« Population & Avenir, revue indépendante alliant rigueur et pédagogie, vous présente une analyse originale des enjeux actuels. Vous y trouverez une source d’informations, de réflexions et d’argumentaires amplement illustrés par des cartes, des graphiques, des tableaux, des schémas… »

EDITORIAL par Gérard-François DUMONT
REGIONS URBAINES, REGIONS RURALES
« Pourquoi ne pas considérer que les communes de moins de 10 000 habitants sont plutôt d’une nature à dominante rurale et celles de 10 000 habitants ou plus plutôt de nature urbaine ? » Selon ce critère, la France métropolitaine serait mi-urbaine, mi-rurale. Cette limite permet d’établir une typologie des régions urbaines et rurales en France métropolitaine : 2 régions très urbaines (Ile-de-France et PACA), 3 régions plutôt urbaines (Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais et Alsace), 8 régions à dominante rurale, 10 régions à dominante très rurale (76,% des habitants de la Basse-Normandie seraient ruraux). On voit bien que la « France des marges » est loin d’âtre marginale.

DOSSIER par Julien DAMON
PEUPLEMENT, MIGRATIONS, URBANISATION : OU VA LA POPULATION MONDIALE ?
Les contrastes dans la répartition géographique de la population dans le monde sont et seront toujours aussi importantes . La population mondiale a passé la barre des 7 milliards et pourrait atteindre près de 10 milliards de personnes en 2050. Cette dernière projection est plus élevée que celle des 9 milliards d’habitants évoquée il y a une dizaine d’années mais l’espérance de vie augmenterait plus rapidement que prévu et la diminution de la fécondité serait plus faible. L’Asie restera le continent le plus peuplé avec près de la moitié des habitants. L’Europe verra certainement sa population baisser d’ici 2050 (surtout en Russie et en Ukraine). Par contre l’Afrique sera le continent le plus dynamique, démographiquement parlant. Sa population pourrait doubler d’ici 2050, représentant un quart des habitants de la planète.
Tous les pays seront affectés par le vieillissement de la population mais la répartition de la jeunesse sera très contrastée. D’ici 2050, près de 2 milliards de bébés pourraient naître en Afrique.
Les migrants représentent aujourd’hui une faible part de la population mondiale : environ 3%. Mais leur nombre progresse de façon régulière. En 2013, l’Europe et l’Asie sont les deux continents qui rassemblent le plus d’immigrants internationaux. Mais il est important de noter que les immigrants originaires du Sud qui habitent dans le Nord ne représentent qu’un tiers de l’ensemble des migrants internationaux. Un nombre équivalent de migrations se fait entre des pays du Sud. Parmi les immigrants internationaux, 7% seulement sont des réfugiés.
La population mondiale est aussi de plus en plus urbaine. 66% de la population sera urbaine en 2050, soit une augmentation de 2,5 milliards d’urbains. Cette croissance concernera surtout l’Asie et l’Afrique et profitera aux mégapoles de plus de 10 millions d’habitants. On en comptait 3 en 1970, elle seront près de 40 en 2030. La principale conséquence sera le développement des bidonvilles. 2 milliards de personnes pourraient vivre dans des bidonvilles en 2050. On peut parler d’une « bidonvillisation » du monde. Deux thèses s’affrontent à ce sujet : certains pensent que les bidonvilles participent d’un processus d’amélioration des conditions de vie car la ville permet l’accès à de nombreuses infrastructures et d’autres y voient la dégradation des conditions de vie et une augmentation de l’insécurité. « Les bidonvilles sont-ils, dans les pays en développement, des sas vers des vies meilleures ou des nasses dans lesquelles sont piégés les habitants ? »

DOCUMENT PEDAGOGIQUE (libre de droits) :
LA GEOGRAPHIE DES POPULATIONS DANS LE MONDE

EXERCICE PEDAGOGIQUE par Alexandre DUCHESNE
MUMBAI : MODERNITE, INEGALITES
Cette proposition s’insère dans le thème du programme de Terminale de Géographie : les « dynamiques géographiques de grandes aires continentales ». L’étude de cas de la ville indienne de MUMBAI permet ici de débuter l’étude de l’Asie en environ 3 heures.
Dans un premier temps, la moitié des élèves travaille en binôme sur un croquis de Mumbai et sa légende et doit rédiger une composition. L’autre moitié doit lire un texte, toujours en binôme, et doit réaliser un croquis de Mumbai et sa légende. Dans une deuxième partie, un bilan sous forme de tableau est réalisé pour repérer les avantages et les inconvénients du langage cartographique et du langage écrit. L’objectif est de montrer que le croquis et la composition sont le produit d’une réflexion et sont des outils au service de l’argumentation. Seul le langage diffère.

LE POINT SUR…par Matias GHILARDI et Julieta DALLA TORRE
LES NOUVELLES LOGIQUES MIGRATOIRES EN AMERIQUE DU SUD
Les processus migratoires en Amérique du Sud connaissent d’importants changements. De « nouvelles logiques migratoires » apparaissent nettement dans les statistiques (1 graphique) et sur les (2) cartes. Jusqu’aux années 1950, les pays sud-américains sont des pays d’immigration, essentiellement européenne. Puis, les pays d’Amérique du Sud deviennent des pays d’émigration, surtout vers les Etats-Unis, le Canada et l’Espagne. Depuis le début des années 2000, les flux migratoires intra-régionaux sont en augmentation continue. On peut l’expliquer par la création de l’UNASUR (Union des Nations Sud-Américaines) en 2008 dont un des principaux objectifs est « la coopération en matière de migration ». Les migrations sont ainsi facilitées par ce processus politique. On constate alors une baisse du nombre d’émigrants sud-américains vers l’Amérique du Nord (-16%) et la forte hausse vers les pays de l’UNASUR (34%). La volonté de créer une citoyenneté sud-américaine aura certainement pour effet de dynamiser encore davantage les migrations entre les différents pays membres de l’UNASUR.

ANALYSE par Bernard FARINELLI
TERRITOIRES : PREFERER LA MOBILITE OU LA PROXIMITE ?
Selon l’auteur, la création des 14 métropoles aux rôles et compétences renforcés résulte de la dictature du « big is beautiful » (ou encore syndrome de Dubaï). La métropolisation serait l’alpha et l’oméga de l’organisation du territoire. Pourtant les métropoles coûtent cher car elles engendrent une intensification de la mobilité, à l’opposé d’une volonté de développement durable. En Ile-de-France, le déplacement domicile-travail dure en moyenne 41 minutes. Il tend à augmenter dans toutes les métropoles françaises, au fur et à mesure des extensions urbaines. En 2013, les bouchons dans les grandes villes françaises auraient coûté 5,9 milliards d’euros.
Ne faudrait-il pas privilégier la proximité, c’est-à-dire la plus courte distance dans le quotidien ? Plusieurs solutions existent déjà. Le travail dit « à la tâche » se développe dans le domaine de l’édition, de l’architecture, du graphisme,… (l’exemple de la société « L’acteur rural » est développé). Le télétravail à domicile ou dans un centre permet également de faire des économies de déplacement (la création du réseau Soho Solo dans le Gers est développé). Près d’un tiers des salariés serait susceptible d’être concerné par le télétravail une ou deux fois par semaine. Pour l’auteur, il devient donc urgent de « réfléchir à une autre politique d’aménagement du territoire où l’objectif de proximité prendrait le pas sur le souci de mobilité ».