L’association Reporters sans frontières offre, pour les trente ans de son album régulièrement consacré au combat pour la liberté d’informer, un portfolio centré sur l’œuvre du photographe de guerre Patrick Chauvel.

« Homme debout, le doigt sur le déclencheur » comme l’écrit Jean-Marc Barr (p.43), Patrick Chauvel, âgé aujourd’hui de 72 ans, découvre la guerre à 18 ans. Il débute sa carrière avec la guerre des Six Jours en 1967. La liste des conflits (34 au total) qu’il a pu couvrir par la suite est impressionnante et l’album présente son travail au Viêtnam (1968), en Irlande du Nord (1972), au Mozambique (1973), au Cambodge (1974), en Érythrée (1975 avec notamment un portrait extraordinaire d’une combattante du Front de libération de l’Érythrée), au Liban (1975 avec une photo quasi surréaliste de deux combattants communiquant entre deux béances d’un immeuble de Beyrouth), en Iran (1979), au Salvador (1980), en Bosnie-Herzégovine (1992), en Tchétchénie (1995), en Libye (2011), en Irak (2016), en Syrie (2019) et en Afghanistan (2021).

« Reporter intemporel » pour Adrien Jaulmes (p.49), Patrick Chauvel a failli, à plusieurs reprises, payer de sa vie son engagement au service de l’information (sept blessures graves) . Ses photographies disent l’horreur de la guerre et des drames humains même si c’est un beau truisme que de le rappeler.

Patrick Chauvel dit, à propos de son travail, qu’« il faut écrire, photographier et, si je reviens pour raconter, ce sera peut-être le seul moyen de me convaincre de la réalité de ce que j’ai vécu ». Don McCullin, dont un texte accompagne l’album, écrit (p.27) que « si une photo n’a jamais empêché une guerre, au moins lui donne-t-elle une consistance. Faute d’empêcher, montrer, c’est déjà rétablir les faits ».

Cette nouvelle livraison de RSF comporte, outre l’habituel « baromètre » de la liberté de la presse dans le monde, un portrait de Vladimir Poutine sous le nom de « Vlad l’étouffeur », un article relatif à Klubradio en Hongrie, un des derniers médias indépendants du pouvoir face à Viktor Orban et un focus sur la journaliste chinoise, Zhang Zhan, d’un très grand courage et aujourd’hui injustement enfermée par Pékin. Elle est en grève de la faim pour faire reconnaître son innocence.

Grégoire Masson

 

P.Chauvel, « Deux membres de l’IRA contrôlent un passant à la limite des quartiers catholique et protestant de Belfast », Irlande du Nord,1972.