Ce coffret réalise la prouesse de raconter les grandes étapes de la vie de Napoléon en trois fois 45 planches (135 au total) : le tome 1 de l’enfance de Napoléon à la fin de la campagne d’Égypte ; le tome 2 du coup d’État du 18-Brumaire (1799) au mariage de Napoléon avec Marie-Louise (1809) ; le tome 3 de la naissance du fils de Napoléon (1811) jusqu’à son exil définitif sur l’île de Sainte-Hélène.
Port de Toulon, décembre 1793
La ville est aux mains des Anglais. Le capitaine Bonaparte attend que le plan qu’il vient de proposer à l’état-major soit accepté. Le lecteur se trouve ainsi plongé à la veille de l’attaque qui doit libérer le port et à l’aube d’une destinée exceptionnelle. Ainsi débute le premier volume de l’épopée napoléonienne.
Il faut néanmoins convenir qu’une bonne connaissance préalable de l’histoire de Napoléon Bonaparte est nécessaire pour apprécier au mieux toutes les finesses de ces trois bandes dessinées.
Le point fort de cette trilogie réside dans la place faite à l’entourage de Napoléon Bonaparte et aux luttes politiques qui existent dans l’ombre de l’empereur. Les portraits soignés des personnages les rendent facilement reconnaissables. Parmi eux, on pense notamment au rôle joué par Bernadotte — le général républicain, grand rival de Bonaparte et qui deviendra par la suite roi de Suède — et par Murat, qui sera tiraillé durant les heures les plus graves de l’Empire entre sa fidélité à l’Empereur et la volonté de sauver son royaume de Naples. On pense également et tout particulièrement à Fouché et à Talleyrand, qui sont présents constamment dans les tomes 2 et 3. Talleyrand, le talentueux animateur d’une diplomate secrète auprès des chancelleries des principales monarchies d’Europe et incarne une vision politique supranationale pour une Europe en paix. Fouché — «l’un des hommes les plus puissants de son époque» d’après les mots de Stefan Zweig —, le fourbe et retors ministre de la Police aux nombreux espions et «relations» tient sa place dans l’ombre. Sa rivalité latente avec Talleyrand est bien dépeinte dans les bandes dessinées, rivalité qui s’efface lorsqu’il s’agit de s’unir pour mettre un Barras sur la touche (novembre 1799). Enfin, son habilité politique lui permet de sortir de la période 1814-1815 en se montrant essentiel à Bonaparte et à Louis XVIII tout en évitant d’être atteint par la critique de chacun des deux camps.
Il va sans dire que ces trois bandes dessinées ont amplement leur place sur les étagères d’un CDI et qu’elles permettront de satisfaire la curiosité de l’élève de Quatrième et de Seconde et d’appréhender cette période vue en cours de manière plus ludique. D’autant plus qu’à la fin de chaque album, quelques pages signées Jean Tulard reprennent ce qui vient d’être vu dans la bande dessinée et qu’un «making of» explique le travail historique accompli en amont de la réalisation de la bande dessinée.
Benoît Lannoye, pour les Clionautes®