De l’assassinat, nous ne saurons presque rien. Mis à part quelques témoignages de « témoins » qui se contredisent les un les autres sur celui qui pourrait être le coupable. Si cette BD s’appelle Mary Jane, c’est que les auteurs s’intéressent d’abord et avant tout à la victime. Depuis plus de 30 ans, Frank Le Gall pensait à mettre en scène l’histoire de cette femme. Après des atermoiements expliqués dans l’annexe de cette œuvre, il est parvenu à créer un écrin digne de cette histoire à ses yeux.
Nous suivons donc le parcours, sans doute assez fréquent, d’une jeune femme de mineur. Son destin bascule le jour où son mari, Davies, meurt dans un coup de grisou. De là, une errance physique, émotionnelle et sentimentale qui va l’emmener de la campagne galloise à la folie de la vie londonienne, en passant par la France.
Mary Jane, c’est l’histoire à la fois d’une femme qui refuse son destin tragique, tente de le surmonter, mais est en même temps une des nombreuses oubliées de la société et dont la survie va passer par le vol, la débrouillardise, et finalement la prostitution. Cherchant à retrouver une affection qu’elle ne pourra jamais retrouver, c’est un parcours de vie dramatique qui s’offre à nous. Car, à chaque fois qu’elle essaie de maîtriser son destin, le drame et la tragédie la rattrapent, inlassablement.
La BD est marquante à plus d’un titre. D’abord, le scénario de Le Gall est bien ficelé. La BD se lit d’une traite et ne laisse que peu de moments de répit, tant à l’héroïne qu’au lecteur. Damien Cuvillier livre des planches magnifiques. Les auteurs nous proposent une oeuvre dure, réaliste, prenante, sans fioritures ni embellissements. Le personnage principal et tous les personnages secondaires sont travaillés et apportent leur pierre à l’édifice. Une oeuvre à conseiller au plus grand nombre et qui saura prendre aux tripes chaque lecteur.