Dix ans après les attentats de Charlie Hebdo, « les larmes ne sont pas séchées » écrit Jean-Noël Jeanneney en introduction de cette très belle livraison des Tracts Gallimard.
L’historien évoque dans son propos liminaire la loi du 29 juillet 1881 et surtout rappelle qu’il « revient à la seule démocratie de défendre inflexiblement la liberté de penser, de parler d’écrire et de dessiner, tout simplement parce que celle-ci touche à l’intimité de sa raison d’être ».
Le dessinateur Kak, président de Cartooning for peace (association fondée en 2006 par Kofi Annan et Plantu et qui se fixe principalement trois objectifs : promouvoir le dessin de presse, sensibiliser par le dessin de presse et soutenir les dessinateurs de presse menacés), se demande si, dix ans après, nous sommes encore Charlie.
Après le constat accablant que la liberté des dessinatrices et dessinateurs de presse est de moins en moins importante à l’échelle du monde, Kak écrit que « la vocation première des dessinatrices et dessinateurs de presse (est) celle d’entretenir la flamme de l’ impertinence, de l’esprit critique et de l’anticonformisme » et qu’ils « le font pour eux, mais aussi, et surtout, pour vous. S’ils ne sont plus libres, vous ne le serez plus non plus ».
En quarante dessins, venus de nombreux horizons et organisés autour de cinq grands axes (hommage aux disparus, esprit Charlie, Le dessin au défi des religions, un métier à risque et combat pour la liberté de la presse), cette liberté est réaffirmée avec brio. Un très beau numéro des Tracts Gallimard qui respecte à la ligne son ambition programmatique.