaire) à proximité de Cadarache.
Euroméditerranée. Cet établissement public d’aménagement, créé en 1985, sur 130 ha, doit permettre de relever des défis importants pour la métropolisation de Marseille et répondre à la faiblesse du tertiaire supérieur de la ville essentiellement. Pour cela, la priorité a porté sur le développement d’un pôle d’attraction sur le front de mer avec la construction d’un quartier d’affaires, d’un pôle audiovisuel – multimédia et culturel (musée de civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), d’infrastructures touristiques et logistiques. Le tout est accompagné en parallèle de la rénovation de l’habitat.

Ces opérations immobilières et d’équipement tendent à revaloriser l’image de la ville, y compris celle des habitants eux-mêmes (voir le chapitre 9 sur l’espace vécu des Marseillais).

On se laisse à penser, à l’issue de la lecture de cet ouvrage, que Marseille dispose de tous les atouts pour devenir dans le futur une métropole qui pourra vraiment compter dans la mondialisation des échanges.

La lecture de ce volume est, à plus d’un titre, à recommander aux enseignants du secondaire pour enrichir leur cours sur la France. Les articles comportent des cartes facilement utilisables en classe. Pour prendre l’exemple de l’étude des mobilités (cours de 1ère STG, le sujet d’étude notamment), le professeur pourra utiliser la carte des bassins de déplacements du chapitre 4 ou celles du chapitre 6 (habiter une métropole polycentrique).

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