Emiliano Mammucari est né à Velletri (province de Rome) le 15 Avril 1975. Illustrateur réaliste, actif à partir de 1998, il commence sa carrière avec le roman graphique Povero Pinocchio, publié par Montegoet collabore à de nombreuses séries à succès. Plus tard, entre autres, il créé le premier numéro de John Doe (Eura éditoriale). Il réalise toutes les couvertures de la mini-série Caravan (2009), compilées dans un ouvrage publié en 2010. Mammucari illustre également les premiers épisodes des séries Napoléon et Jan Dix publiés chez Sergio Bonelli Editore en Italie. En octobre 2013 arrive en kiosque la série Orfani (Les Orphelins), qu’il cocrée avec Roberto Recchioni pour Sergio Bonelli Editore et qui est traduite en français.

Cette fois Emiliano Mammucari cosigne avec Matteo le premier tome de Nero, publié en Italie en 2021 et traduit chez Dupuis par Catherine Tron-Mulder en ce début d’année 2023. Ils sont assistés d’Alessio Avallone pour l’acte 2.

Un préambule revient sur les intentions de l’auteur afin de dissiper tout malentendu. S’appuyant ouvertement sur l’Histoire dans laquelle il inscrit son histoire, « NERO ne parle pas de religion, de guerre ou de cultures opposées. NERO parle de démons ».

Le premier tome de cette saga est découpé en deux actes. Le premier acte est intitulé « sacrifice » et s’ouvre sur un sacrifice au fond d’une grotte mystérieuse, au terme duquel Nero tue son père. Le jeune garçon reste marqué par une cicatrice au front et le traumatisme de cet événement où tous les protagonistes ont été tués sauf lui. Nous retrouvons le survivant de cette cérémonie sanglante en Syrie, en l’an 551 de l’hégire. Devenu un farouche combattant arabe redouté par les deux camps, Nero livre des combats sans pitié contre les Francs. Il est cependant sauvé in extremis de la mort par un mystérieux croisé. Ce dernier, visiblement fin connaisseur de l’histoire tragique de Nero, recherche la grotte dans le but peu avouable de libérer le djinn du feu, Iblis, susceptible de réaliser tous les voeux, à qui Nero était destiné. Le second acte de ce tome « obscurci est le soleil, ternes sont les étoiles », regroupe les protagonistes réfugiés dans la citadelle de Tell Bashir qui s’apprête à être assiégée par les Croisés. Les tensions montent, en particulier avec son oncle, le Cadi (prêt à tout pour reprendre la citadelle aux croisés) et Nizarite, redoutable guerrière qui cherche à régler ses comptes avec Nero.

La réalisation graphique, inspirée par les comics, se démarque par son découpage cinématographique et l’énergie scénaristique émanant du découpage et du mélange opéré entre l’histoire, et le fantastique. Le travail et l’opposition des couleurs chaudes et des couleurs froides selon les mises en situation démontrent la maîtrise des auteurs dans la mise en scène et cette histoire où les intentions des uns et des autres restent encore très mystérieuses. Vivement le tome 2 !