Lun Zhang, professeur de civilisation chinoise en France, a vécu et participé aux événements de Tiananmen participant à l’intendance et au service d’ordre. Alors professeur de sociologie, il échappe à la répression, car il n’est pas sur la place lors de la nuit du 3 au 4 juin 1989. Il quitte son pays et obtient le statut de réfugié en France. Cette bande dessinée a ainsi la particularité d’être un témoignage par un des acteurs du mouvements.
Les principaux protagonistes du printemps de Pékin, présents dans la bande dessinée, sont présentés au début de l’ouvrage dans une série de courtes biographies.
L’ouvrage est divisé en actes :
- L’acte I présente les années d’ouverture et revient sur la disparition de Mao, qui marque la fin de la Révolution culturelle. L’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping s’accompagne d’une ouverture économique avec la mise en place du « socialisme de marché ». Le nouveau dirigent proclame l’avénement des « quatre modernisations » : l’agriculture, l’industrie, la défense nationale, les sciences et technologies. Wei Jingsheng, proche du pouvoir ose proposer une cinquième modernisation : la démocratie. Il est condamné à 15 ans de prison. C’est dans ce contexte, qu’en 1987, des manifestations réclament plus de liberté et que la culture occidentale commence à se diffuser auprès de la jeunesse chinoise.
- L’acte II revient sur la mort de Hu Yaobang, présentée comme l’événement déclencheur du mouvement. Membre du bureau politique, il incarnait un espoir en s’opposant aux conservateurs et en protégeant les intellectuels. Le mouvement se structure autour des « sept revendications » (p.28) qui réclament les libertés d’expression, de manifestation, politiques et la hausse du budget de l’éducation. Le rassemblement prend la forme d’un hommage à Hu Yaobang, mais le pouvoir refuse que le peuple se recueille devant sa dépouille. Les manifestations se succèdent et prennent de l’importance.
- L’acte III évoque le durcissement du mouvement et la mise en place de la grève de la faim, mode d’action nouveau en Chine, qui s’accompagne d’une occupation permanente de la place. Lun Zhang raconte alors son rôle dans l’organisation du mouvement. Cette étape coïncide avec la visite officielle de Gorbatchev et donc avec la présence de nombreux journalistes étrangers, qui vont surtout couvrir l’occupation de la place.
- L’acte IV aborde le recours à la loi martiale. Les manifestations sont désormais interdites. Une statue représentant la « déesse de la démocratie » est érigée sur la place Tiananmen.
- Enfin l’acte V décrit la répression pendant la nuit du 3 ou 4 juin, sur des pages noires afin de montrer la brutalité et la violence de la répression. Des parents cherchent leurs enfants disparus, les responsables du mouvement tentent d’échapper à la prison. L’image iconique de l’étudiant devant le char manque le fait que les chars ont bien écrasé des manifestants quelques heures auparavant. Lun Zhang évoque enfin l’exil.
L’ouvrage se termine par une chronologie de l’histoire de la Chine entre 1919 et 2018 et par la reproduction d’objets personnels de Lun Zhang.
L’ouvrage permet de connaître le point de vue d’un des acteurs de l’événement. Il est accessible à des élèves de lycée.
Jennifer Ghislain pour les Clionautes
Présentation de l’éditeur. « 30 ans après 1989, le témoignage inédit d’un des leaders étudiants de l’occupation de la place Tiananmen à Pékin décrit comment se sont brisés les espoirs d’une génération et comment s’est façonnée la Chine contemporaine.
Voilà 30 ans, le 15 avril 1989, commence l’occupation de la place Tiananmen par les étudiants réclamant que la démocratie accompagne les réformes économiques. Le 4 juin, Deng Xiaoping envoie l’armée massacrer les étudiants rassemblés pacifiquement. Zhang Lun était en charge de l’intendance et du service d’ordre. Il livre pour la première fois son témoignage sur cet épisode crucial de l’histoire mondiale ».