Cette année, le mois d’avril marque les commémorations des 30 ans du génocide des Tutsi au Rwanda. Menée par Marzena Sowa et Sylvain Savoia, l’adaptation du best-seller à résonance autobiographique de Gaël Faye, qui avait eu le prix Goncourt des lycéens en 2016, est aussi belle, sensible que poignante.

Le génocide du Rwanda vu à hauteur d’un enfant

Exilés au Burundi, Gaby et Ana, enfants métis franco-rwandais, voient leur quotidien joyeux bousculé par la guerre civile. Alors que leur famille se déchire, le génocide des Tutsi au Rwanda voisin vient mettre un terme à leur innocence. Avant même le déclenchement des hostilités proprement dites, à l’école, Gaby assiste à une bagarre entre un Tutsi et un Hutu, que rien ne semble pourtant séparer si ce n’est – d’après son père – la forme de leur nez…

Très vite, Gaby et sa sœur sont pris dans un engrenage infernal et dans l’horreur de la guerre civile au Rwanda. Du haut de leur jeune âge, ils n’ont aucune idée de ce qui se joue alors que leur père tente de leur expliquer. Mais comment expliquer à des enfants qu’un même peuple, partageant les mêmes terres, les mêmes convictions, les mêmes traditions, mais abritant des ethnies différentes, puisse se livrer une guerre sans merci ?

Toute la vie de ces enfants vole en éclat alors que le génocide du Rwanda ravage tout sur son passage. Tout devient violence, massacre et mort.

Une adaptation magistrale du chef-d’œuvre de Gaël Faye

Sylvain Savoia et Marzena Sowa ont réussi un coup de maître en adaptant parfaitement le magnifique texte de Gaël Faye.

Quand j’ai lu Petit pays de Gaël Faye, cela a été, comme pour beaucoup de lecteurs, une véritable claque. Sorti en 2016, Petit pays, le premier roman de Gaël Faye, a connu un immense succès éditorial et critique. Il a été adapté au cinéma et au théâtre. Depuis 2017, Sylvain Savoia et Marzena Sowa, choisis par l’auteur lui-même, s’attèlent à son adaptation en roman graphique aux côtés de l’auteur, permettant ainsi de toucher un public toujours plus large et notamment nos collégiens et lycéens. Leur travail a été, selon moi, digne de celui d’un orfèvre.

En restituant sa langue très vivante et avec des images douces et puissantes, vues à hauteur d’enfant la plupart du temps, les auteurs sont parvenus à proposer un récit au plus près des émotions de l’enfance pour nous plonger dans cette histoire bouleversante qui mêle l’intime et l’universel. Le contraste entre les jeux, les chamailleries d’enfants et l’horreur de la guerre est des plus saisissants. La personnalité lumineuse et innocente de Gaby se heurte à l’enfer du génocide alors que la mort frappe brutalement aux portes et balaye tout sur son passage.

Des extraits pourraient être facilement utilisés en classe, notamment dans le cadre du chapitre sur « Les nouvelles conflictualités depuis 1991 » en Troisième. On pourrait même envisager une collaboration avec les professeurs de Français afin de créer une activité mêlant nos matières.