Michel Denis, directeur de recherche émérite au CNRS, a étudié tout au long de sa carrière les processus de représentation mentale mis en œuvre dans l’imagerie visuelle et dans la connaissance de l’espace. Ce chercheur en psychologie cognitive livre ici une œuvre magistrale de synthèse portant sur l’espace. Il comble ainsi un manque en couvrant l’ensemble des connaissances relatives à l’espace.

L’espace est un objet occupant bien des disciplines comme le montre l’auteur en présentant de manière ramassée les grandes thèses développées par la géographie, la philosophie, l’architecture et l’urbanisme, des pratiques artistiques, littéraires ou religieuses… La spécialité de l’auteur se retrouve plus spécifiquement à partir de la partie 2 de l’ouvrage consacrée aux conduites et représentations spatiales et les non-initiés peuvent avoir un peu plus de mal à suivre les développements relatifs au fonctionnement et dysfonctionnement du cerveau en rapport avec l’espace. Si la partie 3 s’inscrit également dans la lignée des nombreux travaux menés tout au long de sa carrière par Michel Denis et peut sembler accessoire pour les géographes, sa lecture apporte des éléments de réflexion et des outils intéressants pour des chercheurs en géographie sociale et plus spécifiquement pour ceux s’intéressant aux pratiques spatiales des individus. La partie 4 consacrée au lien entre l’intelligence artificielle et l’espace apparaît comme moins reliée aux préoccupations des géographes, même si la présentation des aides au déplacement et les réflexions sur l’ergonomie des espaces peuvent trouver leur place dans une étude sur les modalités d’accessibilité de certains espaces aux personnes à mobilité réduite.

Cette entreprise de synthèse a le grand mérite de montrer qu’une approche pluridisciplinaire ou même interdisciplinaire est tout à fait envisageable pour aborder la question de l’espace. Les professeurs chargés des nouveaux enseignements de type EPI en collège y trouveront du grain à moudre, à titre documentaire, s’ils veulent se lancer dans un projet centré sur l’espace et plus spécifiquement sur les cheminements empruntés par les élèves pour se rendre au collège et aller au-delà de la pratique des cartes mentales.

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes