La relation de Cacazzi est le récit de la vie et surtout de la conversion « miraculeuse » de la reine Njinga. On découvre au fil des pages les intrigues et disputes avec le roi son frère, ses manœuvres pour éliminer tous ses adversaires et asseoir son pouvoir. C’est aussi l’occasion de voir les relations avec les Portugais installé sur la côte de l’actuel Angola dans la seconde moitié du XVIIe siècle, l’importance de ces relations dans la conversion des chefs locaux et les missions des divers ordres religieux dont le contexte est explicité dans la préface.

Les faits retracés par l’auteur couvrent l’histoire du royaume de Ndongo depuis le début du XVIIe siècle, la biographie de la reine Njinga, le récit des missions de christianisation.

Cavazzi décrit, non sans préjugés et crédulité, une société brutale où, selon lui, le cannibalisme était pratique courante. Plus intéressantes sont les descriptions des pratiques rituelles, accompagnées de gravures. La musique était présente à de nombreuses occasions. Les informations sur la société sont corroborées par les travaux récents des historiens : description des guerriers jagas (p166-167), de la construction d’une nouvelle ville, le palais, le système défensif (p . 193 et suiv.), habitudes funéraires (p. 213), les cérémonies de la cour, la structuration de la société (p. 248…). Le récit nous renseigne aussi sur la spiritualité du temps et ses manifestations.

La précieuse préface de Linda Heywood et John Thornton qui présente à la fois l’auteur, sa formation, ses missions en Angola et le contexte historique est utile à la compréhension du document comme les annexes, cartes et chronologie ainsi que les abondantes notes.

Pour compléter et permettre aussi une mise à distance du témoignage de Cavazzi, un autre document est proposé au lecteur : le témoignage de Barthélémy de Massiac, un gentilhomme français, extrait des Mémoires de la relation du voyage de M. de Massiac à Angola et Buenos Aires recueillies par un anonyme (p. 323-376) ainsi qu’une lettre de la reine Njinga, datée de 1665, adressée au gouverneur portugais.

Les dessins en couleurs qui accompagnent le manuscrit de Cavazzi et reproduits en début d’ouvrage sont, on peut le regretter, en petites dimensions.

Un document intéressant car rare sur l’histoire africaine.