Simultanément à la tenue du colloque éponyme paraît le rapport de l’Observatoire de la jeunesse. Un lot de consolation pour qui n’a pas pu assister à cet événement !

Contrairement au premier rapport paru en 2012, la question territoriale est au cœur de la réflexion : accès des jeunes aux ressources réparties sur le territoire, véritable espace de construction de leur identité individuelle et collective. La territorialisation de l’action publique en direction des jeunes, « entre recherches d’adaptation et de proximité, de délégation ou d’autonomie, de déclinaison ou d’innovation » (p. 14), interroge sur les différentes échelles de l’action publique. Le rapport est constitué de deux parties : la première faisant un état des lieux est une production propre à l’INJEP alors que la seconde partie fait appel à des universitaires présentant quelques études de cas issues de leur terrain de recherche, la partie politiques publiques ayant été essentiellement prise en charge par les chargés d’études de l’INJEP.

La première partie dresse un tableau d’ensemble en exploitant l’entrée territoriale. Elle invite à se demander : « Comment les inégalités intragénérationnelles s’inscrivent-elles spatialement ? Comment les territoires, et les disparités territoriales, impactent-ils les trajectoires juvéniles, les transitions vers l’âge adulte ? Les jeunes sont-ils égaux face à la mobilité, dans la construction de leurs spatialités ? » (p. 19). À partir de traitements statistiques et de l’exploitation d’une bibliographie abondante, les éléments constitutifs de la jeunesse apparaissent : une jeunesse surtout urbaine, de fortes inégalités d’accès et d’offre éducative dans le second degré, des concurrences territoriales conditionnant les parcours de formation dans l’enseignement supérieur, des discriminations d’accès à l’emploi en fonction des territoires, les mobilités permettant de s’affranchir en partie des contraintes.

La mobilité permet de s’affranchir des contraintes locales, elle influence la sociabilité des jeunes, leur rapport au territoire et leur parcours de vie en matière d’insertion sociale et professionnelle, comme le montrent Olivier David et Nicolas Oppenchaim. Le territoire peut à la fois être une épreuve ou une expérience dans le parcours de vie. « Qu’il s’agisse de jeunes vivant en milieu rural, de ceux qui sont originaires des Antilles françaises et qui vivent en métropole, ou encore des mineurs isolés étrangers, la multiplicité de leurs trajectoires migratoires (choisies, subies, espérées ou appréhendées) traduit bien la diversité des expériences territoriales. » (p. 170). Les politiques publiques œuvrant en direction de la jeunesse sont nombreuses et le millefeuille territorial entrave leur repérage par les premiers intéressés. « Autrement dit, si les effets de lieu existent bel et bien, la lutte contre les inégalités territoriales ne saurait être « que » territoriale, sauf à valider les inégalités, beaucoup plus profondes, qui ne doivent rien au territoire mais qui, pourtant, lui donnent forme. » (p. 116)

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes