Ce récit d’Aparecida Vilaça transporte le lecteur au sein d’un peuple amérindien de l’Amazonie brésilienne.
Aparecida Vilaça décrit le mode de vie du peuple Wari’, dans l’État du Rondônia qu’elle a connu au début de sa carrière d’anthropologue et avec lequel elle a tissé des liens d’amitiés et une relation filiale avec un homme nommé Paletó.
Le texte mêle une description d’anthropologue aux souvenirs de cette relation particulière avec une famille. Son récit sur plus de trente ans permet, aussi, de suivre les évolution d’un peuple amérindien avant et après la rencontre brutale avec les Blancs. On y voit la pénétration des objets de la civilisation urbaine et les conséquences sur les rapports interpersonnels, du partage des produits de la pêche et de la chasse, à l’arc, à des échanges marchands.
Au fil des pages, la vie de Paletó ouvre une porte pour comprendre des rites funéraires qui peuvent choquer, les rites de passage, l’accouchement, la sexualité, la nature des liens familiaux qui dépassent la simple hérédité et les mythes. On y croise les chamans, la relation de l’homme et son double animal. On perçoit la connaissance de la forêt, « mato », forêt primaire différente des espaces utilisés par les hommes, la « roça » où se cultive le maïs qui après abandon retourne à la forêt secondaire.
Paletó a fait le récit des relations guerrières avec les seringuerosOuvriers chargés de la collecte du caoutchouc. dans les années 1930-1940, le récit du massacre de sa famille. La pacification ne date que des années 1960, mais les menaces persistent.
En 1961, le premier contact de cette famille avec des missionnaires et des membre du Service de protection de l’Indien est fait d’incompréhension. Une épidémie a décimé le peuple Wari’ : entre épidémie et massacres sans doute les 2/3 du groupe. Le premier contact avec la ville de Guajará-MirimSur la rive droite du Rio Mamoré à la frontière bolivienne. fut un véritable choc culturel pour ces hommes qui n’étaient jamais sortis de la forêt. Le récit des séjours, plus récents à Rio est plein d’humour.
« La rencontre avec ceux qu’ils appelaient les « civilisés » a provoqué de grands changements chez les Wari’, parmi lesquels l’abandon de la nudité. Watakao’ cependant a gardé cette habitude, refusant de s’habiller malgré l’insistance des fonctionnaires d’État et des missionnaires chrétiens… »
L’autrice aborde longuement la christianisation par les missionnaires catholiques brésiliens et protestants nord-américains, une concurrence qui n’empêche pas l’expression d’un syncrétisme avec les mythes amérindiens, notamment après 2001 et la peur de la fin du monde, quand des pasteurs Wari’ prêchent dans leur langue.
On perçoit aussi, en creux, le travail de la Funai, la Fondation nationale de l’Indien, créée en 1967 en remplacement du Service de protection des Indiens, est l’organisme gouvernemental brésilien qui élabore et applique les politiques relatives aux peuples autochtones.
C’est un récit émouvant, l’autrice rend hommage à son père Wari’ dans un texte bouleversant. Elle propose un regard décalé sur le Brésil, une page de l’histoire de l’Amazonie.
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