Dans Méridien, Arnaud Le Gouëfflec pour le scénario et Briac pour les illustrations rapportent une aventure scientifique du XVIIIe siècle.
Sur ordre du roi de France, des savants s’embarquent pour mesurer la terre : mesurer l’arc de méridien compris entre Quito au nord et Cuenca au sud. Sous la direction de Charles La Condamine, Jussieu, Bouguer, Godin embarquent en 1735 sur le Portefaix, direction : les Andes péruviennes. Il s’agit de valider l’hypothèse de Newton ou celle des Cassini quant à la forme de la terre.
Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans un univers à la fois luxuriant et inquiétant. Un savant y découvre oiseaux, fleurs, prélève des échantillons : pas de doute c’est bien une expédition scientifique mais aussi une aventure humaine dans un environnement inconnu.
Le groupe de savants est très hétérogène tant dans leurs compétences, leurs caractères que leurs motivations. Les connaissances scientifiques de l’époque mais aussi les réalités sociales au Pérou et les idées sur l’esclavage sont bien restituées.
Le récit, inspiré de l’ouvrage de Charles Marie de La Condamine Mesure des trois premiers degrés du méridien dans l’hémisphère austral publié en 1751, alterne le point de vue de La Condamine On retrouve un autre récit de cette aventure dans La Femme du cartographe. Une histoire vraie d’amour, de meurtre et de survie en Amazonie, Robert Whitaker, Payot, 2018 et celui de Jussieuque l’on suit dans son très long périple en Amérique latine, sa connaissance du quinquina. Voir Jean-Marie Pelt, La cannelle et le panda, Fayard, 1999 sur cette aventure pleine de dangers entre moustiques, fièvres et précipices, de querelles entre les savants à propos de l’argent, des relations avec les autorités locales et surtout sur les techniques et lieux de mesure du méridien.
C’est aussi une galerie de portraits sévères des personnages : féroce pour La Condamine ou Godin, plus élogieux pour Jussieu, médecin dévoué à ses semblables y compris aux mines du Potosi.
Les dessins de Briac Queillé mélangent les techniques pour le plus grand bonheur du lecteur. Les textes d’Arnaud Le Gouëfflec sont clairs. Cette BD captivante est complétée par une postface de Perrine Michon qui rappelle le rôle du géographe aujourd’hui comme à l’époque des lumières. Les tableaux d’une expédition p138 et suiv. présentent des documents sur l’expédition qui ont servi de base documentaire aux auteurs.
Une fable morale qui a toute sa place dans un CDI de collège.