Explorer quelques unes des plus belles œuvres des musées du monde entier en un seul livre ! Le propos est ambitieux et il est destiné aux enfants. C’est donc un tour d’horizon en un peu plus de cinquante objets que propose Elisabeth Dumont-Le Cornec, historienne et journaliste, déjà auteure dans la même collection de « Merveilles de France » ou de « Merveilles du monde ».

Du bel ouvrage

C’est la première chose qui frappe quand on a le livre en mains. On note une couverture attrayante et un très grand soin apporté aux photographies. Les photographies marient habilement vue générale et aspects de détails. Quelques flashs sont faits sur certaines œuvres qui ont droit à une double page supplémentaire.
Ces objets de musées du monde entier sont à prendre comme un immense patchwork de l’histoire de l’art, une introduction-découverte.
Les objets ne sont pas présentés seuls, mais accompagnés d’un titre. Celui-ci est soit purement descriptif  » La venus de Milo : une gracieuse géante », soit plus accrocheur comme  » des momies de chats vieilles de 3000 ans », soit interrogateur : « Cette venus est-elle enceinte ?
On navigue donc selon les lieux avec un fil chronologique progressif, sans que celui-ci ne constitue une trame clairement affirmée. Ce n’est d’ailleurs pas gênant. Les enfants, qui constituent le public visé, n’en éprouvent pas de difficulté. Pas de carte non plus pour repérer les lieux qu’il s’agisse soit des musées, soit des lieux d’où viennent les œuvres. L’auteure raconte souvent l’histoire de la découverte de l’objet et livre ensuite une explication un peu plus détaillée, ce qui permet une lecture à deux niveaux. On peut ainsi en rester aux quelques lignes introductives ou vouloir en savoir plus. Un petit glossaire complète l’ouvrage.

De la diversité de l’art

Un des points forts du livre est d’offrir un large panorama de l’art en évitant l’européanocentrisme. Ainsi, on trouvera Bouddha, mais aussi la Chupicuaro, devenue l’emblème du Musée du quai Branly. Cette statuette féminine de 31 centimètres est d’ailleurs particulièrement bien conservée. Dans cette ouverture sur le monde, on verra aussi l’extraordinaire masque mixtèque. Ce masque funéraire était placé sur le visage du mort pour l’aider à devenir un dieu dans le nouveau monde. L’auteure nous entraine également en Afrique avec les têtes royales du Bénin. On trouvera aussi de l’art polynésien. Les hasards sans doute de la pagination font voisiner une tête du dieu de la guerre de la mythologie hawaïenne avec un crâne de cristal.

Quelques grands incontournables

Les enfants auront plaisir à retrouver dès le début de l’ouvrage Toutankhamon, dont le trésor occupe quand même aujourd’hui un étage complet du musée du Caire. Le sarcophage pèse à lui seul une tonne et le masque d’or onze kilogrammes !
Le tireur d’épines des musées du Capitole est présenté et on apprendra que cette statuette se compose en réalité de plusieurs parties fondues séparément puis assemblées. Sur le David, que l’on pourra admirer à la galerie de l’Académie à Florence, le texte est particulièrement clair et complet dans les limites de caractères imposées.
On verra également « les petites danseuses » de Degas qui ne furent d’ailleurs pas très appréciées de leur temps. Quant au penseur de Rodin, il y en a eu vingt de réalisés par le sculpteur sur un quart de siècle.

Etonnement, émerveillement ou surprise

Selon la sensibilité de chacun, vous éprouverez peut-être l’un de ces sentiments en découvrant ou redécouvrant « la chèvre de Picasso », la « maman », légèrement terrifiante de Louise bourgeois, et « le rhinocrétaire » de François-Xavier Lalanne, à ne pas manquer.
Les masques yupik sont aussi d’un grand intérêt. Vous serez peut-être surpris par la datation de la fameuse louve capitoline. En effet, elle ne date pas de 400 avant Jésus-Christ comme on l’a longtemps cru, mais sans doute du XI ème siècle.
On sera séduit par la beauté du regard de la Vierge page 47. Cette statue, conservée aujourd’hui au musée des Augustins à Toulouse, exprime une « moue rêveuse » comme dit l’auteure, et se révèle au final assez fascinante et mystérieuse.

Voici donc un bel ouvrage à feuilleter au gré de ses envies. Il fait clairement la part belle à l’esthétisme. Même si les dimensions sont peu pratiques pour les enfants, il s’avère être un bel objet de découverte de l’art. Il offre un panorama où l’éclectisme des lieux et des époques pourra surprendre le spécialiste, mais enchantera l’enfant. Au passage, celui-ci repérera parfois des éléments vus en classe.

© Jean-Pierre Costille avec l’aide de Clara pour les Clionautes