À l’occasion du bicentenaire de la création, par Napoléon Ier, du bataillon des sapeurs-pompiers de Paris, ancêtre de la brigade actuelle, Éric DerooAncien assistant du cinéaste Robert Bresson, il a réalisé des films documentaires. Historien, associé au CNRS, il est scénariste de l’histoire et des représentations sociales, coloniales et militaires. Il a publié de nombreux livres, notamment La Force noire (Tallandier, 2006), Le Sacrifice du soldat (CNRS Éditions, 2009), Héros et Mutins. Les Soldats russes sur le front français (Gallimard, 2010) rend hommage à son père Raymond Deroo, ancien conservateur du musée de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris et à sa collection de photographies (plus de 400) qui permettent de retracer l’histoire des soldats du feu.

C’est en 1811 que commence cette histoire avec la création du premier bataillon suite à une catastrophe, l’incendie de la salle de bal lors du mariage de Napoléon 1er avec l’archiduchesse Marie-Louise, en juillet 1810. Cette institution vient remplacer le corps des gardes-pompes, instauré sous la Régence.

L’histoire spécifique des sapeurs-pompiers ouvre quelques perspectives sur les évolutions territoriales de la ville de Paris, sur l’habitat urbain, l’organisation administrative, et aussi les grands incendies, marqueurs de la vie économique et sociale.

L’ouvrage est organisé en grandes tranches chronologiques.

Les très nombreuses photographies donnent à voir les techniques lors des entraînements ou des interventions, la vie quotidienne du pompier est, selon les périodes, largement documentée.

1811-1871, le temps de la pompe à bras

1872-1913, la pompe à vapeur vient remplacer un matériel vieillissant, un réseau de bouches à incendie est mis en place. Les innovations techniques permettent, à partir de 1899, de remplacer la traction animale par des engins électriques, puis par le fourgon automobile à essence (1906). L’équipement individuel progresse avec le masque contre les vapeurs toxiques et les moyens d’alerte bénéficient du télégraphe puis du téléphone.

Quelques grandes interventions ont fait l’objet de photographies : crues de la Seine, grands incendies qui rappellent l’existence d’un tissu industriel urbain.

1914-1918, le tiers des effectifs est mobilisé pour le front, mais les tâches demeurent à Paris : en 1915, incendies du Bon Marché, du Moulin Rouge, puis les bombardements de la « Grosse Bertha ».

1919-1938, de nouveaux casques, de nouveaux matériels, la période est marquée par les débuts de la prévention avec la surveillance des lieux accueillants du public (théâtre). On voit aussi le rôle dans l’aide aux blessés lors des manifestations de 1934.

1939-1945, les soldats du feu participent à la défense passive, ils sont chargés de la distribution des masques à gaz en mars 1939. Après un repli, vers Clermont-Ferrand en 1940, les sapeurs-pompiers regagnent la capitale au service des populations et pour certains de la Résistance.

1945-1999, la tenue, les engins, les techniques se modernisent. Les interventions se diversifient : expertise lors des fuites de gaz, intervention à l’étranger lors de séismes.

XXIe siècle, nouvelles menaces

Le bilan des interventions montre que la lutte contre le feu ne représente plus que 5 % des sorties. Ce qui domine pour 75 %, ce sont le secours à victime et les accidents de circulation. Les risques technologiques comptent pour 15 % des interventions.

L’auteur rappelle la devise « sauver ou périr »Celle des pompiers professionnels comme volontaires, non-militaires : « Courage et dévouement » et dresse un bilan : 15 décès en service entre 1945 et 1999 et 10 depuis 2000.

Quelques doubles pages sont consacrées à des moments forts : les attentats de novembre 2015, les émeutes. L’incendie de Notre-Dame vient clore ce bel ouvrage.

Un livre d’images qui rend hommage aux soldats du feu.