Thierry Rollet présente ici un roman historique qui reprend les grandes lignes de la saga de Spartacus au Ier siècle av J-C.

Alors que les romans historiques fleurissent sur les étagères des librairies, la jeune maison d’édition Calleva, fondée en 2005, se lance à son tour dans l’aventure avec une série d’ouvrages dont Spartacus, la chaîne brisée de Thierry Rollet.Ancien enseignant, Thierry Rollet a publié depuis presque trente ans de nombreux ouvrages témoignant d’une oeuvre variée, alternant romans, contes, poèmes, essais historiques (sur un capitaine de Napoléon Ier) ou encore biographies (de Léo Ferré à Bruce Lee). Sociétaire des Gens de Lettres de France, il est également conseiller littéraire et formateur.
L’éditeur avec sa collection « Traces » entend faire non « pas une leçon d’histoire, mais une bonne histoire. », car comme dans tout roman historique il est à la fois question d’Histoire et d’histoires.Celle de Spartacus est largement connue. Pour en rappeler les grandes lignes, Spartacus, gladiateur d’origine thrace, parvient à s’enfuir en -73 avec quelques compagnons d’une école de gladiateurs à Capoue.
La troupe grossit ensuite attirant esclaves et petits paysans, et bat une première fois l’armée romaine. Spartacus alterne ensuite victoires et défaites, comme celle qui vit la mort de Crixus, séparé de la troupe principale avec un contingent de 20 000 à 30 000 hommes.
Spartacus gagne ensuite la plaine du Pô, accumulant les victoires puis se rend en Sicile où il est trahi par des pirates avant de se retrouver temporairement bloqué.
Crassus, riche général romain, à la tête de six légions, entreprend de stopper les raids de Spartacus. Ce dernier est finalement vaincu en -71 par Crassus, achevant ainsi la troisième guerre servile. Spartacus serait mort dans la bataille, bien que les sources restent muettes.
Cette révolte est suivie d’une répression sanglante à l’encontre des esclaves et profita à Pompée et Crassus.

Cette histoire a été adaptée à de nombreuses reprises par la littérature dès 1873 où un ouvrage établit un parallèle avec les évènements de la commune jusqu’au très récent Spartacus (2005) de Max Gallo.
Le cinéma a également adapté cette histoire, le film le plus connu étant celui achevé par Stanley Kubrick en 1960, un téléfilm américain ayant plus récemment repris l’histoire.

Le roman de Thierry Rollet navigue entre respect de la trame historique et libertés narratives. Il prend ainsi le point de vue d’un compagnon de Spartacus, Spiros, guérisseur, qui des années plus tard raconte à son petit-fils l’histoire de Spartacus. C’est ainsi une double narration qui nous est offerte, la transmission au petit-fils constituant un moyen d’insister sur l’exemplarité de cet événement historique.

En effet si les historiens sont partagés sur les motivations de Spartacus. L’image d’un Spartacus, combattant pour la liberté, voulant mettre fin à l’esclavage et à la décadence romaine est séduisante pour le public, et à été reprise de nombreuses fois. Cependant les sources ne permettent ni d’affirmer, ni de contredire ce point de vue. Le roman reprend ainsi une idée utopiste et attribue à Spartacus la volonté de créer une Cité du soleil égalitaire.
Les divisions au sein du groupe de Spartacus sont bien reprises dans le roman, le personnage étant en proie au doute constant par rapport à ses semblables et au centre des différents intérêts.

Sans dévoiler l’histoire, Thierry Rollet reprend fidèlement les grandes lignes de la saga de Spartacus. Les principaux événements, les grands personnages historiques comme Pompée, Crassus, Crixus se retrouvent ici. De même la fin très ouverte s’inscrit entre la réalité historique et les adaptations précédentes.
Le style de l’auteur reste clair et les nombreuses notes permettent à un public plus ou moins néophyte de ne pas être perdu. Le roman s’adresse donc tout autant à l’enseignant de sixième qui voudra rafraîchir ses connaissances sur ce thème à travers une lecture récréative, qu’au grand public. Certains seront peut être parfois rebutés par le style un peu emphatique par moment, même si le récit reste de bonne facture.

Ce roman sait donc naviguer entre deux eaux. On pourra cependant lui reprocher des allusions un peu appuyées au christianisme dans le dernier chapitre, ainsi qu’un parallèle discutable historiquement. Toutefois rappelons nous bien que l’on se situe dans le roman historique ou les écarts sont permis, tant que le lecteur se laisse porter par une bonne histoire.

Fabien Vergez – Collège Desaix – Tarbes