Moi, Mikko et Annikki n’est pas une sortie récente mais une très belle découverte.
L’auteure finlandaise Tiitu Takalo est enseignante, illustratrice et « féministe revendiquée » précise la quatrième de couverture.
Dans son roman graphique, largement autobiographique, elle évoque le combat de militants et d’habitants pour la préservation de l’îlot urbain d’Annikki dans la ville de Tampere en Finlande dont la particularité est d’être constitué de maisons en bois du début du XXe siècle.
Tampere a longtemps été le fleuron industriel du pays, sa population augmentant avec l’industrialisation rapide de la ville. L’habitat ouvrier qui se développe alors laisse une large part aux maisons en bois massif et briques formant des îlots fermés avec, au centre, toilettes sèches, saunas, celliers, buanderies et écuries. Après les intenses ravages de la guerre civile de 1918, des cités-jardins font leur apparition mais la ville et ses constructions seront une nouvelle fois mises à mal par les bombardements de 1939. La bétonisation triomphante des années qui suivront achèvera nombre de bâtiments, sans aucun souci de la conservation patrimoniale. Les maisons de la rue d’Annikki font ainsi figure de rescapés et un long bras de fer entre la municipalité et les résidants désireux de le sauvegarder s’engagent à partir des années 90.
L’histoire contée par Tiitu Takalo est aussi un vibrant plaidoyer pour un mode de vie où le consumérisme à tous crins est rejeté, avec des citoyens qui décident de s’organiser pour obtenir la maîtrise de leur mode de vie et leur propre gestion d’un quartier auquel ils sont profondément attachés.
Les planches réalisées sont d’une très grande qualité et l’ouvrage, d’une belle intelligence, se lit autant comme une enquête historique que comme un récit personnel sur le sens d’un engagement et d’une démarche artistique.
Grégoire Masson

Présentation sur le site de l’éditeur