Pourquoi apprendre ? Sciences Humaines, octobre 2011.

La thématique du numéro d’octobre de Sciences Humaines est passionnante. Elle décortique les ressorts de la motivation à la base de nombreux apprentissages. De la maternelle à la thèse, aucun niveau n’est oublié. Jean-François Dortier, (directeur de Sciences Humaines) en racontant son parcours d’élève, analyse les éléments autres que la motivation qui l’ont amenés à se muer de cancre à élève « presque modèle ». Menace parentale d’aller travailler à l’usine, à l’échéance de ses 16 ans, alliée à une rencontre : celle d’une jeune prof de maths pédagogue et jolie, qui a su faire passer un message que jusque là d’autres n’avaient pas réussi à rendre intéressant ! Mais la motivation est quelque chose de très complexe. On peut être motivé par une matière parce qu’elle permet d’assouvir une soif de connaissances ou tout simplement car c’est un gros coefficient à l’examen. Et cela est moins glorieux (la motivation extrinsèque). Elle est une construction permanente. La libido sciendi (le désir d’apprendre) de Saint-Augustin est considérée aujourd’hui comme une pulsion fondamentale de l’être humain (voir les travaux de Jordan Litman). Mais, elle a besoin d’être encouragée (voir les théories behavioristes) avec des compliments. Elle répond à un besoin d’accomplissement (psychologie humaniste d’Abraham Maslow). L’image de soi comme celle que l’on renvoie aux autres sont centrales. Le dossier est passionnant à lire et donne matière à réflexion.
D’autres articles méritent aussi d’être lus comme celui sur un passionné : Dominique Resch (prof de lettres – histoire en lycée professionnel à Marseille, qui vient de publier : Mots de tête, Autrement, 2011) mais aussi l’article consacré à « Des profs en galère ». Passion enseignante comme difficultés ne sont pas occultées.

Enfin, le focus sur « Pourquoi les bombes humaines ? » nous replonge dans l’actualité commémorative du 11 septembre mais selon un point de vue différent de celui choisi par les médias télévisés. Ici, c’est l’histoire du terrorisme qui est retracée. L’efficacité des attentats terroristes est posée ainsi que celle des mobiles qui poussent à les organiser (voir la mise en regard des motivations d’Al Qaïda et des Tigres Tamouls, usant pourtant de moyens similaires). Riva Kastoryano, dans une interview, s’intéresse au « monde clos des volontaires de la mort » et au désarroi des familles de kamikazes. Là encore, un dossier passionnant. On y apprend plein de choses. C’est stimulant et motivant.

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes