Cette BD sur Ramses est un nouveau volume dans l‘immense collection « Ils ont fait l’Histoire » de Glénat. L’Égypte antique a déjà connu un numéro avec celui sur Cléopâtre réalisé par le même auteur que la BD présentée ci-dessous, Wyctor.

D’une manière assez étrange, un seul numéro semble annoncé sur cet homme, dont le règne a duré 54 ans, entre 1279 et 1213. Son règne, ses batailles, son œuvre culturelle et bien évidemment sa trace mythique mériteraient un développement encore plus important sur plusieurs tomes. A voir… car il faut le dire d’emblée, cette BD est une vraie réussite et déclenche la curiosité chez le lecteur qui a soif, indiscutablement, à la fin de la lecture, d’en savoir plus.

Dans ce volume, les auteurs s’étalent du début de règne, suite à la mort de son père Séthi Ier, jusqu’à la mort d’un de ses plus proches conseillers Amenemhat, ce dernier étant notre guide tout au long de l’histoire. Si ce choix peut sembler quelque peu cohérent, il génère aussi de la frustration à la lecture de l’immense règne de Ramsès II. Dans cette phase, un rôle particulier est assuré par la femme officielle et « préférée » du pharaon, Néfertari.

Néanmoins, cette BD permet de rentrer dans la personnalité du pharaon. Militaire de formation, les autres explorent d’abord donc le stratège, vainqueur glorieux de la bataille de Qadesh et instaurateur d’une paix durable avec le royaume hittite voisin.

Ensuite, c’est l’aspect bâtisseur qui est évoqué avec, notamment, la construction des temples d’Abou Simbel, le pharaon utilisant ici une main d’œuvre servile et quasi réduite en esclavage.

A travers ces aspects apparaît le trait le plus intéressant du souverain : sa volonté de mettre en place une propagande d’état massive, célébrant ses actes et ses triomphes, ne laissant pas la place à la moindre remise en question de son autorité, réfléchissant aussi à sa destinée et son héritage. C’est ainsi qu’il utilise des supports multiples pour établir sa gloire dès son vivant : temples, tablettes, gravures, statues… C’est le rôle d’Amenemhat que d’assurer cette hagiographie permanente.

La BD est accompagnée d’un dossier final réalisé par l’égyptologue Juan Carlos Moreno-Garcia, directeur de recherches au CNRS, qui apporte la caution scientifique à l’œuvre. Il est composé de photos, cartes et croquis, accompagnant des textes qui remettent le pharaon dans l’Histoire et contextualisent ses actions.

Le propos des auteurs est servi par le trait vif de Michael Malatini. Les couleurs sont chaudes et vives. Le dessinateur apporte une attention remarquable aux temples et autres architectures, ainsi qu’aux tenues portées par l’ensemble des personnages, y compris secondaires. Le dessin apporte ainsi de la profondeur et un saisissant réalisme à la BD.

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