Présentation de l’éditeur. « Un détroit comme tombeau des rêves de conquête.

Depuis plusieurs décennies l’empire perse tente de soumettre à son autorité l’ensemble des cités grecques. Des campagnes militaires successives apportent alternativement joies et défaites. Si une partie de la Grèce a fait allégeance, que certains états grecs ont choisis la neutralité, les puissantes cités du sud avec Athènes, Corinthe, Olympie ou encore Sparte refusent obstinément la soumission.

En 480 av. JC, après plus de quatre années de minutieux préparatifs, le roi perse Xerxès Ier se lance dans une nouvelle expédition. Une expédition guerrière titanesque que rien ne semble en mesure d’arrêter.

Mais tout comme dans la mythologie grecque avec son héros légendaire Achille, la puissante armée perse a son talon : sa morgue. Persuadé que toutes les victoires sont par avance acquises, la flotte achéménide ne percevra que trop tard l’embuscade tendue par les Grecs. Les eaux du détroit de Salamine seront le tombeau de leur rêve de conquête… ».

 

La collection « Les Grandes batailles navales », coéditée par Glénat et le Musée national de la Marine et ayant pour maître d’œuvre le peintre officiel de la Marine Jean-Yves Delitte, est déjà riche d’une quinzaine de titres. Ce nouvel album dédié à la bataille de Salamine emmène le lecteur au Ve siècle avant notre ère pour évoquer ce qui fut le tournant décisif de la seconde Guerre médique. L’Empire perse en expansion entreprend alors, dix ans après une précédente tentative inaboutie, la conquête de la Grèce. Divisés par les sempiternelles rivalités entre les cités et submergés par la supériorité numérique écrasante des troupes perses qui ont forcé le passage des Thermopyles, les Grecs sont en mauvaise posture. Acculée dans la baie d’Éleusis, la flotte commandée par l’Athénien Thémistocle et le Spartiate Eurybiade, pourtant en nette infériorité numérique, parvient malgré tout à infliger une sévère défaite à l’immense armada des Perses, sauvant ainsi la liberté des cités grecques. Elle exploite habilement les avantages tactiques de sa position pour vaincre les navires adverses et tuer leur amiral, frère du Grand Roi Xerxès. Ce dernier assiste au spectacle de ce fiasco depuis un trône installé sur le flanc de la colline qui domine le détroit de Salamine.

L’évocation du rôle de certains protagonistes secondaires, les uns réels (la reine Artémise de Carie servant dans la flotte de Xerxès, l’agent double Sicinnos utilisé pour intoxiquer les Perses) et les autres fictifs (le navarque Doros, métèque d’Athènes), permet d’arrondir la trame d’un scénario qui suit scrupuleusement la réalité historique, tout en reflétant par petites touches allusives certains traits du monde grec antique. L’image donné des chefs est en revanche moins avantageuse : Xerxès est dépeint comme un idiot vaniteux et entêté et Thémistocle comme un manipulateur cynique. En outre, les conséquences stratégiques de l’événement sont expédiées en une ultime vignette. L’intrigue est donc concentrée sur les prémices et le déroulement du grand affrontement des trières qui rougit de sang les eaux de Salamine. Il s’appuie sur un style dessiné au trait précis, adouci par des couleurs chaudes d’une tonalité générale assombrie mais harmonieuse. Cette narration dessinée est complétée par un dossier documentaire de quelques pages, bien conçu et bien illustré, qui est d’un réel intérêt didactique malgré le lapsus incongru qui mentionne en dernière page les navires helvètes au lieu des grecs !

On apprécie donc la belle qualité esthétique et le sérieux historique de cet album, qui combine le charme d’une lecture de loisir à l’intérêt d’une initiation à l’Antiquité grecque. Cela en fait une référence qui peut avoir notamment sa place dans un CDI ou une bibliothèque publique dans le rayon destiné aux adolescents.