Si pour certains SAS renvoie à l’œuvre de Gérard de Villiers et à l’âge d’or d’une pop culture à la française, il n’en demeure pas moins qu’il faille revenir aux fondamentaux. Bien avant d’appartenir au genre des romans de gare, les SAS furent une unité d’élite qui connut son heure de gloire dans le désert d’Afrique du Nord, devenant dès lors une référence absolue dans le domaine de la guérilla à partir de la fin 1941. C’est exactement ce que The regiment – L’histoire vraie du SAS – Livre 1 nous propose de découvrir.
Les auteurs, Vincent Brugeas pour le scenario, Thomas Legrain pour le dessin et Elvire De Cock pour la colorisation, proposent ici une bande dessinée accompagnée d’un petit dossier historique tout à fait plaisant.
L’histoire vraie du SAS, les forces spéciales de l’armée britannique.
Pour faire face à l’écrasante supériorité de l’Afrikakorps de Rommel, des officiers ont l’idée de créer un petit régiment d’hommes surentraînés, voué à combattre exclusivement derrière les lignes ennemies. Après une période d’entraînement et de missions de reconnaissance, le SAS lance ses premiers raids sur les aérodromes allemands.
Who dares wins // Qui ose gagne
Les vies de Robert « Paddy » Blair Mayne, de John « Jock » Steel Lewes et de David Archibald Stirling furent au sens premier du terme extraordinaire. En réalité les SAS n’ont rien inventé car les missions de commandos et la guerre irrégulière leur sont largement antérieures. Leurs combats, leurs actions, pour certaines incroyables, ont cependant marqué les imaginaires au point de faire de leur vie une sorte de grand roman d’aventures qu’il était temps de découvrir sous forme de bande dessinée.
Le travail des auteurs s’inscrit dans la droite ligne de celui de la bande dessinée anglaise et notamment du magazine culte de comics britannique, Commando. Tout au long des années 1960 l’éditeur DC Thomson a proposé une multitude de titres mettant en scène la violence et l’absurdité de la guerre, mais aussi le courage de bravoure ou de façon plus dure aveuglement et la lâcheté. Ces récits de coups de poings s’inscrivent dans la droite ligne des Blazing Combat déjà chroniqués ici. Les actions spectaculaires ont permis de faire vivre les exploits de divers unités de commandos britanniques américaines, à travers une forme de littérature de gare, en noir et blanc. Cependant la filiation s’arrête au thème de la guerre qui lie ces histoires. Ce premier album, d’une grande qualité, a pour ambition de nous faire découvrir l’histoire vraie des SAS, dans un style réaliste, dessinée avec soin, bénéficiant aussi d’une bonne colorisation et d’un vrai travail de recherche historique.
The regiment – histoire vraie du SAS – livre 1 : un premier album convaincant
Ce premier album propose de mesurer comment Sterling et Paddy, à la tête de leurs hommes, créèrent de toutes pièces une unité redoutable. S’affranchissant de toute règle, méprisant la hiérarchie et plus particulièrement les plus hauts gradés de l’état-major, ils vont se tailler une réputation de combattants impitoyables, redoutés des Italiens tout autant que des Allemands de Rommel.
Après une mise en scène classique, le scénario nous plonge au cœur du désert. Les couleurs chaudes font leur effet et on s’attache assez vite à ses hommes pour qui de nombreux officiers éprouvent un réel mépris. Seuls, dans le désert, un petit peu à la manière des Têtes Brûlées de Boyington, ils vont pouvoir éprouver leur volonté de se battre.
Le désert, la sueur, les poings
Recrutement, entraînements sans pitié, bagarres, sont autant de jalons que l’on suit avec attention. Paddy est très clairement le plus instable et le personnage est bien construit. Très vite de scénario met en perspective la difficulté pour Stirling et les siens ne pouvoir vendre leurs opérations aux officiers supérieurs. Quelques coups de main permettent de se faire une idée du potentiel du groupe. Après avoir ridiculisé la RAF, dans la torpeur du Caire, leur groupe prend enfin vie. Le scénario n’occulte rien des échecs initiaux, et notamment le catastrophique parachutage qui coûte la vie à 42 commandos.
Le travail de recherche permet de prendre plaisir à suivre ces premières missions. Avec un souci de réalisme particulièrement impressionnant, les véhicules, ceux du LRDG comme les véhicules italiens ou les avions de l’Axe sont parfaitement reproduits.
Les fameux chevrolet du LRDG
Le premier album s’achève sur les premières attaques décisives de la fin 1941 et notamment la destruction d’un aérodrome allemand. Stirling et Paddy se livrent en réalité une course. La quête d’un tableau de chasse devient une forme d’obsession pour tous les deux et sans rien occulter de la dureté effet, la bande dessinée aborde les actions particulièrement violentes des SAS. La dernière séquence est particulièrement troublante. Nous sommes loin d’une guerre respectant les codes, que l’on pourrait associer aux gentlemen anglais. Ici il n’en est rien. Ce groupe est sans pitié et la bande dessinée est tout à fait claire sur ce sujet. La destruction de l’aérodrome de Tamet marque véritablement le début d’une guerre sans impitoyable entre ses hommes et les forces de l’Axe.
La pitié est pour les autres
The regiment – L’histoire vraie du SAS – Livre 1 est un premier tome tout à fait réussi. Un dossier plus long aurait été bienvenu en fin d’album mais ce qui est proposé permet de mettre le pied à l’étrier pour des recherches plus personnelles, en attendant de lire la suite.