Sylvie Laigneau-Fontaine, professeure de littérature latine à l’Université de Bourgogne-Franche-Comtéspécialiste d’Ovide, de Virgile mais également de la littérature latine de la Renaissance,,  l’auteure a regroupé, dans son ouvrage, cent textes couvrant la période allant de la « pré-fondation » de l’Urbs à la chute de l’Empire romain d’Occident.

Dans son propos liminaire, Sylvie Laigneau-Fontaine écrit (p.8) que l’objet de son anthologie est de « fixer , à travers des textes célèbres brièvement présentés et commentés, les grandes lignes de l’histoire romaine, de donner chair aux personnages et de faire revivre les épisodes marquants de cette civilisation qui a brillé pendant plus d’un millénaire, de 753 av. J.-C à 476 apr. J.-C., et qui a irrigué la culture occidentale, dans tous ses arts ».

Le lecteur se trouve ainsi embarqué, pour son plus grand bonheur, dans une Odyssée le menant, entre autres, de Virgile en Tite-Live, de Cicéron en Marc-Aurèle.

Voici, à titre d’exemple, l’un des textes sélectionnés par l’auteure, l’apologue de Menenius Agrippa, mentionné par Tite-Live dans son Histoire romaine, à l’occasion de l’épisode de la sécession de la plèbe sur l’Aventin en 394 avant notre ère:

« Autrefois le corps humain n’était pas encore solidaire comme aujourd’hui, mais chaque organe était autonome et avait son propre langage; il y eut un jour une révolte générale: ils étaient tous furieux de travailler et de prendre de la peine pour l’estomac, tandis que l’estomac, bien tranquille au milieu du corps, n’avait qu’à profiter des plaisirs qu’ils lui procuraient. Ils se mirent donc d’accord: la main ne porterait plus la nourriture à la bouche, la bouche refuserait de prendre ce qu’on lui donnerait, les dents de mâcher. Le but de cette révolte était de mater l’estomac en l’affamant, mais les membres et le corps tout entier furent réduits dans le même temps à une faiblesse extrême. Ils virent que l’estomac lui aussi jouait un rôle, qu’il les entretenait comme eux-mêmes l’entretenaient, en renvoyant dans tout l’organisme cette substance produit par la digestion, qui donne vie et vigueur, le sang qui coule dans nos veines ».

Chaque texte retenu par l’auteure fait l’objet d’un commentaire circonstancié et, très souvent, de renvois vers des articles scientifiques et/ou de l’évocation du devenir du sujet évoqué dans les arts ou la politique.

On apprend ainsi que Cincinnatus, archétype du « soldat-paysan » désintéressé, a inspiré George Washington qui a fondé en 1783 une « société des Cincinnati » regroupant des combattants émérites de la guerre d’Indépendance, que l’écrivain Julien Gracq a adopté le pseudonyme de son gentilice en référence aux Gracques ou encore que l’empereur Caligula a servi de modèle au personnage de Joffrey Baratheon dans la série Game of Thrones.

Le livre comporte des index des auteurs anciens cités, des noms de personnages et de lieux cités, une chronologie ainsi qu’une bibliographie.

Sylvie Laigneau-Fontaine, reprenant le mot d’Horace, indique avoir voulu faire en sorte, en concevant son opus, que se joignent « l’utile au doux ». C’est un objectif largement atteint, tant l’ouvrage se lit avec plaisir.

Rome par les textes pourra être utilisé avec beaucoup de profit pour alimenter des séquences consacrées au monde romain, tant en collège qu’au lycée.

Grégoire Masson