Le petit écrit Quelle pédagogie auprès des adolescents pour rompre avec la surenchère numérique ? est issu de son ouvrage Classe préparatoire : un chemin pour se réconcilier avec l’école aux PUG.
Antoine Gentil est enseignant spécialisé, fondateur du dispositif expérimental Starter (qui accueille 15 jeunes de troisième en situation de décrochage) et cofondateur de l’association Parer (dédiée à la scolarisation des enfants et des adolescents vulnérables).
L’auteur rappelle les gigantesques bouleversements liés à la diffusion du numérique sur les vingt dernières années et l’impossibilité d’en ignorer l’impact sur les enfants et ce dans l’ensemble des domaines de la vie.
Un premier travail d’enquête lui permet de dresser deux constats : les adolescents aiment à parler de leurs usages du numérique mais on observe une pluralité de comportements face à ces médias, de la pratique active et créative à une relative passivité, tout en passant, pour certains, par une utilisation sans aucune forme de limites.
Antoine Gentil pose la question de la pratique pédagogique au regard de cette mutation et dégage cinq enjeux majeurs de réflexion « pour nourrir des actions » : « la sûreté et la sécurité numériques (les contenus choquants ou violents, le harcèlement ou encore la diffusion d’informations privées doivent amener « à des dispositifs de veilles éducatives») », « la formation de l’esprit critique à l’analyse des contenus (avec la nécessité de construire des compétences en la matière par les élèves. L’auteur a ainsi organisé un atelier d’analyse des contenus audiovisuels d’information)», « la réflexion sur l’identité et les visibilités (apprendre à dissocier identité civile, identité agissante, identité virtuelle et identité narrative) », « les littératies numériques et la production de contenus (avec une volonté également de mesurer la valeur pédagogique d’un jeu vidéo)» et « l’économie politique et les usages des structures algorithmiques (« comprendre que les signaux numériques sont des gisements de données, comprendre que des principes de popularité, de réputation et de prédiction génèrent de la valeur (p.7) ») ».
L’auteur termine son propos avec un cas concret, celui de deux jeunes de 14 ans venus le trouver après avoir été heurtés par une vidéo en lien avec l’émission « Touche pas à mon poste ». Le travail de réflexion proposé aux élèves et le questionnaire réalisé autour de la vidéo sont des plus intéressants.
Antoine Gentil emporte l’adhésion avec cet opuscule. En dehors du rappel d’un truisme, on ne peut plus faire l’économie de la compréhension du lien entre la jeunesse et le numérique, le chercheur amène des pistes de réflexion et des cas concrets qui peuvent avoir des traductions pratiques dans nos disciplines, notamment en EMC.
Un petit traité stimulant dont on ne peut que recommander la lecture.