Défendant une ligne éditoriale cherchant à « provoquer à juste titre », les éditions Max Milo publient des essais et documents sur des thèmes de société originaux à l’image de cette histoire mondiale du conteneur.

Rédigé par Marc Levinson, économiste et journaliste à Newsweek et The Economist, ce livre, déjà best-seller aux Etats-Unis, comble un vide sur ce sujet qui n’avait pas suscité l’intérêt des universitaires et des spécialistes et offre une recherche croisant trois entrées : « l’incidence des mutations de la technologie des transports, l’importance de l’innovation, la corrélation entre les frais de transports et la géographie économique ».

Presque toute la révolution du conteneur tient à l’idée et à la volonté d’un seul homme à la développer, Malcolm McLean, un magnat du camionnage autodidacte, qui avait vu juste en proposant de mettre directement les remorques des camions sur les bateaux.

Véritable symbole du processus de destruction créatrice, cette histoire montre que le procédé a d’abord mis au tapis l’ancien système économique (de par l’inadaptation de la plupart des ports à recevoir les porte-conteneurs) avant d’en bâtir un nouveau basé sur l’agrandissement continu des infrastructures d’accueil, le développement des compagnies de routage, la mise en place du délicat combiné route-rail-mer, une véritable réorganisation de toute la filière dont l’objectif clé était d’éviter au maximum la rupture de charge.

L’ouvrage se structure en 14 chapitres alternant déroulé historique et focalisation sur des aspects plus précis, les uns et les autres se lisant avec plus ou moins de facilité. Si celui sur l’étude du « système » décrivant le ballet des grues pour faire s’empiler ces caisses s’emboitant grâce à l’invention cruciale que constitue le verrou tournant tient en haleine, celui traitant de l’établissement des normes et de la longue recherche de la dimension idéale du conteneur s’avère plutôt fastidieux.

L’essentiel à saisir est bien comment cette invention a bouleversé la géographie maritime mondiale (de la naissance du système à New-York à l’adaptation nécessaire des ports pour rester dans la cour des grands : côte Ouest d’abord, puis Europe et aujourd’hui Asie) et comment McLean s’est affiché avec obstination sur tous les fronts, même ceux d’ampleur politique majeure (gestion de la logistique de la Guerre du Vietnam).

Aujourd’hui, le système semble avoir atteint son optimum : la quête de navires toujours plus grands ne se heurte plus uniquement à la capacité d’accueil des ports mais également à la profondeur de certains couloirs maritimes (à l’image du très fréquenté détroit de Malacca). Se pose et se posera aussi la question du carburant toujours plus gourmand à l’approvisionnement et toujours plus nuisible en cas de problème…

Malgré quelques longueurs et une absence de sous-titres dans les chapitres qui auraient peut-être aidé, la forme narrée convient tout à fait bien à l’histoire de ce rêve américain ayant bouleversé la face du monde actuel. Une bonne façon de comprendre la mondialisation au travers de sa géographie et de son histoire économique et sociale.