Nouveauté de la collection Vents d’Ouest des Éditions Glénat, cet ouvrage constitue une intégrale qui réunit deux volumes parus en 2010 et 2012. Autodidacte et éclectique, Henri Tonton conçoit la totalité de ses albums, dessins, couleurs et scenarii.

Les tribulations d’un village du sud-ouest de la France au printemps 1944

A leur insu, Rémi, Mathilde et Eric,  jeunes enfants d’un village du Lot-et-Garonne, se trouvent mêlés à des « histoires d’adultes ».

En cette fin d’année scolaire, il faut déjà chaud dans le pays ardéchois. Les amis aiment se retrouver sur les chemins montagneux, se baigner dans la rivière ou flâner sur les hauteurs. Ils remarquent alors d’étranges comportements de personnalités du village qu’ils connaissent bien : les trajets à vélo de Justin le simplet, des hommes qui discutent en secret le long de la voie ferrée, les allers et venues de Buboul accompagné de son bouledogue, M. Delbos qui fait ses petites affaires, le marchand M. Dépluch assassiné et même le couple d’instituteurs qui disparaît…

Les jeunes subissent les privations. Ils observent les brimades de l’occupant et les rondes des Allemands à l’affût aidés par la milice. Mais que comprennent-ils ?

Différents discours émanent des familles. Les Allemands maintiennent la paix en France grâce à l’appui du maréchal Pétain. Les communistes, pire que des sauvages sont des mangeurs de viande aux dents pointues. Les résistants du maquis cachent des armes et mettent en danger les habitants.  Les Ricains vont prendre les terres des paysans du coin.

Les premiers émois amoureux et les jeux enfantins font oublier la dureté du temps. Ils entendent parler du débarquement allié et ressentent l’oppression se resserrer. Comment s’y retrouver ?

« Je n’ai jamais trop bien compris cette guerre »

D’un côté, les Allemands viennent chez nous alors qu’ils ont un pays. De l’autre, Petit Jules dit que les Juifs n’en ont pas et pourtant, ils n’envahissent aucun territoire. Pis, on les chasse de partout ! Il y a assez de place sur Terre pour tout le monde ! Enfin je crois…

Ainsi Rémi exprime son émoi. Cette guerre est bien complexe à hauteur d’enfant. Les personnages de Henri Tonton reflètent parfaitement les différentes prises de position dans la France méridionale occupée, au moment de la libération du nord du pays. Les activités clandestines des résistants s’activent face aux occupants en alerte, aidés par la milice et les collaborateurs qui se cherchent une conduite.

Les habitants se révoltent quand la folie meurtrière l’emporte au point de menacer une femme enceinte ou un enfant : 

« Pépé tenait dans sa grosse main de jardinier le pistolet qui l’avait sauvé des baïonnettes allemandes pendant la guerre de 14 ».

En première lecture, cet ouvrage se révèle plutôt complexe à l’image de cette époque troublée. Il demande une lecture attentive afin de percevoir les subtilités de personnages troubles et l’atmosphère délétère d’un village sous l’occupation. Les textes imposent des explications complémentaires et une contextualisation auprès de jeunes lecteurs qui pourraient se méprendre sur cette période de libération nationale.

Présentation de l’éditeur :

Grandir en temps de guerre :

Printemps 1944, dans le sud-ouest de la France. Ici, les effets de la guerre sont moins visibles que sur le front. Collabo, maquisard, trafiquant, personne ne sait qui est qui, et les rumeurs et rancœurs vont bon train. À côté de tout ça, les préoccupations des enfants paraissent anodines. Mais le jour où Rémi et son amie Mathilde tombent par hasard sur une cargaison d’armes et d’explosifs, ils vont prendre part aux affaires des grandes personnes malgré eux. Pour que ces armes ne puissent jamais blesser personne, ils décident de les cacher. Insouciants des conséquences que leur acte peut avoir sur la résistance maquisarde, Rémi et Mathilde vont se retrouver au cœur du conflit. Rémi va comprendre beaucoup de choses sur les hommes : l’horreur qu’ils peuvent infliger, mais aussi les sacrifices dont ils sont capables. Une magnifique intégrale par un auteur sensible, qui pose un regard tendre sur ces moments durs. Un hommage à la belle région du sud-ouest, mais surtout à ceux qui ont mis leur vie en danger entre les pâtures et les vergers pour combattre les nazis.