Des années 20 aux années 70, les inégalités de revenus ont diminué dans les pays développés avant de repartir à la hausse. Dès lors, quel rôle assigner à la mondialisation dans ce processus ?

« Problèmes économiques » propose d’aborder cette question avec cinq articles ainsi qu’un même nombre d’éclairages sous forme d’encarts. Parmi les contributeurs, Thomas Piketty auteur en 2013 du best-seller économique « Le capital au XXI ème siècle ».

Mondialisation et histoire

Le premier article est son œuvre et permet logiquement de situer le processus de mondialisation et d’inégalités sur un temps long. Cette contribution reprend des arguments développés dans son livre. Les inégalités sont plus importantes aujourd’hui aux Etats Unis qu’en Europe, alors que c’était l’inverse il y a un siècle. Il revient notamment sur le rapport patrimoine/revenu et capital/revenu. Il y a, comme dans son ouvrage, quelques passages techniques. Au total, il faut retenir que les « inégalités ne relèvent pas d’un processus déterministe ». Ce constat établi, un extrait d’un rapport de l’OCDE s’intéresse à la question : « Pourquoi les inégalités nuisent à la croissance ». Face à ce phénomène, les pays en développement sont encore plus touchés, car, au contraire des pays de l’OCDE, il n’y a pas de politique organisée de redistribution.

Mondialisation et inégalités

Un troisième article du dossier envisage ensuite la question de la mesure des inégalités. Avoir de bons indicateurs permet d’être plus précis sur ce phénomène. Un encart très complet est consacré aux travailleurs pauvres. Le tour d’horizon se poursuit avec une approche sur les inégalités en Amérique latine. Un dernier article s’interroge sur « Comment réduire les inégalités ? ». Relevons un intéressant tableau sur les inégalités de revenus, avant et après impôts, à travers quelques exemples de pays de l’OCDE. Ainsi, l’indice de Gini de l’Allemagne est de 50,1 avant impôt et 28,9 après impôt ! Selon les pays, la variation avant-après peut aller de 12 points aux Etats-Unis, à 21 points en Allemagne ou en France.

BRICS et inégalités

Parmi ce dossier très complet, signalons surtout une double page incontournable pour actualiser nos cours, consacrée aux pays émergents. Elle fait le point sur les BRICS face aux inégalités. Au Brésil, on assiste à un recul de l’extrême pauvreté, mais avec des écarts qui demeurent. En revanche, il y a un creusement des écarts avec les plus riches en Russie, tandis que l’Afrique du Sud n’en a pas fini avec les inégalités. L’Inde, quant à elle, est inégalitaire en terme géographique avec « d’un côté des zones rurales pauvres et, de l’autre, des villes et régions qui concentrent les richesses du pays ». La double page propose aussi un tableau avec le nombre de milliardaires dans les pays émergents, où l’on s’aperçoit qu’ils sont 29 en Afrique du Sud et 596 en Chine.

Opéra, Pape et Brexit

Comme de coutume, la deuxième partie propose un patchwork d’articles. Le premier pose la question du service public que représente l’Opéra de Paris. Peut-on évaluer un service culturel et comment ? Le public concerné par les spectacles ne représente que 4 % des Français, et il est donc indispensable que l’Opéra fasse un effort d’ouverture. Ensuite, « Informations et commentaires » propose une contribution sur « le Pape François et l’économie ». Enfin, et le sujet va prendre de l’importance dans les semaines à venir, une réflexion sur le Brexit et ses conséquences. L’article retrace l’histoire des liens entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. La contribution britannique reste la deuxième la plus importante de l’Union. L’article envisage aussi les conséquences possibles d’un Brexit sur un certain nombre de pays. Les impacts sont évidemment variés. Précisons tout de même que l’article date de septembre 2015.

Le professeur pourra, par exemple, utilement s’appuyer sur ce numéro pour actualiser ses informations notamment sur le rapport entre pays émergents et inégalités. A chacun ensuite de naviguer selon ses envies entre le pape François et le Brexit.

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.