Cet ouvrage fait partie d’une collection de quatre volumes. Il a été initialement publié en 1996 avant de connaitre de nombreuses rééditions et compléments. La précédente mise à jour date de 2011. C’est un ouvrage de référence d’une très grande richesse. Il est structuré en quatre temps, eux-mêmes subdivisés et comprend un sommaire très détaillé permettant d’aller directement au sujet précis souhaité. Chaque partie commence par une introduction, des repères chronologiques et des cartes. A la fin on trouve un très utile index des noms et un autre topographique. L’ouvrage comprend de nombreuses reproductions en couleurs. Il n’est nullement possible dans ce compte-rendu de donner un aperçu de toute sa richesse.
De la méthode avant toute chose
Après une introduction générale, l’ouvrage propose des repères méthodologiques sur la manière de commenter une peinture, des sculptures ou encore comment lire une façade. Parmi tous les changements artistiques qui se produisent alors, on peut relever le fait que la période voit apparaitre des médias inconnus comme la gravure. La naissance du marché de l’art contribue à la définition contemporaine de l’artiste. « Dévotion, célébration, délectation, ces trois fonctions… tissent un arc changeant au cours des quatre siècles de ce qu’il est convenu d’appeler la modernité ». Les fiches méthodologiques sont ensuite développées sur une double page et incarnées par des exemples. Au-delà des classiques sur la peinture, on notera une approche sur l’art du buste. Un glossaire des termes d’architecture conclut la partie. On trouve aussi dans chaque chapitre de nombreux encarts permettant d’envisager un angle de la question.
A l’aube des Temps modernes
Les auteurs s’arrêtent d’abord sur la singularité florentine avant de s’intéresser à la peinture toscane. C’est l’occasion alors de parler de Brunelleschi, « l’inventeur de la perspective », ou de Masaccio et de la fameuse chapelle Brancacci. L’art des cours est également abordé en examinant plusieurs villes : Naples, Milan, Ferrare ou Mantoue. Parmi les figures majeurs de l’époque, il y a aussi Jan Van Eyck, considéré comme l’inventeur de la peinture à l’huile. A la même époque, on voit apparaitre l’estampe considérée par l’Eglise comme un moyen de propager la foi. Le livre s’arrête également sur l’époque de Laurent de Médicis avec, entre autres, « Le Printemps » de Botticelli. Les auteurs terminent cette partie en évoquant la Renaissance en Italie du nord.
La Renaissance accomplie
Cette deuxième entrée montre une Europe où des Français circulent en Italie et des Italiens en France. Les auteurs reviennent sur la question du classicisme à Venise et Florence avec des figures majeures telles Giorgione, Le Titien et Lotto. Le livre se poursuit sur Rome avec Raphaël, Michel-Ange mais aussi des bâtiments comme la villa farnésine. Du côté du Nord, la Renaissance s’incarne, entre autres, à travers la figure de Dürer. Il doit sa célébrité à ses gravures très répandues et copiées dans l’Europe entière. C’est lui qui a imposé la gravure comme un art majeur et autonome. Les autres figures marquantes sont Cranach, Holbein ou encore Metsys. Un autre chapitre aborde Le Titien et sa carrière internationale mais aussi Véronèse et Le Tintoret. Plusieurs pages sont consacrées au « luxe, faste et intimité ». Les cours princières jouent un rôle décisif dans la vie artistique. Les fresques et tapisseries continuent de rivaliser pour habiller les murs, mais les meubles commencent à prendre des formes plus variées. Le chapitre parle également des jardins et de leurs variations. L’entrée suivante envisage la culture de l’image à l’époque moderne avec notamment la question de l’iconographie au temps de la Réforme. C’est l’époque aussi où les seigneurs choisissent des devises que leur composent les humanistes à leur service.
Rhétorique classique
Le livre se poursuit avec un état des lieux vers 1600 en l’articulant à la question de la Réforme. C’est l’époque aussi de peintres comme Le Caravage ou Rubens. Rome s’impose comme capitale européenne des arts. Une puissante restauration religieuse transforme la ville en un grand chantier artistique. On appréciera la célèbre « Apollon et Daphné » du Bernin. Le livre enchaine avec les écoles du Nord où, là aussi, les grands noms ne manquent pas : Rembrandt, Vermeer ou le peut-être moins connu mais éblouissant Saenredam. Les auteurs traitent aussi des foyers et des artistes, en ciblant le foyer lorrain ou napolitain. Une autre entrée permet de détailler les genres, que ce soit le portrait, le paysage, les batailles ou les natures mortes. La question de la dévotion distingue les églises et les éléments privés. A la fin de la période, c’est cette fois Paris qui apparait comme la nouvelle Rome avec des figures comme Lebrun. Par ailleurs la sculpture se taille la part du lion pour participer à la gloire du roi. Versailles est évidemment longuement abordé.
L’époque des Lumières
Parmi les chapitres de cette dernière partie, l’un aborde « la crise et les métamorphoses de la peinture ». Venise au XVIIIème connait un âge d’or paradoxal : la puissance politique et économique de la ville est en déclin mais cela n’affecte en rien les arts. Cette époque est marquée également par l’orientalisme et les chinoiseries de Boucher. Les villes se transforment et les places s’aménagent, que ce soit à Lisbonne, Copenhague ou Bruxelles. Les auteurs reviennent sur Rome qui a le statut d’académie de l’Europe. L’Antiquité classique est à la mode. On assiste également à une hégémonie de la nature avec l’esthétique des jardins. On peut citer, parmi tant d’exemples, le jardin de la Fontaine à Nîmes. Les sentiments sont mis en scène avec les tableaux de Greuze ou de Fragonard. Pour une figure moins connue peut-être on peut citer les étonnantes têtes de Messerchmitt. Les auteurs se focalisent enfin sur la question des arts au service de l’histoire. On songe évidemment à la figure de David mais aussi aux constructions de Ledoux comme la saline royale d’Arc-et-Senans.
L’ouvrage est donc d’une très grande richesse et constitue une référence pour aborder la question des arts à l’époque moderne. Un indispensable à avoir dans sa bibliothèque. Au-delà de la somme qu’il constitue, il peut aussi être ouvert simplement pour le plaisir des yeux.