L’ouvrage Tableau historique de la France – La formation des courants politiques de 1789 à nos jours nous offre une analyse approfondie de l’évolution des courants politiques en France depuis la Révolution française jusqu’à l’époque contemporaine. L’auteur examine comment ces courants se sont formés, ont évolué et ont influencé la politique française depuis lors.
Dès les premières lignes, Hervé Le BrasHistorien et démographe, directeur d’études à l’EHESS, l’auteur a par ailleurs enseigné comme maître de conférences en sciences sociales à l’École polytechnique entre 1972 et 1992, ainsi que maître de conférences en DEA d’économie à l’Institut d’études politiques de Paris entre 1979 et 1990. On lui doit entre autres : Marianne et les lapins : l’obsession démographique (Hachette, 1992), Naissance de la mortalité (Gallimard/Seuil, 2000), ou bien encore Il n’y a pas de grand remplacement (Grasset, 2022) (Éditions midi-pyrénéennes, 2022) et avec Emmanuel Todd : L’invention de la France : atlas anthropologique et politique ( Gallimard, 2012). marque sa filiation avec André Siegfried — pionnier de sociologie politique — en évoquant l’ouvrage majeur de celui-ci : Tableau politique de la France de l’Ouest, qui, de façon chirurgicale, analyse, canton par canton, quarante années d’élections dans la France de la Troisième République.
Cependant, Hervé Le Bras ne manque pas de rappeler que Siegfried ne s’intéressait que fort peu au détail des partis, préférant privilégier les évolutions des coalitions de droite et de gauche. Toutefois, l’auteur tempère son propos en précisant que sous la Troisième République, le rôle des partis — au moins jusqu’à la naissance du Parti républicain radical, radical et radical-socialiste et de l’Alliance républicaine démocratique (tous deux fondés en 1901), — et le rôle partisan des groupements politiques étaient, somme toute, assez effacés.
Nonobstant, Hervé Le Bras entend poursuivre l’œuvre de son devancier, en usant notamment d’une analyse géographique électorale basée sur des éléments factuels.
Pour ce faire, l’auteur entend dépasser les quinze départements étudiés en son temps par André Siegfried, lui préférant l’ensemble du territoire, tout en reconnaissant son incapacité d’atteindre la même finesse géographique que l’auteur du Tableau politique de la France de l’Ouest.
Les courants politiques au XIXe siècle
Dans le deuxième chapitre de son ouvrage, Hervé Le Bras traite des courants politiques au XIXe siècle, jusqu’à leur prolongement actuel. Ici, l’auteur s’intéresse aux ancêtres de notre droite actuelle : le royalisme, le bonapartisme, ainsi qu’à ceux de notre gauche contemporaine : le républicanisme et le socialisme.
Mettant tous ces mouvements en perspectives, Hervé Le Bras entend établir des lignes de fractures, mais aussi des lignes de porosité entre la gauche et la droite, quant aux questions relatives à la propriété ou bien encore à la famille, sujets politiquement clivants.
En corrélant les tableaux statistiques relatifs aux répartitions géographiques des propriétés et des dévolutions successorales, l’auteur établit des comparaisons entre le vote de la gauche (républicaine et montagnarde) de 1849 et le vote gaulliste (RPF) de 1951. L’auteur va plus loin dans sa démonstration, en l’illustrant par un calque quasi parfait, entre la ligne de séparation que constituent les zones libre et occupée en 1940, mais aussi avec la géographie de la gauche en 1849 et celle du Rassemblement du peuple français en 1951.
L’auteur conclut son propos en s’intéressant à la droite non-gaulliste, qui se radicalise dans l’espace dans l’ancienne zone occupée, la gauche quant à elle, s’établissant géographiquement au sud de notre territoire national.
Chasse, pêche, nature et traditions
Dans le troisième chapitre, Hervé Le Bras s’intéresse au mouvement Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT). Phénomène autant instantané que brutal, l’apparition de ce parti politique a pour catalyseur la publication, en 1999, d’un rapport sur l’interdiction de certaines formes de chasses prise par une directive européenne vingt ans plus tôt. En réaction, pêcheurs et chasseurs prennent la décision de fonder un parti, avant de constituer une liste aux élections européennes, à l’occasion desquelles ils recueillent 4,1 % des suffrages. Si leur plus fort score est relevé dans le Sud-Ouest, il interpelle cependant en Picardie, région qui compte pourtant moins de licences de chasses en proportion de la population.
Cette cristallisation régionale ne peut se démontrer politiquement. Plutôt que de vampiriser les voies de l’électorat frontiste, le CPNT a buté contre ces derniers. L’auteur démontre que CPNT et Front national, s’ils se partagent l’électorat des mécontents et autres antisystèmes, ne se sont pas partagés le terrain, rural pour le CPNT et urbain pour le FN. Cependant, les suffrages FN et CPNT suivent des mouvements inverses en fonction de leur distance de la baie de la Somme, épicentre du mouvement CPNT en Picardie.
L’identité de groupe avait permis de créer le CPNT. Cependant, la pérennité du parti ne reposait sur aucune organisation solide et ne comptait pas assez de militants. Finalement, tel un château de cartes, le mouvement s’effondre sur ses bases géographiques. Si le reflux du vote CPNT a bénéficié au candidat FN aux présidentielles de 2002 et 2012, dans le sud-ouest en revanche, l’électorat CPNT a retrouvé ses bases électorales, tant à gauche qu’à droite de l’échiquier politique.
Les Bonnets rouges
Le quatrième chapitre est consacré aux Bonnets rouges, comme objet « archéologique ». L’auteur présente ce chapitre comme l’opposé historique du précédent chapitre. En effet, si ce mouvement régionaliste du centre Bretagne fait irruption lors des élections régionales de 2014, pour s’opposer à une écotaxe pénalisante économiquement pour la région bretonne, il marque la résurgence d’un mouvement révolutionnaire apparu en 1675, à l’occasion d’une révolte paysanne contre une nouvelle taxe. Cette révolte prit pour emblème le bonnet rouge. Ici, il s’agit pour Hervé Le Bras d’inscrire ce phénomène des Bonnets rouges dans un enchaînement d’attitudes politiques remontant à des faits très anciens, ainsi qu’à des causes fiscales identiques. L’auteur circonscrit ce mouvement à Carhaix, commune d’où est élu Troadec, leader des Bonnets rouges.
Hervé Le Bras identifie deux terres de combat, avec certaines interactions conduisant à la résurgence des Bonnets rouges et à l’implantation communiste. Si les deux courants semblent imperméables, l’auteur identifie cependant le serment à la constitution civile du clergé de 1791 comme ciment historique commun à ces deux idéologies : Bonnets rouges mâtinés d’un communisme issu de la résistance.
L’auteur conclut ce chapitre en précisant que si « l’analyse du vote CPNT dans la Somme était simple, autant celle du vote des Bonnets rouges est complexe ».
Les Gilets jaunes
L’auteur consacre le cinquième chapitre de son ouvrage à la révolte des Gilets jaunes. Il revient sur cet évènement spontané survenu le 17 novembre 2018 et qui voit 280 000 personnes manifester partout en France, sur plusieurs ronds-points, revêtus d’un gilet jaune, arrêtant les automobilistes au motif de demander l’annulation d’une nouvelle taxe dite « écologique ».
Ce phénomène, qui va durer presque deux ans, touche principalement les ménages de province qui ont besoin de se déplacer quotidiennement en véhicule pour se rendre sur leur lieu de travail. Ici, le rôle de l’automobile est central.
La question de l’orientation partisane des Gilets jaunes se pose à la veille des élections européennes. Qui peut tenter de récupérer les suffrages de ce mouvement à la frontière avec les positions de l’extrême droite ? Le FN peut-il récupérer le mouvement, comme il avait pu le faire avec les oripeaux du CPNT ?
L’étude de terrain permet à l’auteur d’avancer la conclusion que l’entreprise était vouée à l’échec par sa morphologie de sa configuration spatiale. L’entreprise débutée autour des ronds-points ne pouvait coloniser que d’autres ronds-points, incapable de diffuser la contagion ailleurs dans l’hexagone.
L’irruption du Front national
Dans le sixième chapitre, l’auteur qualifie de « mystérieuse » l’irruption du Front national sur la scène politique lors de l’élection européenne de 1984. Toutefois, l’élection municipale de Dreux et la partielle d’Aulnay-sous-Bois, quelques mois plus tôt, avaient vu les médias braquer leurs caméras sur ce parti né douze ans plus tôt.
Rapidement, les commentateurs voient dans le FN une réponse aux inquiétudes des Français concernant les questions d’immigration et de sécurité. Le Premier ministre socialiste Laurent Fabius aura d’ailleurs cette formule : « Le Front national pose les bonnes questions, mais leur donne de mauvaises réponses. »
L’étude de la cartographie relative à la proportion d’étrangers originaires du Maghreb, entre 1975 et 1982, demeurée homogène, n’explique pas la forte évolution du suffrage frontiste sur ces deux mêmes périodes.
La double hypothèse du déclin du PC et du rôle des rapatriés d’Algérie, est, elle aussi, mise à mal par l’analyse effectuée département par département. Les transferts de la droite au FN ont été quant à eux importants, sans pour autant en trouver les causes. In fine, il est assez encore malaisé de connaître et comprendre les raisons de l’évolution du FN et de son leader charismatique, Jean-Marie Le Pen.
Pour tenter d’y trouver une réponse, l’auteur entend analyser le FN à la loupe — dans un septième chapitre — en affinant son enquête à l’échelon communal. Comment, depuis sa fondation, le FN, qui n’avait jamais atteint 1 % des voix, engrangea subitement 11 % des voix à l’occasion des Européennes de 1984. Simple réaction de mécontentement envers la gauche au pouvoir ? Hostilité à l’Europe ? Si le score de Le Pen à la présidentielle de 1988 est 4 points au-dessus de celui enregistré en 1984, la distribution départementale des scores ressemble énormément à celle de ses débuts, comme le démontre la juxtaposition de la répartition géographique des scores frontistes aux neuf élections nationales qui ont eu lieu entre 1984 et 1995.
À l’instar de Siegfried, s’intéressant à l’influence des populations dispersées sur les suffrages exprimés, l’auteur ici s’intéresse à l’évolution du FN et constate que ce dernier se développe plus rapidement dans les communes densément peuplées, implantées le long des voies fluviales et autoroutières que dans le reste du territoire national.
Toutefois, deux interrogations restent encore sans réponse : pourquoi le contraste entre les régions de l’Ouest et celles de l’Est subsiste-t-il ? Autre interrogation, celle relative au basculement des votes de l’extrême droite des grandes villes vers les petites communes.
Dans le huitième chapitre, l’auteur poursuit son étude du FN en s’intéressant tout particulièrement au basculement social de ce dernier.
Hervé Le Bras constate que le vote frontiste est resté le même entre 1995 et 2017 dans les départements métropolitains. Les changements observés concernent les communes de moins de 5000 habitants. Les plus fortes progressions se sont produites dans les zones traditionnelles de force du PC, dans le Nord et le Centre de la France, ainsi qu’autour de la Méditerranée. Petit à petit, l’électorat communiste a rallié les idées frontistes. Les gains du FN sont plus importants parmi une population agglomérée, suivant une ligne Le Havre-Genève. L’auteur s’interroge sur le fait de savoir si une telle structure de regroupement de populations peut favoriser l’expansion du vote initial en faveur du parti frontiste.
Paramètre important des mœurs et conséquences du vote, l’analyse faite par Siegfried est toujours pertinente un siècle plus tard, malgré l’urbanisation croissante du pays. Cependant, le pourcentage de votes en faveur de Le Pen décroît à mesure que la population communale augmente. Paradoxalement, le vote frontiste recueille plus de suffrages localement dans les petites communes, là où le chômage est le plus faible.
Le FN — à l’instar du PC un siècle plus tôt, — s’est institutionnalisé. Une culture frontiste s’est constituée, s’est isolée et a créé une distance avec le reste de la société.
Les « jureurs » et les « réfractaires »
Dans le neuvième chapitre, l’auteur s’intéresse à ceux qu’il appelle les « jureurs » et les « réfractaires ». Hervé Le Bras remonte ici jusqu’à l’année 1791, qui vit 50 876 curés et vicaires français appelés à prêter serment à la Constitution. À cet instant, la France se coupe en deux camps distincts. Les jureurs sont majoritaires dans un grand Bassin parisien qui descend jusqu’au Berry, au Bourbonnais et au Bordelais, ainsi qu’au Sud-Est, dans le Dauphiné et la Provence. Les réfractaires quant à eux l’emportent dans une France périphérique (nord, Bretagne, Alsace, Lorraine, Franche-Comté, ainsi qu’au sud du Massif central).
Aux sept grandes régions identifiées par l’historien américain Timothy Tackett, spécialiste de ma Révolution française, Hervé Le Bras ajoute aux traits religieux, des facteurs sociaux, cultures et politiques. Le Nord (réfractaires) est constitué de provinces réputées étrangères, sans gabelles. L’Est, lui aussi réfractaire. Ses langues locales et ses provinces sont réputées étrangères. La méfiance à l’encontre des protestants y est grande. Jureur, le Sud-Est est une terre de propriétaires où la moyenne gabelle a été supprimée. Réfractaire, le sud du Massif central est un territoire où le protestantisme est fortement implanté et les langues locales, présentes. Le Sud-Ouest, jureur, est un pays de métayers et de journaliers. Enfin, l’Ouest réfractaire est un pays d’états avec ses langues locales. Lui aussi a supprimé la gabelle. Ici l’auteur note un partage qui unifie plusieurs terrains sociaux, culturels et politiques. In fine, il constate une certaine continuité.
Dans le dixième chapitre, il est question des deux France. Ici, l’auteur revient notamment, de façon liminaire, sur la fracture entre une France « jureuse » et une France « réfractaire », pour expliquer le vote de Cavaignac à l’élection présidentielle de 1848, candidat plus conservateur que ne l’est Louis Napoléon Bonaparte.
Hervé Le Bras note qu’aux élections de 1877, une fois la République assurée (elle ne le sera complètement qu’à compter de 1879), la droite domine encore à l’Ouest, au Nord et au Sud, la gauche étant quant à elle implantée à l’Est du territoire national. Cette répartition évolue peu jusqu’en 1893, qui voit le succès de la droite alliée au centre. Ce n’est seulement qu’en 1898 que la géographie de la droite et celle de la religion coïncident. L’affaire Dreyfus et la montée de l’antisémitisme conduisent presque mécaniquement la droite à l’emporter dans les régions où la religion catholique est implantée.
Ayant trouvé son pointé d’attache, la droite va désormais se maintenir ou dominer dans les régions catholiques tout au long du XXe siècle. Au sortir du second conflit mondial, la droite représentée par le MRP et par le centre semble solidifiée, tant aux élections législatives de 1956 qu’à l’élection présidentielle de 1974 qui voit la victoire de Valéry Giscard d’Estaing.
L’auteur note que lorsque droite et gauche affichent une position unanime, les clivages plus anciens ressurgissent. Ainsi le jacobinisme ressurgit-il pour s’opposer aux libertés locales et régionales.
La gauche
Dans le onzième chapitre, l’auteur s’intéresse à la gauche. Ainsi rappelle-t-il qu’il faut attendre 1848 pour qu’une gauche apparaisse. Il considère cependant que parler de gauche sous la Révolution relève de l’anachronisme. Hervé Le Bras considère, en effet, qu’il faut attendre la fin de la Monarchie de Juillet pour voir apparaître une gauche, c’est-à-dire une opposition politique républicaine.
Bientôt, deux gauches vont s’affronter : celle (bleue) des possédants, et celle (rouge) des ouvriers. L’auteur parvient à produire un calque des suffrages portés sur les noms de Ledru-Rollin et Raspail en 1848, avec les scores de François Mitterrand, au premier tour de l’élection présidentielle de 1965. La répartition géographique des votes est voisine. Dans les deux cas de figure, les départements ayant le plus voté à gauche se disposent en arc de cercle autour du Massif central, en Basse-Bourgogne, Berry Limousin, Guyenne, d’Agen à Toulouse, Languedoc, Provence. La transmission d’une tradition politique locale peut expliquer cette permanence.
L’anticléricalisme, quant à lui, fait le lit de la gauche radicale (1877), située à l’extrême gauche de l’éventail parlementaire. L’apparition dans le jeu parlementaire des radicaux (1893), puis des socialistes (1924), enfin des communistes (1936), au ra pour effet de déporter vers le centre cette ancienne gauche radicale, par le jeu du sinistrisme.
Toutefois, 1984 marque un tournant du : « toujours plus à gauche », qui, avec les bons résultats du FN, devient « toujours plus à droite ». Au sinistrisme a succédé un dextrisme. Le parti le plus à droite de l’échiquier politique tend à policer son discours, tentant ainsi de se rapprocher de la droite républicaine. Ainsi, la dédiabolisation pratiquée par Marine Le Pen la rejette-t-elle à gauche d’Eric Zemmour et de Marion Maréchal, alors même que s’estompent les différences gauche-droite nées de la période révolutionnaire.
Un nouveau partage territorial
Dans le douzième chapitre, l’auteur s’intéresse au nouveau partage territorial qui se fait jour, — au sortir des années 1960, avec la fin de l’emprise morale du catholicisme sur la société et l’effritement du PCF, qui se replie sur lui-même — sur ses trois pôles historiques que sont le Nord, le Centre des paysans rouges et la ceinture méditerranéenne. Nouvel homme fort du PS après le congrès d’Épinay, François Mitterrand a su se rapprocher de l’opinion catholique, faisant ainsi évoluer ses gains électoraux, au détriment du parti de Georges Marchais.
À la droite de l’échiquier politique, si Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac présentaient un catholicisme de façade, pour sa part, Nicolas Sarkozy se démarque de ses devanciers, privilégiant la droitisation de la vie politique, en vue de récupérer les électeurs du Front national. Ceux qui refusaient cette stratégie ont préféré se tourner vers le Modem de François Bayrou.
Hervé Le Bras voit dans l’élection présidentielle de 2012, le duel Sarkozy-Hollande, la confrontation entre, un centre droit anti-FN et un bloc social-démocrate. Cette nouvelle configuration politique perturbe l’opposition traditionnelle entre la droite et la gauche. Un nouveau partage idéologique apparaît encore à l’occasion de l’élection présidentielle de 2017, qui voit Emmanuel Macron s’opposer à Marine Le Pen. Ce duel voit l’absence au second tour, de la droite et de la gauche classiques. Ici, s’opposent : un centre droit allié au centre gauche contre le FN seul.
L’élection présidentielle de 2022
Dans l’ultime chapitre de son ouvrage, l’auteur s’intéresse à l’élection présidentielle de 2022, qui voit une nouvelle fois Emmanuel Macron s’opposer à Marine Le Pen. Leur duel, cinq ans plus tôt, avait dépassé de justesse l’opposition classique : droite gauche. En 2022, les cartes du jeu électoral avaient été largement rebattues. Après avoir laminé ses rivaux, tant à droite qu’à gauche, afin de maintenir son face-à-face « supposé gagné » face au FN, le président sortant ne trouvait plus devant lui que le FN et sur sa gauche, la France insoumise. La gauche était quasi morte quant à l’extrême droite, elle était dorénavant représentée par Éric Zemmour.
Hervé Le Bras démontre que la géographie électorale démontre une grande similitude dans les suffrages Le Pen-Zemmour. Plus intéressante encore est l’impression laissée au premier, d’une opposition entre Zemmour et Mélanchon, in fine, entre les deux extrêmes. Enfin, les reports de voix au second tour nous apprennent que tous deux ne sont pas stabilisés, les électeurs n’ayant pas suivi les mots d’ordre de leur leader : ne pas voter Le Pen pour Mélanchon, voter Le Pen pour Zemmour.
Hervé Le Bras conclut son ouvrage en mettant en évidence la diversité des courants politiques en France et en soulignant leur rôle dans la formation de la démocratie française contemporaine. Son Tableau historique de la France offre au lecteur une perspective approfondie et complète de l’évolution des courants politiques en France « modernes », en mettant en lumière leur impact sur l’histoire et la politique du pays. C’est un ouvrage essentiel pour ceux qui souhaitent comprendre les dynamiques politiques françaises depuis 1789.