Carto n° 8, Novembre-Décembre 2011

La revue Carto est arrivée dans les kiosques à journaux au cours de l’été 2010. Publication de belle facture, elle intriguait par son positionnement (cf. Frank Vidal et Laurent Jegou s’en étonnaient sur Mappemonde http://mappemonde.mgm.fr/num27/librairie/lib10303.html).

C’est aujourd’hui une publication bimestrielle qui fait partie du groupe Areion, celui-ci se présente comme « Le 1er groupe de presse français spécialisé en géopolitique et défense » (Diplomatie, Europa, Moyen-Orient, Enjeux Méditerranée, Histoire & Stratégie, Technology & Armament et DSI (Défense & Sécurité Internationale).

http://www.carto-presse.com/

Vendue au prix de 10,95€, elle se présente comme une revue destinée aux étudiants, aux enseignants ou à ceux qui s’intéressent à l’actualité internationale vue par les cartes ; cela peut rappeler bien sûr le concept innovant du Dessous des cartes (pas étonnant alors que le premier rédacteur en chef de la revue ait été Frank Tétart, longtemps collaborateur de Jean-Christophe Victor).

Aujourd’hui le n°8 de novembre/décembre 2011 propose 84 pages à la mise en pages impeccable, offrant une multiplicité de cartes superbes. Il n’y a pas de publicité en dehors de deux pages présentant deux publications du groupe, Diplomatie (p. 55) et Moyen-Orient (p. 83) ou du partenaire des Éditions Autrement (pp. 64 et 84). La cartographie de grande qualité est de la responsabilité de Laura Margueritte et l’on retrouve la patte de Cécile Marin (collaboratrice du Monde diplomatique) dans la rubrique L’œil du cartographe. Des partenariats avec Planète Terre, l’émission de Sylvain Kahn sur France-Culture ou les éditions Autrement sont annoncés au fil des pages.

Davantage organisée que dans ses premiers numéros, la revue offre des informations liées à l’actualité géographique dans les premières pages puis un dossier de 12 pages consacré à Séoul, mégapole d’une nation divisée ; Valérie Gelézeau décrit la ville en précisant le contexte historique mais aussi son développement actuel dans un contexte mondial. Riche, précis, cet article est facilement utilisable par les enseignants pour une étude de cas dans le cadre des nouveaux programmes de lycée. Résultat de la logique de réseau, V. Gelézeau était l’invitée de Planète Terre le 16 novembre dernier, les Editions Autrement viennent de publier l’atlas de Séoul dans la série des mégapoles et l’on peut également se référer l’émission plus ancienne du Dessous des cartes consacrée à Incheon.

L’actualité vue par les cartes occupe ensuite une trentaine de pages avec des articles attendus dans le contexte du moment comme celui sur la RDC et les élections locales vues par G. Fourmont ou Un automne arabe dans le Golfe ? D’autres plus inattendus sur le Québec : la ruée sur le fer. Un encart détachable sur le trafic –légal ou illégal- des médicaments éclaire cet aspect de la mondialisation et peut facilement être utilisé par l’enseignant d’histoire géographie. 5 pages sur Géographie et conflits rappellent aux candidats aux concours de recrutement des enseignants une synthèse rapide de ce thème et propose une cartographie originale.

Les trois pages de «L’œil du cartographe» attirent l’attention du lecteur sur l’utilisation des signes ponctuels dans le langage cartographique, lecture toujours utile pour l’enseignant devant former ses élèves candidats bacheliers à la construction du croquis ou du schéma… mais aussi aux élèves eux-mêmes ! L’analyse de la carte de la France proposée par le réseau « Sortir du nucléaire » est instructive.

Ensuite la rubrique Environnement développe deux sujets : la menace que fait peser sur l’Amazonie le développement du Brésil et le risque de la piraterie, illustrés tous deux bien évidemment par des cartes.

Les pages Histoire reprennent le thème des crues de la Seine, très présents dans la presse l’année dernière et s’appuient sur des exemples de cartes historiques représentant certaines des crues mémorables ayant touchées Paris (et pas seulement celle de 1910). La bataille de Pearl Harbor est racontée et décryptée à l’aide de cartes à différentes échelles. Enfin, une carte –rare- de la Corse au XVe siècle est proposée comme Trésor de carte.

Au final, cette revue à l’esthétique soignée est très facilement utilisable par les enseignants. Par des articles rédigés par des spécialistes, elle propose des exemples actualisés des grands thèmes de la géopolitique mondiale. Les cartes, pour la plupart originales, permettent de spatialiser l’étude d’un problème, et sont souvent d’une qualité bien supérieure à celles que l’on trouve dans la presse d’information habituelle. Dès que les manuels de géographie vont être dépassés (ce qui ne saurait tarder…), les documents de Carto seront une mine pour les profs d’histoire-géographie.

On ne peut nier que le prix de la revue soit élevé, conséquence de la qualité de l’édition ; néanmoins cette publication s’impose dans le cabinet de géographie et au CDI. On ne peut que vivement souhaiter qu’elle trouve un lectorat fidèle, ce qui lui éviterait le sort de la revue La Géographie.

Isabelle Debilly