Avant tout, poser le débat
Comme toujours, il faut rappeler quelques faits précis qui, parfois, vont à l’encontre des idées reçues. 2015 est, on le sait à l’échelle de l’Europe, une année record, mais cela est vrai aussi au niveau mondial avec plus de 250 millions de personnes qui ont quitté leur pays. Les migrants ne se rendent pas uniquement dans les pays développés, mais aussi dans les émergents et, actuellement, les migrations Sud-Sud sont plus importantes que les migrations Sud-Nord. On trouve un utile encadré sur la définition de migrants et réfugiés. On notera aussi pour nos cours une très intéressante double page de synthèse sur « France : une immigration de plus en plus européenne ». Certains documents sont parfois un peu techniques à manipuler avec des élèves comme celui qui à propos de l’âge à l’entrée en France des immigrés propose une approche par quartile.
Une question brûlante
Le premier article est extrait du rapport 2015 de l’OCDE et évoque donc l’année 2014. Il est très fourni, se déployant sur douze pages. Il est en outre accompagné de nombreux graphiques et données chiffrées. Certes, tous ces éléments demandent à être actualisés, surtout quand on sait l’exceptionnalité de l’année 2015. Cependant, tout ce qui est dit reste valable, et il s’agit davantage de constater aujourd’hui une augmentation des chiffres que des retournements de tendance par rapport aux phénomènes ici décrits. La revue offre un peu plus loin une double page très utile intitulée « Migrations internationales : 2015 année record » qui permet justement cette mise à jour.
Quantifier les migrations
Pour mesurer cet impact, il faut déjà rappeler que les Etats-Unis restent la principale destination avec un million de nouveaux résidents chaque année. Un grand tableau récapitule « les entrées permanentes dans quelques pays de l’OCDE entre 2007 et 2013 ». Un chiffre intéressant à retenir, c’est celui qui pose le rapport entre la population du pays d’accueil et les flux migratoires. On constate ainsi que les pays de l’OCDE ont reçu en moyenne 6 nouveaux migrants permanents par millier d’habitants en 2013, mais que la Suisse est à 17. Les titres des différents paragraphes sont très éclairants et permettent d’aller rapidement à l’information. Citons entre autres « Les pays de l’OCDE cherchent encore à attirer des travailleurs qualifiés » ou « Les migrations temporaires de travail ».
L’impact des migrations sur l’économie
Une fois ce cadre posé, le deuxième article se focalise sur « Les effets des migrations sur le marché du travail ». Cet article souligne deux caractéristiques importantes qui vont à l’encontre d’un certain nombre de propos parfois entendus. En effet, ce sont généralement les travailleurs les plus qualifiés qui migrent et non les plus pauvres. De même, l’immigration a plutôt tendance à réduire les différences salariales dans un pays. Il faut savoir également que « les transferts de fonds des migrants internationaux représentent plus de trois fois le montant de l’aide au développement et fournissent un soutien quotidien à des millions de ménages dans les pays en développement ».
Migrations et histoire récente
Poursuivant ce travail d’analyse et d’éclaircissement, un troisième article s’intitule « L’immigration : une chance pour l’économie » et est extrait de « l’Expansion ». Il fait dialoguer Hippolyte d’Albis, économiste, et Jean-Thomas Lesueur, historien. Une des questions permet de remettre en perspective les chiffres de l’année 2015 sur l’immigration. Hippolyte d’Albis rappelle que les rapatriés d’Algérie représentaient 800 000 personnes pour un seul pays ou que les migrants partis d’Union soviétique vers Israël dans les années 90 représentaient 20 % de la population totale du pays. Même avec un chiffre de 700 000 pour 2015, chiffre donné à l’époque par l’économiste, on arrive au fait que les migrants ne représentent que 0,13 % de la population européenne. Pour compléter cette approche actuelle, un quatrième article choisit de se centrer sur « Migrations : un équilibre difficile à trouver ». La rédaction propose un focus sur « L’Allemagne : un eldorado pour les immigrés ». L‘article rappelle aussi une autre évidence qu’on a parfois tendance à oublier : l’immigration sera sous peu « le seul facteur d’augmentation démographique dans l’union européenne ». Un cinquième article clôt le dossier en se demandant « quelle réponse apporter à la crise des réfugiés ? ». Il est extrait du journal « Les Echos » de septembre 2015 et il s’agit d’extraits d’un entretien avec François Héran, directeur de recherche à l’INED.
Economie numérique, finance islamique et mobilité géographique
La revue propose comme à son habitude un florilège d’autres articles sur des thématiques très variés : « Comment réguler l’économie numérique ? », « La finance islamique, gisement de croissance », « La mobilité géographique : un atout pour l’emploi ? ». Le deuxième article est le plus étonnant et les auteurs précisent que, derrière ce terme de « finance islamique », il faut comprendre qu’il s’agit d’appliquer des principes de la loi islamique au secteur bancaire. Concrètement, l’article distingue cinq grands principes dont l’interdiction de la spéculation. A propos du numérique, les auteurs insistent sur l’ampleur du défi et invite à distinguer des priorités.
Actualiser nos connaissances, donner à réfléchir et offrir des éclairages inattendus, tel est le cocktail une fois de plus réussi de ce numéro.
© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes