Ce livre est un peu comme une malle aux trésors des inventions malicieuses et utiles des siècles passés. L’impossibilité ne réside pas dans la réalité mais dans notre esprit.

Rechercher les innovations d’autrefois peut préparer les solutions de demain

Les auteurs se lancent sur la piste d’inventions qui ont parfois totalement disparu. Pourtant, même parmi celles qui n’ont pas survécu, il y a des idées à garder. Cela pose aussi une question en terme d’archive car d’un véhicule à l’hydrogène développé en 1945, il ne reste rien. Ce sont des histoires comme celles-ci que les auteurs ont souhaité exhumer afin de partager collectivement des expériences. Rechercher les innovations d’autrefois peut préparer les solutions de demain. C’est une autre façon de reconsidérer ce qu’on appelle aujourd’hui la transition énergétique. Parfois, de bonnes idées low tech ont été oubliées. Parfois, des entrepreneurs n’ont pas su trouver les partenaires appropriés au bon moment. Ce livre est une aventure collective pour un projet collaboratif. Ce livre est complété par un site internet et une exposition itinérante. Chaque invention est exposée en quelques lignes avec une rapide bibliographie. Il y a également une chronologie et des renvois éventuels vers d’autres inventions. Il y a aussi des articles transversaux et quelques qr codes pour compléter.

Les thématiques sous forme d’articles

Parmi les approches, l’une se demande si le progrès technique a un sens. La technique n’est en effet jamais autonome. Elle suit une histoire en rapport avec son milieu, dépendante de celui-ci. Il faut se garder d’une approche linéaire des techniques. La notion de trajectoire ouvre celle de l’origine et celle de la fin. Les auteurs s’appuient aussi sur la fiction. Une autre entrée revient sur le droit de la propriété intellectuelle en se demandant si ce n’est pas l’ennemi de l’intérêt général. La propriété intellectuelle n’existe que par la volonté du législateur depuis le XIX ème siècle. Elle varie selon les pays. Il n’est ni bon ni mauvais dans l’absolu ; il ne prend guère en compte le public, pourtant destinataire des créations. Une machine n’est pas un tout formé sur lui-même, elle résulte d’une genèse. On peut noter deux tendances en apparence contradictoires. Le premier est l’ « âge du faire » qui valorise la logique du bricoleur comme pour les fablab. Cette vision a des inconvénients comme le fait de répondre à des problématiques locales. Le second courant d’idées est le design fonction dont l’objectif est de développer des représentations concrètes qui interrogent les choix du passé : cela met l’accent sur le temps long. Une entrée s’intitule «  Pour un observatoire national du stockage ? ». Deux éléments cruciaux conditionnent le destin des énergies renouvelables et leur pénétration dans nos usages : leur caractère intermittent et leur stockage. Il y a enfin une approche sur la ville qui doit aller vers un urbanisme de la sobriété et du discernement. Il ne s’agit pas de retour en arrière.

Dans le domaine des transports

On est souvent surpris à la lecture de l’ouvrage, parfois amusé, comme avec le tramway à air comprimé de Louis Mékarski. On découvre aussi que la première Porsche électrique date de 1898. Une entrée est consacrée à l’hydroptère de Forlanini construit en 1905. Il y en a encore qui fonctionnent aujourd’hui dans la baie de Hong-Kong. On est souvent frappé par les liens qu’on peut effectivement faire avec aujourd’hui, comme avec les chariots à système électromagnétique de 1906, sortes d’ancêtres de l’hyperloop. Une publicité américaine de 1939 montre que le covoiturage ne date pas d’aujourd’hui. L’aérotrain est sans doute un exemple mieux connu. Une équipe d’ingénieurs a récemment décidé de relancer le principe en s’aidant des technologies contemporaines. Les Pays-Bas avaient imaginé le premier autolib dès 1974. Aujourd’hui, la capitale hollandaise a décidé de lancer un projet similaire avec 120 stations d’échange pour un millier de véhicules en autopartage.

Les énergies

Parfois des inventeurs ont eu raison trop tôt, comme en témoigne Mouchot avec l’énergie solaire. Dubois s’est intéressé en 1900 à l’échange bioluminescent, même si les premières observations du phénomène sont anciennes. Il parvient à éclairer les sous-sols du palais de l’optique à l’occasion de l’exposition universelle. On ne sait sans doute pas qu’en 2016, une ampoule fêtait ses 115 ans sans jamais avoir cessé de fonctionner ! Dès 1941, Marcel Isman et Gilbert Ducellier développent un système comparable au biogaz. Cette technique est encore explorée aujourd’hui et est une piste féconde pour demain. La redécouverte de technologies anciennes peut aller plus loin comme le montre l’exemple du bacille Perfringens qui servait à fabriquer du pétrole. L’équipe de Paléo-énergétique a décidé de travailler sur cet exemple pour voir s’il est économiquement viable. En 1979, une image marque le monde lorsque des panneaux solaires sont installés à la Maison Blanche.

Alimentation et quotidien

On est étonné par le « potato patch plan » d’Hazen Pingree en 1894. Le maire de Detroit imagine un programme alimentaire novateur : il s’agit de distribuer des semences, outils et parcelles aux demandeurs d’aides. On peut aussi s’inspirer aujourd’hui de techniques anciennes pour améliorer notre quotidien. Le kotatsu japonais est un système de chauffage près du corps. Il connut son âge d’or dans les années 70 et il retrouve une nouvelle vitalité après Fukushima.

Ce livre, très original, se termine par quelques mots sur la recherche Paléo-énergétique. Il s’agit notamment d’un projet pour identifier un patrimoine qui est souvent en dehors des radars. L’association organise des ateliers en collaboration avec des écoles, collectivités ou entreprises.

https://paleo-energetique.org/