Denis Cristol, directeur de l’ingénieurie et des dispositifs de formation du CNFPT, a précédemment publié « Dictionnaire de la formation : apprendre à l’ère du numérique ». Dans ce nouvel ouvrage, il prend acte de la transformation numérique à l’oeuvre dans l’enseignement et invite le lecteur à un tour d’horizon des possibles, le tout accompagné de recommandations pratiques.
Un panorama pour y voir plus clair
Dans l’introduction, Denis Cristol précise les enjeux de son livre en expliquant ce qu’apporte le numérique à l’éducation. Cet ouvrage, comme il le dit lui même, « vise à partager une veille sur les multiples usages du numérique dans le contexte de l’éducation et de la formation. Il s’adresse aux enseignants, professeurs formateurs. Il identifie plus de deux-cent-cinquante usages et conseille les meilleurs logiciels ». Autant dire qu’on bénéficie ici d’un panorama très complet. Des encarts « En bref » permettent de faire des points réguliers. L’ouvrage est structuré en treize chapitres et propose, en outre, une très intéressante « boite à outils » de la pédagogie numérique organisée autour de verbes ouvrant sur 242 logiciels. Certes, dans le domaine les choses évoluent vite, mais en même temps il est indispensable de disposer de ce listing très pratique.
Les enjeux du numérique éducatif
Dans un premier temps, Denis Cristol développe les enjeux du numérique à l’école et rappelle qu’Eduscol précise les cinq objectifs qui peuvent amener l’enseignant à utiliser des pédagogies numériques comme l’échange, la mise à disposition de ressources ou encore la publication de travaux d’élèves. L’auteur revient ensuite sur les grandes tendances éducatives en s’appuyant sur le « Horizon Report 2017 Higher Education Edition » qui pointe six tendances parmi lesquelles la place centrale de l’apprentissage collaboratif. Le chapitre 2 s’interroge pour savoir « si le numérique obligeait à sortir de la routine du cours ? ». L’auteur présente quelques outils utilisables en classe comme Votar, Plickers ou Askabox. Il a le souci de fournir de nombreux exemples à l’appui. Il explore aussi la piste des jeux en s’appuyant notamment sur la veille réalisée par le site Thot Cursus. Il développe ensuite le cas des capsules d’apprentissage et évoque des dispositifs comme « Ma thèse en 180 secondes » qui peuvent connaitre de multiples déclinaisons. Denis Cristol explique ensuite les avantages du micro apprentissage. On apprécie également les liens fournis sous forme de qr code pour s’approprier rapidement les bénéfices des travaux de John Hattie.
Réalité, robot, téléphone et réseaux sociaux
De façon un peu arbitraire, on peut regrouper les chapitres 5 à 8 qui évoquent de multiples usages à travers des outils comme le téléphone. Il faut souligner la variété des approches proposées comme lorsqu’il évoque la réalité augmentée et la réalité virtuelle. Il propose en exemple le travail réalisé dans une école en classe de cours moyen et qui consistait à créer une carte en réalité augmentée pour appréhender la Constitution. Dans le chapitre 6, « Robotique éducative et l’intelligence artificielle », Denis Cristol livre un point très utile sur ce qu’est l’intelligence artificielle et évoque des outils comme Lalilo qui est un outil d’aide à l’apprentissage de la lecture basé sur le principe de l’apprentissage adaptatif. Le chapitre 7 empoigne une question sensible, celle des téléphones portables avec un titre très clair « Les téléphones portables pour apprendre partout ». Sans en cacher les problèmes comme la distraction qu’ils peuvent susciter, l’auteur insiste néanmoins sur les bénéfices pédagogiques possibles. On ne pouvait pas plus interdire avant à un enfant de s’évader en regardant par la fenêtre ; donc utiliser son portable en classe revient à la même chose, simplement de façon plus visible. Denis Cristol liste quelques éléments sur ce que le téléphone portable peut permettre d’apprendre et comment et il passe en revue quelques outils utilisables avec comme Wooclap. Fort logiquement le chapitre suivant s’intéresse aux réseaux sociaux et aux communautés d’apprentissage. Il développe l’idée des blogs, donne là aussi des exemples concrets ainsi que des liens pour la partie technique de l’affaire. Il évoque notamment l’idée de l’écriture collaborative.
Vidéo, hackaton et mooc
On trouve là encore de nombreux conseils et outils par exemple pour réaliser des vidéos pro avec un simple smartphone. Denis Cristol aborde aussi la question de la classe inversée puisque la vidéo en constitue un élément important. Celui qui voudra aller plus loin pourra se lancer dans les hackatons dans lesquels l’auteur voit un moyen pour imaginer le futur pédagogique. Il détaille les étapes et les bénéfices possibles d’un tel dispositif. A propos des Mooc, il en définit les différentes formes entre des transmissifs descendants et des connectivistes. Cette dernière modalité mise sur le co-apprentissage. Les Mooc changent et l’auteur pointe plusieurs modalités susceptibles de faire le succès d’un tel dispositif, c’est-à-dire l’engagement des participants. Pour cela il faut, entre autres, un apprentissage par projet, un journal de bord individuel ou encore des phases d’écriture collaborative.
Espaces et apprendre
Les deux derniers chapitres abordent des thématiques qui, à leur façon, insistent sur le décloisonnement du savoir induit par le numérique. C’est un peu la suite de la réflexion autour des Mooc à savoir pourquoi se réunir tous à la même heure au même endroit pour apprendre la même chose ? L’auteur invite à décloisonner l’accès au savoir de multiples façons plus ou moins réalisables immédiatement. Il propose de repenser la pédagogie en allant vers des cours transdisciplinaires ou encore avec des fab-lab itinérants. Le dernier chapitre revient sur un point très important : « Comment évaluer à l’ère du numérique ? » L’auteur plaide pour une évaluation par les pairs.
L’ouvrage de Denis Cristol remplit donc parfaitement la mission qu’il s’était assignée, à savoir proposer un tour d’horizon de ce qui est possible avec le numérique dans le cadre scolaire. S’appuyant sur des exemples et sur des dispositifs plus ou moins étoffés, il peut permettre à chaque enseignant de trouver des pistes, des idées pour faire autrement et surtout pour oser comme nous y invite l’auteur.
Pour en découvrir quelques pages, c’est ici.
© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes