Paris 1942 Chroniques d’un survivant est un récit autobiographique de Maurice Rajsfus. L’auteur, historien, essayiste   a consacré sa vie à militer contre la répression policière et l’autoritarisme, la  courte biographie précède le récit le rappelle. Nombre de ses livres sont consacrés aux Juifs et à la Shoah. Dans celui ci, le dernier, paru en avril 2022 aux Editions du Détour,  l’auteur raconte, son année 1942 à Paris . Chacun des 53 de chapitres qui le compose, ils ne font que quelques pages – évoque un évènement, un souvenir et pourrait presque être lu comme une brève nouvelle : « les alertes aériennes », « les zazous », « le crachat »…
1942 c’est « l’année terrible » (p15) , « l ‘année de la perte de toutes les valeurs « (p 12) …  (de la France de 1789).  En effet, d’abord, en  1942, Maurice Rajsfus et sa famille comme les autres juifs  doivent porter  « le morceau de chiffon jaune » . Maurice Rajsfus a 14 ans . Il vit à Vincennes avec ses parents et sa sœur ainée Jenny. Ses parents , « des polaks », sont arrivés en France en 1924, Ils sont juifs, athées. Maurice Rajsfus, depuis deux ans, apprend ce que signifie être désigné comme juif en France. Puis, en  1942 aussi, et  surtout, le 16 juillet, deux policiers français – l’un des deux est un ancien voisin – arrêtent au petit matin, Maurice et sa famille. Ils sont raflés.  Maurice et sa sœur ont 14 et 16 ans, ils sont Français,  ils peuvent partir. Leurs parents sont déportés vers Auschwitz.
Avant le 16 juillet,  Maurice Rajsfus raconte, certes dans le contexte de la guerre, des privations, de l’antisémitisme toujours plus menaçant…, essentiellement de sa vie de collégien, d’adolescent: les professeurs, les punitions, des gnocchis sans ticket savourés avec sa mère…
Après le 16 juillet, il raconte  la vie d’ un survivant. La vie d’un paria, d’un lépreux, d’un juif dans un environnement hostile ou indiffèrent : Paris et ses habitants. Sa vie « à la marge » titre de la postface. Il a dû devenir apprenti, apprenti joaillier sertisseur notamment une activité prospère en ces temps de guerre. Bijoux et pierres précieuses sont des valeurs sûres et un bon moyen de blanchir l’argent du marché noir et des autres trafics. Le métier ne lui plaît guère mais il aime quand son patron l’envoi faire une course chez un client ou un fournisseur. Alors, il traîne, s’attarde dans les rues, chez un bouquiniste , …  L’auteur raconte les rues qu’il arpentait, leur atmosphère, les changements qu’il observait :  la multiplication des americans bars , les ersatz, les affiches, les concerts improvisés, les zazous… la Police qui rode, suspecte. On perçoit son aversion pour ses agents. Il évoque ses rencontres les clients, les artisans , les passants,  etc… il rapporte leurs paroles, leurs sentiments souvent confus, ambigus…  l’antisémitisme, le racisme ordinaire qui  s’exprime au quotidien, qui bannit, outrage, salit et laisse les autres indifférents. « Chacun pour soi les nazis pour tous » sauf  quelques exceptions rares discrètes, notables. Maurice  Rajsfus survit, lit, savoure un Viandox , en cachant son étoile, quand un pourboire lui permet…  Il  « se blinde »  écrit-il, mais il pleure pourtant, découvrant la haine nazie, pour la première fois dans ce livre (chapitre 52),  quand  la veille de Noël dans la rue du Faubourg Montmartre, très animée; un élégant officier allemand l’insulte et lui crache au visage. Et puis, l’année finissant avec « les  premiers replis stratégiques » des forces de l’Axe : il espère.

Paris 1942 , chroniques d’un survivant c’est le quotidien d’un adolescent parisien juif en 1942 raconté sans pathos ni mélo. Le ton est sobre parfois ironique, sarcastique. C’est le récit accessible à tous,  d’une année clé, une année dont il ne s’ est jamais totalement remis (p4), dans  la vie d’un homme qui est devenu un militant contre la répression policière,  l’autoritarisme et le racisme.