« Le Mississippi et le fleuve d’une seule nation, depuis deux siècles au moins : faire son portrait et donc d’une certaine manière faire celui des États-Unis » Christian Montès, Mississippi le cœur perdu des Etats-Unis, 2022, page 9.

C’est par ces mots que Christian Montès introduit l’étude du Mississippi qu’il publie aux éditions CNRS en fin d’année 2022. En géographe spécialiste du territoire nord-américain, que j’avais eu personnellement le plaisir de suivre sur les bancs de la faculté il y a près de 10 ans, Christian Montès se penche sur ce fleuve baigné de légendes et qui résonne au souvenir français. Mais loin de toute nostalgie ou « néocolonialisme académique » (page 14), Christian Montès se propose, au fil de l’eau, de revenir sur les multiples facettes du cours d’eau et des territoires le bordant, offrant un texte bien plus nuancé sur ce fleuve que d’aucun pourrait juger dépassé et devenu une « périphérie au centre géographique du pays »Ibid. page 10.

Un fleuve aménagé avant la colonisation

Le fleuve joue un rôle dès l’arrivée des humains sur le continent nord-américain. Les paléo-amérindiens s’installèrent le long des cours d’eau et la « culture Hopewell », implantée le long de l’Iowa, cède au huitième siècle de notre ère le pas à une culture dite mississippienne. Cette dernière perdura jusqu’aux années 1450. Les quelques traces encore visibles aujourd’hui sont l’objet d’étude soutenue de la part les scientifiques (site de Poverty Point en Louisiane). La culture mississippienne céda également la place au sud aux tribus dites « civilisées » : les Cherokee, Chicachas, Chactas, Seminoles et Muskogees.

Au nord du fleuve règnent les Ojibwé avec lesquels les Français eurent de forts liens compris patrimoniaux. Malgré tout les populations amérindiennes, sous l’impact de la colonisation des trahisons multiples des traités signés avec la puissance fédérale, ont très fortement diminué, pour connaître un net regain démographique dans la seconde moitié du XXe siècle. Ils forment aujourd’hui moins de 1 % de la population bordant le Mississippi, soit 250 000 personnes environ.

Paysages du Mississippi

Le Mississippi, aux apparences ennuyeuses, « crée largement ses propres paysages » (page 23). Son tracé est d’une grande complexité en traversant le pays du nord au sud, hésitant et formant de grandes et virage sur son cours. Fleuve de plaine, il conserve un paysage fluctuant au rythme des saisons, des territoires traversés : ils forment encore la wilderness si chère aux étasuniens.

Le fleuve prend sa source dans le lac Itasca, dans le Minnesota. Découverte par Henri Rowe Schoolcraft, marié une amérindienne Ojibwé, Jane Johnson, en 1832, le Mississippi débute paisiblement à partir d’un petit lac issu de la dernière glaciation. Ce dernier coule sur quelques centaines de kilomètres avant de rencontrer ses seules chutes renommées St Anthony Falls. Au bord de ces dernières fut fondé Minneapolis. Bordée de nombreux lacs, Minneapolis ouvre vers des terres variées, faites de collines basses ayant échappé aux glaciations, de plaines riches où la chasse aux bisons et aux antilopes ont connu leurs heures de gloire au 19e.

Ces terres ont bercé l’imaginaires étasunien par les écrits de Laura Ingalls qui naquit sur les rives du lac Pépin en 1867, et qui furent employés pendant de nombreuses années pour apprendre à lire à tous les enfants. Les terres qu’elle décrit, aux paysages changeants sous le vent, ont largement disparu depuis. Les terres ont subi le découpage des townships, formant des petits bourgs frappés par la métropolisation.

Le changement d’aspect du fleuve se fait à la confluence avec le boueux Missouri. La ville de Saint-Louis fut implantée non loin de la rencontre du deux cours d’eau. De cette confluence partie l’expédition Lewis et Clark vers le Pacifique. Le fleuve forme de très nombreux méandres en aval de la confluence. Les sols y sont très fertiles et forment l’American Bottom. Les affluents du Mississippi se succèdent alors : Arkansas, Yazoo River, ou encore St Francis River. Les crues y deviennent dévastatrices et violentes, poussant les habitants à s’en prévenir par l’érection de murs comme à Cape-Girardeau. Au sud se dresse Memphis et sur quelques centaines de kilomètres des plaines.

Le fleuve gagne alors les forêts de son delta. Mesurant 30 000 km², soit la superficie de la Belgique, le delta du Mississippi est mis que partiellement en valeur. Le delta été néanmoins largement percé de chenaux. C’est le royaume du bayou, des crues et des marais à la richesse écologique exceptionnelle.

 

Les villes du Mississippi, points de passage et de contrôle

Les villes sur le Mississippi ont constitué des points de passage sur le fleuve. Bénéficiant des flux de marchandises, elles ont souffert des violentes crues mais aussi des difficultés importantes à traverser le cours d’eau. Leur histoire se comprend dans l’avancée de la colonisation des États-Unis d’Amérique. La récente colonisation se ressent encore dans la hiérarchie urbaine actuelle, qui privilégie les ports atlantiques et les nœuds intérieurs comme Chicago. Au-delà de la candidature de Saint-Louis au poste de capitale nationale après la guerre de Sécession, qui fut un échec, le constat s’impose sur le déclassement des villes du Midwest et du Mississippi. Secondaires à l’échelle nationale et internationale, elles restent puissantes à l’échelle régionale.

Les cités n’ont pas attendu la colonisation européenne pour se développer. Sur la patrie centrale du fleuve existèrent de nombreux cités amérindiennes, à l’image de Cahokia qui compta jusqu’à 20 000 habitants et qui ne sera dépassée que par Philadelphie au XVIIIe siècle. Une grande part des cités du Mississippi furent fondées par des Français, telles la Nouvelle-Orléans ou encore Saint-Paul. À la suite de l’échec de la colonisation de la Louisiane par Law entre 1717 et 1720, la couronne de France reprit en main la colonisation de cet espace et se concentra essentiellement sur la création de comptoirs le long des eaux du fleuve pour y effectuer du commerce. N’ayant jamais été une colonie de peuplements, la Louisiane fut revendue aux États-Unis d’Amérique qui en firent la porte vers la ruée vers l’ouest et donnèrent aux cités sur le fleuve le statut de point de départ vers la frontier.

Le développement du chemin de fer néanmoins marqua le déclin des grandes villes portuaires employées pour la traversée en bateau à aube. Seules Saint-Paul, Saint-Louis et Memphis tirèrent leur épingle du jeu. Le poids de l’agriculture déclinant dans la richesse du pays au XXe siècle fini de marquer le déclin des villes du Mississippi. Les pôles urbains que sont New-York City, Chicago et Los Angeles ont pris le pas et le fleuve est sous l’influence de Chicago au nord et de Houston ou encore d’Atlanta au sud.

Christian Montès revient sur le « rapport ambivalent »Ibid. page 75 des capitales étatiques au fleuve qui marque la frontière de la plupart, ou qui les traverse pour le Minnesota et la Louisiane. Le fleuve a constitué une force pour obtenir, un temps, le statut de capitale comme Saint-Louis. Le fleuve offre le développement de twin cities avec Saint-Paul et Minneapolis qui ont une aire métropolitaine conjointe. Conçue par et pour le fleuve, la Nouvelle-Orléans a connu sa croissance maximale en termes d’influence (sixième ville du pays) jusqu’à l’arrivée du train qui frappa la navigation fluviale. La ville a connu un fort déclin, un temps arrêté par le boom des hydrocarbures. Aujourd’hui elle se situe au 48e rang pour son aire métropolitaine et est peu insérée dans la mondialisation et la nouvelle économie.

Tout comme Memphis qui a su néanmoins demeurer un nœud ferroviaire et aéroportuaire majeur avec les locaux de FedEx. Saint-Louis, deuxième grande ville du fleuve, est marquée aussi par une économie fortement industrielle, siège de grandes filiales comme McDonnell (rachetée par Boeing), Purina ou encore, jusqu’en 2018, Monsanto ! Si la ville dispose d’un secteur de haute technologie plus développé que la Nouvelle-Orléans ou Memphis, elle trône au sommet du classement des shrinking cities (la ville a perdu près de 66 % de sa population en 70 ans).

En dehors des grandes villes, les Etats du fleuve sont largement agricoles et peu denses. Ce faisant les villes rencontrées demeurent de dimensions modestes, suivant la théorie de Lösh sur les lieux centraux. Christian Montès rappelle que les villes du Mississippi sont aussi sujettes aux maux de la ville étasunienne. Ils sont issus de la ségrégation qui se conjugue à la pauvreté dans son héritage aujourd’hui. Les villes du Mississippi sont à forte concentration afro-américaine, avec de forts pourcentages de pauvreté. Le tout suit un gradient Nord-Sud : plus l’on descend le long du fleuve et plus le pourcentage d’afro-américains augmente :

  • 9,1 % de la population de Minneapolis
  • 12 % à St Louis
  • 45,8 % à Memphis.

La persistance de cette pauvreté se traduit dans la violence qui est très présente (Saint-Louis a le deuxième taux de criminalité du pays). Les problèmes de ségrégation touchent aussi le nord néanmoins avec le Minneapolis Paradox de Samuel Myers : malgré une politique progressiste, les inégalités sociales ne disparaissent pas dans la ville. Le taux de chômage est 2,5 fois plus élevée pour la communauté afro-américaine et les revenus 2,5 fois plus faibles. Les violences policières restent pregnantes (George Floyd était de Minneapolis).  Le constat urbain est le même en zone rurale, notamment dans le Mississippi delta qui voit les difficultés s’accumuler : James Cobb parlera en 1993 du Mississippi delta comme du « lieu le plus au sud du monde ».

 

Un fleuve mal dominé

Bien que moins impressionnants que dans l’Ouest, de nombreux aménagements et barrages ont été installés sur le cours du Mississippi. S’il ne dispose pas du débit le plus impressionnant avec 18 000 m³ d’eau à la seconde, le Mississippi bénéficie d’un immense bassin versant de 3,22 millions de kilomètres carrés soit le troisième bassin versant du monde. Si le fleuve connaît deux extrêmes dans son régime, à mars et en fin de l’été, il connaît de grandes variations et des crues dévastatrices tout au long de l’année, liées aux ouragans ou à la fonte des neiges. Les crues dévastatrices tendent à devenir de plus en plus courantes : 1927–1993–2019 avec un débit de 70 000 m³ d’eau à la seconde.

Large et peu profond, au fond changeant, le Mississippi est également dangereux à la navigation. À ceci s’ajoutent les ouragans (Katrina en 2005), tornades et tremblements de terre. Malgré les difficultés, le fleuve a été très tôt l’objet d’aménagements des colons : les levee tout d’abord, puis les travaux de l’USACE et le Clean Water Act de 1972.

Le fleuve fut rapidement harnaché de digues dans le but, manqué, de creuser son lit pour contenir les crues. Les rives furent illuminées au XIXe siècle, les grands travaux bénéficiant au transport de la Nouvelle-Orléans. Puis les levee cédèrent le pas aux barrages dans la partie centrale et septentrionale du fleuve. Les plus grands travaux eurent lieu dans les années 1930. Le fleuve compte 29 barrages aujourd’hui et ses affluents 703 en tout.

Malgré l’absence de conflits géopolitiques autour de son contrôle, le Mississippi est frappé par des conflits culturels (certaines zones Ojibwés ont été noyées par la création des barrages) écologiques et d’usage. L’absence de gestion intégrée renforce ces derniers. De surcroît la situation écologique du fleuve est fragile : la pollution thermique du bassin versant s’accroît, la sédimentation également, la vétusté des infrastructures délaissées depuis le New Deal devient de plus en plus prégnante.

La gestion du fleuve renforce également les inégalités raciales à l’œuvre dans le pays. Les épisodes de crues ont mis en lumière, de manière indéniable, les inégalités et les catastrophes frappant davantage les afro-américains. Katrina est la plus emblématique de ces catastrophes et a été étudiée par Julie Hernández et Roman Huech : « la catastrophe ne fut pas raciste […] mais son traitement le fut »Ibid. page 133. Les effets de l’ouragan ont d’autant été renforcés que les aménagements menés dans le delta depuis plus d’un siècle ont considérablement fragilisé la ville de la Nouvelle Orléans qui aujourd’hui est aux 4/5 sous le fleuve. À ceci s’ajoute le recul du delta lui-même avec la salinisation des sols. Il a perdu un quart de sa masse entre 1930 et 2010. Malgré tous les pouvoirs publics continuent les politiques d’endiguement qui ont conduit à la situation actuelle.

Un autre danger évoqué par Christian Montès : l’exploitation des hydrocarbures avec sa pollution inhérente et les catastrophes qui peuvent advenir (Deepwater Horizon en 2010). Devant ce constat désolant du technicisme et de la doctrine de l’endiguement, Monsieur Montès appelle à l’espoir. Des groupes de pressions de plus en plus nombreux et divers, constitué d’élus et d’amérindiens notamment, appel à des évolutions notables des politiques menées sur les bords du fleuve.

 

Une économie en recherche de renouveau

Si on présentait le fleuve et son bassin comme le centre du pays « The Body of the Nation » en 1863 pour Harper’s Magasine, force est de constater qu’il ne fut pas le cœur économique et humain du pays. L’industrie supplante l’agriculture à la moitié du XIXe siècle et aujourd’hui le bassin du fleuve concentre 80 millions de personnes. Les comtés liés au fleuve ont ainsi un PIB cumulé équivalent à la seule Philadelphie.

Le Mississippi fut une voie de pénétration pour la découverte et le contrôle du territoire, comme dit auparavant. Mais les espoirs énergétiques ont cédé la place au rôle majeur pour le transport en raison de sa faible pente et l’absence de chutes en dehors de Minneapolis. Les barrages du fleuve ont été conçus pour le contrôle des crues. Les sources énergétiques de l’espace mississippien proviennent essentiellement du nucléaire et des centrales thermiques.

Si le transport fluvial avait fortement diminué avec le rail au milieu du XIXe siècle, ce dernier a connu une renaissance depuis la seconde guerre mondiale. Bien plus écologique, il représente 10 % des marchandises du pays. Le bassin du fleuve est à forte dominance agricole : la moitié des terres agricoles du pays s’y trouve. Si le poids économique dans les exportations du fleuve est très relatif, Christian Montès rappelle combien ce dernier s’inscrit dans un imaginaire étasunien qui remontent à la démocratie jeffersonienne basée sur des propriétaires agricoles. La région du Mississippi devint ainsi riche et largement exploitée, appelé par Joël Garreau le breadbasket Ibids. page 161. L’agriculture familiale a cédé la place à la grande culture, de grands groupes agroalimentaires y sont d’ailleurs toujours implantés : Cargill et General Mills sont ainsi situés à Minneapolis et à Saint-Paul.

Le delta d’intérieur du fleuve, bien que disposant de terres parmi les plus fertiles au monde, connaît une forte dépression liée à la conjonction de caractéristiques économiques sociales et politiques. L’économie est encore fortement agricole : canne à sucre–pêche–pisciculture. Même si la concurrence est rude avec l’international (deux tiers du catfish aujourd’hui consommées dans le pays est importé). Les hydrocarbures y sont également importants : la Louisiane produit 6% du gaz du paysIbid. page 167. Le tourisme tient un rôle important pour le fleuve, tourisme naturel au nord est plutôt culturel sur le sud.

Le tourisme nature est d’ailleurs ancien et remonte au XIXe siècle. Le parc d’Itasca reçoit ainsi 500 000 visiteurs par an. Ce tourisme se retrouve aussi dans le sud autour du bayou ou de la Louisiane où viennent jusqu’à 1 million de visiteurs par an. Existe aussi un tourisme fluvial mais qui reste très anecdotique comparé à d’autres fleuves dans le monde (Danube ou encore Rhin).

Le tourisme urbain existe aussi mais à moindre échelle : aucune ville du fleuve ne figure dans le top 10 des espaces visités dans le pays. À chaque ville sa spécificité et le site qui attire les visiteurs : la Gateway Arch à Saint-Louis, Graceland à Memphis, le Somali Museum à Minneapolis etc. Mais la ville la plus touristique demeure la Nouvelle. Le point d’orgue de l’année est le Mardi Gras. Depuis 1970 le New Orleans jazz and Heritage Festival attire 500 000 visiteurs par an.  Le quartier français, les cimetières et les plantations (Oak Alley) finissent d’attirer les touristes à Big Easy.

 

Un très riche patrimoine culturel

Le Mississippi sur le plan culturel, révèle toute la complicité du pays. Largement blanc physiquement, il est bien moins sur le plan culturel. Le Mississippi ne constitue pas une frontière entre région culturelle. Même si l’espace du fleuve peut apparaître comme unis selon certaines focales, politiques (Heartland conservateur du pays) ou religieuses (Bible Belt) par exemple, il est davantage « une mosaïque de races et d’ethnies (terme politique et non biologique) qui n’a jamais réussi à réaliser le melting-pot »Ibid. page 187.

De fait les Mississippi se superposent et se croisent pour former des syncrétismes. Bien souvent on découpe le fleuve selon la logique Nord, blanc et moins connu, et Sud, noir est bien plus touristique. Le sud est plus connu car se confondant avec l’imaginaire véhiculé par le pays dans le monde. Ces différences nord-sud transparaissent aux fourneaux. La cuisine méridionale est davantage connue et appréciée que celle au nord de Saint-Louis. La cuisine européenne domine alors quant au sud elle est davantage le fruit de mariages et associations de traditions diverses : française–espagnole–africaine–créole et amérindienne.

 

Une des oeuvres de Clémentine Hunter : Washday

 

Longtemps la représentation culturelle du fleuve fut héritière de la colonisation et des projections européennes sur cet espace (peinture d’Auduban). Le tournant du XXe siècle permet de faire percevoir la diversité et les malheurs du fleuve, les écrits de Faulkner en témoignent. La ségrégation est au cœur de ces récits et cette dénonciation se retrouve en peinture également (Clémentine Hunter) et chez les auteurs afro-américains (Richard White et son Black Boy largement autobiographique paru en 1945). La musique demeure l’art le plus représentatif des tensions dans l’espace du Mississippi : le jazz le blues et le rock and roll y naissent.

 

 

Pleinement inséré dans le tourisme et la modélisation, le delta est l’objet d’une vaste patrimonialisation teintée de folklore pour maintenir les clichés touristiquesCitons le Southern Gothic qui se retrouve en littérature avec Anne Rice récemment. L’exotisme fabriqué est particulièrement prégnant la Nouvelle-Orléans : le french quarter est une reconstruction espagnole ! La ville cède la place aux pays cadien, vu comme « Le Sud dans le Sud »C. Montès, Mississippi le coeur perdu des Etats-Unis, 2022, page 209qui tente de survivre culturellement en préservant le français (seuls 150 000 du locuteur demeurent en 2015).

Le nord du Mississippi, encore largement blanc est marqué par la colonisation scandinave (Les Olson voisin des Ingalls étaient scandinaves) et est le lieu de la renaissance amérindienne des années 70 notamment sur les terres Ojibwés. Cette renaissance a donné lieu à la création de l’American Indian Mouvement en 1968 et à la résurgence culturelle (pow-wow notamment).

Ainsi le Mississippi demeure le foyer de cultures vivaces qui s’entrecroisent et se nourrissent à nombreuses échelles. Cœur perdu économiquement et démographiquement il reste vivant et puissant sur le plan culturel.

 

Christian Montès offre aux lecteurs un livre d’une assez rare richesse. Appelant à la découverte ou redécouverte des espaces mississippiens, ce livre rappelle combien le coeur de la discipline géographique demeure la connaissance intime des espaces et des populations qui les ont transformé. A ce titre l’ouvrage de Monsieur Montès est un magnifique appel à la découverte de ce « coeur perdu ». 

 

Christian Montès est venu présenter ses travaux le 8 décembre 2022 sur France Culture