C’est dans le contexte de l’élection présidentielle de 2007 que les Editions Syros font paraître cet opus sur les femmes en politique. Cet ouvrage s’adresse aux adolescents (à partir de 14 ans). Il trouvera toute sa place sur les étagères des CDI des collèges et des lycées. Il sera d’une aide précieuse dans le cadre de l’éducation civique au collège (en classe de troisième, notamment), dans le cadre des TPE (Travaux Personnels Encadrés) de première (HG – SES), par exemple.
Cet éditeur jeunesse propose trois collections thématiques : « Femmes ! », « J’accuse ! » et « Documents ». Si j’étais présidente est le premier titre de la collection « Femmes ! ».

L’ouvrage se divise en cinq grandes parties.

Parcours présente trois interviews de femmes politiques : Fabienne Bugnon, ancienne députée suisse ; Marie – Jo Zimmermann, députée UMP, à la tête de l’observatoire français de la parité et Véronique Keyser, députée européenne belge. On apprend ainsi que la place des femmes en Suisse est loin d’être progressiste. Les femmes suisses n’ont obtenu le droit de vote qu’en 1973. Il a fallu attendre 1981 pour que l’on inscrive dans la constitution l’égalité Hommes / Femmes. C’est seulement en 1996 que cette égalité s’est étendue au domaine du travail. Depuis 2005, seulement, le congé maternité est rémunéré ! Toutes ces indications données dans la première interview permettent de relativiser le retard français. Les témoignages de ces trois femmes rendent bien compte des difficultés auxquelles elles ont été confrontées lors de leur ascension et leur parcours en politique.

Documents expose une histoire des droits politiques féminins. Cette partie historique a le mérite de narrer de manière limpide la cause des femmes dans leur combat pour l’obtention du droit de vote en France, en Grande Bretagne et aux Etats-Unis. L’exemple français (le plus développé) est illustré par des portraits de femmes plus ou moins connues, qui ont œuvré pour la cause des femmes : Christine de Pisan, Gabrielle Suchon (philosophe féministe au temps du Roi Soleil), Olympe de Gouge, Jeanne Derain (première femme candidate aux élections de 1848 alors que les femmes n’avaient pas le droit de vote), Louise Michel, mais aussi Irène Joliot-Curie, Suzanne Lacore et Cécile Brunschvicg. Une fois les droits politiques acquis, un vaste chantier reste encore en œuvre dans le domaine du couple, de la famille et de la société. Cet aspect de la question est trop rapidement évoqué. Cette partie s’achève sur une carte (malheureusement muette) localisant les femmes chefs d’Etat, sur des statistiques présentant les pourcentages de femmes élues au parlement européen et dans les parlements nationaux.

Entretiens reproduit deux conversations tenues par les auteures journalistes avec la politologue Armelle Le Bras – Chopard et la philosophe Séverine Auffret. Armelle Le Bras – Chopard est l’auteure de Les putains du diable. Le procès en sorcellerie des femmes, paru chez Plon, en 2006. Elle rappelle que seulement 16% des enseignants du supérieur sont des femmes, encore aujourd’hui. L’accès des femmes à l’université, en tant qu’étudiante, est récent : 1924, jusque là celle que l’on appelait «l’étudiante» était la grisette, celle qui couchait avec l’étudiant ! Marie Curie a été la première femme professeure d’université en 1906, en ayant surpassé les nombreuses hostilités auxquelles elle a été l’objet. Le « plafond de verre » empêche encore les plus compétentes d’accèder aux responsabilités et aux postes de pouvoir.
Séverine Auffret, auteure de Sappho et compagnie, pour une histoire des idées féministes. Editions Labor, 2006, explique que la place inférieure des femmes dans l’inspiration révolutionnaire vient de la Démocratie Athénienne et de la République Romaine. Dans ces deux civilisations, la femme n’a aucun droit politique. La loi sur la parité (2000) est trop récente pour porter ses fruits. Les partis préfèrent payer des amendes plutôt que de présenter des listes paritaires. La présence d’une femme au second tour de l’élection présidentielle est le signe d’une avancée, même si la candidate a été l’objet, dans son propre camp, de réactions machistes (cf. « Qui va garder les enfants ? »).

L’ouvrage se clôt sur une bibliographie (très succincte mais bien adaptée au public ciblé) et, en annexe, la déclaration des droits de la femme d’Olympe de Gouge.

Ainsi, on retiendra, de la lecture de ce petit livre, que si des progrès importants ont été constatés sur le plan de la condition des femmes dans les pays occidentaux, force est de constater que, même dans ces pays, on est encore loin d’une égalité parfaite. Moins d’un tiers des femmes occupent des positions d’encadrement et de direction. Les femmes chefs d’Etats ne sont, en 2007, que 12 pour 191 pays. 70% des pauvres dans le monde sont des femmes. Le combat des femmes n’est pas à limiter au plan politique. Dans le domaine social, beaucoup de choses sont encore à faire.

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