De l’assassinat, nous ne saurons presque rien. Mis à part quelques témoignages de « témoins » qui se contredisent les un les autres sur celui qui pourrait être le coupable. Si cette BD s’appelle Mary Jane, c’est que les auteurs s’intéressent d’abord et avant tout à la victime. Depuis plus de 30 ans, Frank Le Gall pensait à mettre en scène l’histoire de cette femme. Après des atermoiements expliqués dans l’annexe de cette œuvre, il est parvenu à créer un écrin digne de cette histoire à ses yeux.
Nous suivons donc le parcours, sans doute assez fréquent, d’une jeune femme de mineur. Son destin bascule le jour où son mari, Davies, meurt dans un coup de grisou. De là, une errance physique, émotionnelle et sentimentale qui va l’emmener de la campagne galloise à la folie de la vie londonienne, en passant par la France.
Mary Jane, c’est l’histoire à la fois d’une femme qui refuse son destin tragique, tente de le surmonter, mais est en même temps une des nombreuses oubliées de la société et dont la survie va passer par le vol, la débrouillardise, et finalement la prostitution. Cherchant à retrouver une affection qu’elle ne pourra jamais retrouver, c’est un parcours de vie dramatique qui s’offre à nous. Car, à chaque fois qu’elle essaie de maîtriser son destin, le drame et la tragédie la rattrapent, inlassablement.
La BD est marquante à plus d’un titre. D’abord, le scénario de Le Gall est bien ficelé. La BD se lit d’une traite et ne laisse que peu de moments de répit, tant à l’héroïne qu’au lecteur. Damien Cuvillier livre des planches magnifiques. Les auteurs nous proposent une oeuvre dure, réaliste, prenante, sans fioritures ni embellissements. Le personnage principal et tous les personnages secondaires sont travaillés et apportent leur pierre à l’édifice. Une oeuvre à conseiller au plus grand nombre et qui saura prendre aux tripes chaque lecteur.
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Présentation de la BD sur le site de l’éditeur
« C’est l’histoire d’une tragédie. Celle de Mary Jane Kelly. Une des victimes désignées de la misère sociale sévissant alors dans l’Angleterre de la fin du XIXe siècle. Veuve à dix-neuf ans, elle fuit le pays de Galles et la misère pour rejoindre Londres. Pour son malheur, elle y rencontrera la prostitution et le couteau d’un tueur en série, devenu célèbre depuis : Jack l’éventreur. »
Présentation de l’auteur sur le site Bedetheque
« Né Le 23 septembre 1959 à Rouen, Frank Le Gall commence à 16 ans à travailler pour le magazine écolo PISTIL sur une série humoristique : « Pouce de plein vent ». Avec le scénariste Alain Clément, il crée ensuite le saxophoniste de jazz « Valry Bonpain » pour des histoires courtes et policières publiées dans SPIROU. C’est en 1984 un nouveau personnage : « Théodore Poussin ». Il commence en 1985 une nouvelle brève série pour Glénat, avec la complicité de Yann au scénario : « Yoyo ». En 1989, « Marie Vérité », le troisième volume de « Théodore Poussin », écrit avec Yann, obtient le Prix du Meilleur Album à Angoulême. Le premier grand cycle de « Théodore Poussin » s’achève au sixième tome : « Un passager porté disparu », couronné par le Prix du Public à Angoulême en 1993. Le Gall peut se tourner, en couleurs directes, vers l’évocation nostalgique de l’enfance de son personnage dans le nord de la France (« La Vallée des Roses », salué par le premier « Totem » de la bande dessinée du Salon du Livre de Jeunesse à Montreuil). Depuis, Le Gall poursuit à son rythme les grandes aventures de son héros et se délasse de ces créations d’atmosphère en se livrant à des animations graphiques, de courts récits complets débridés ou l’un ou l’autre album illustré hors normes, tel que « Catastrophes au pays du Père Noël » chez Delcourt. »
Présentation du dessinateur sur le site Bedetheque
« Damien est un tout jeune auteur picard. Passionné de dessin depuis toujours, il a il y a quelques années maintenant rencontré l’association « On a Marché sur la Bulle » dans le cadre d’un atelier d’écriture auquel il participait. Il a continué son bonhomme de chemin et gagne en 2006 le Prix Régional de Bande Dessinée au festival d’Amiens. Depuis il avance, vite, très vite, et collabore à plusieurs projets BD (Cicatrices de guerre(s), Les artistes s’engagent contre le Sida, Contes inuits en bande dessinée etc.) par le biais d’histoires courtes, s’implique dans l’association Les Dessin’acteurs et livre enfin en 2010 non pas un mais deux albums, d’abord Les Sauveteurs en mer, chez Vents d’Ouest, puis tout de suite après le tome 1 de La Guerre secrète de l’espace, scénarisé par Régis Hautière, aux éditions Delcourt. Espionnage, guerre froide, Baïkonour, le tout dans les années 1950… » Depuis il a participé à des projets majeurs comme « Notre Mère la guerre » de Kris et Maël et « La guerre des Lulus » de Régis Hautière.