Voilà plusieurs années que les Presses de Sciences Po sortent une mise au point sur la thématique du développement durable. Cette année, c’est à la ville que le volume est consacré. Il faut dire qu’avec plus de 50% de l’humanité vivant en ville, le terrain est propice à réfléchir et à développer des initiatives pour vivre autrement sur le long terme. Au-delà de ce gros dossier de 200 pages intitulé « Villes, changer de trajectoire », le volume comporte des parties récurrentes aux précédentes éditions : le bilan des évènements de l’année passée (qui a été marquée à la fois par la crise financière née en 2008 qui a pris toute sa mesure durant l’année 2009 et par le sommet de Copenhague aux résultats plus que modestes), l’agenda des grands rendez-vous 2010 (dont deux rendez-vous dédiés à la ville avec le Forum mondial urbain consacré au droit de la ville à Rio de Janeiro qui s’est tenu en avril et non en mars comme indiqué dans le volume et l’Exposition universelle de Shanghai qui vient d’ouvrir).

Les trois directeurs de l’ouvrage expliquent le choix de la thématique annuelle par le fait que les villes sont « au cœur des processus de croissance, d’innovation et de développement durable ». elles sont des laboratoires d’expérimentation. L’urbanisation et sa nature sont déterminantes en terme de développement durable. La fragmentation entre ville légale et ville informelle tend à s’accroître. Ainsi, « la construction de « villes durables » constitue l’un des principaux défis des années à venir ». Ce dossier s’organise autour de quatre articulations que nous développerons rapidement :

Economie,

Pierre Veltz analyse les ressorts de l’économie mondiale urbanisée, qui n’est pas pour autant synonyme d’uniformisation urbaine d’une ville à l’autre ou au sein des quartiers qui la composent. Son analyse s’accompagne d’articles décrivant le différentiel d’investissement (IDE) selon les quartiers de villes telles que Bangalore, Mexico ou Sao Paulo.

Environnement,

La question environnementale est au cœur des débats qui agitent l’opinion publique écologique. « L’urbanité est souvent présentée comme synonyme de pollution et de prédation de l’environnement ». C’est tout l’enjeu des réflexions actuelles qui est de développer une ville qui nuise le moins possible à l’environnement. La croissance urbaine qui touche essentiellement les pays du Sud doit se faire sans hypothéquer l’avenir des générations futures. L’approche des villes du Sud se fait par le biais de l’impact sanitaire des pollutions (Salem), du traitement des eaux (Barraqué). Les villes du Nord doivent, quant à elles, réviser leur modèle basé sur l’usage des transports individuels source d’étalement urbain.

Social,

C’est par le biais de l’accès aux équipements (eau, assainissement, énergie, logements sociaux) que les articles présents dans cette partie abordent la thématique sociale. La ville exclut. Un « urbanisme de la peur » se met en place, qui se matérialise par l’installation de points de contrôle, de barrières, de quartiers clôturés. Tous ces équipements sont facteurs de ségrégation socio-spatiale et s’opposent à la mise en place de la ville durable.

Gouvernance

Seule la gouvernance urbaine peut venir à bout de ces carences (Sassen) en mettant sur pied des politiques urbaines. Mais la crise financière a souvent grevé les budgets urbains qui avaient pour but de donner du lien entre les différentes parties de la ville.

Comme à son habitude, par le biais d’articles plus ou moins longs, l’annuel du développement durable propose un bilan thématique qui contribue aux réflexions sur la ville durable. Cette compilation devrait permettre aux enseignants de faire le point sur les nouvelles problématiques qui touchent la ville. De nombreux documents peuvent faire l’objet d’une étude dans les classes du secondaire. Nombreux sont les articles qui font le point sur un territoire, qui peut tout à fait se prêter à d’une étude de cas : approvisionnement en eau des villes chinoises, pollution atmosphérique à Hong Kong et Macao, fragmentation socio-spatiale à Sao Paulo. On regrettera toutefois que la maquette de l’ouvrage et sa palette de couleurs (rouge, gris) rendent difficile une utilisation aisée des documents en classe. Mais, il n’est pas à douter que les Clionautes, en bons techniciens, se laissent bloquer par des contingences matérielles de ce type !

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