Reporters sans frontières propose, dans ce nouvel album, une « anthologie » picturale relative au Japon.

Une très large palette photographique est ainsi retenue et évoquer tous les artistes publiés de la sorte ne constituerait qu’une longue liste à la Prévert. On mentionnera simplement l’extraordinaire Ken Domon et ses photographies d’Hiroshima, les très beaux travaux d’Ishiuchi Miyako (Yokosuka Story) et de Pierre-Elie de Pibrac (géniale photographie de Hiroshi San et Hikaru san à Osaka en 2020) ou encore les vues superbes de Daido Moriyama (photographies bluffantes du quartier de Shinjuku à Tokyo), de Toshio Shibata (avec des clichés à la limite de l’onirisme) ou de Gueorgui Pinkhassov (notamment son « Pont à la nuit tombée » pris à Tokyo en 1996).

Sur l’état de la liberté de la presse au Japon, Thibaut Bruttin écrit dans son éditorial que le pays n’est qu’au 70e rang du classement de la liberté de la presse de RSF en raison d’ « une concentration des médias par une poignée de conglomérats géants » d’ « un clientélisme institutionnalisé via les kisha clubs, conférences de presse réservées à certains professionnels et discriminant les autres à l’accès à l’information » et d’une « forte pression sur les reporters qui osent questionner des sujets tabous, de la corruption à la défense ».

 

Ken Domon, Carrefour Ginza-chome, Tokyo, 1946

En plus de la présentation des « Prédateurs de la liberté de la presse » , dans ce nouvel opus le président tunisien Kaïs Saïed et des « défenseurs de la liberté de la presse », Miroslava Breach (assassinée en 2017), Ola Zaanoun (correspondante de RSF à Gaza depuis 2017) et Raif Badawi (blogueur ayant été condamné à une peine arbitraire de dix ans de prison en Arabie Saoudite), l’association publie un bilan inquiétant de la liberté de la presse dans le monde avec « plus de 50 % de la population mondiale (qui) vit dans un territoire où la situation de la presse est « très grave » tandis que moins de 1 % habite dans un pays offrant une « bonne situation ».