Dans ce numéro, Topo enquête, entre autres, sur la frénésie de notation permanente qui a envahi notre société mais pose également la question de l’égalité des chances à l’école.
La notation permanente
On l’a tous remarqué, la notation a envahi nos vies quotidiennes et tout est aujourd’hui évalué. Vincent Coquaz et Halfbob choisissent une entrée originale à partir d’Harry Potter pour nous faire remonter ensuite à l’origine de ce phénomène de notation institué il y a bien longtemps par Ignace de Loyola. Il faut avoir en tête que ce système a été inventé dans le cadre de la lutte entre catholiques et protestants. La notation des salariés par les clients s’est généralisée et aujourd’hui ce sont aussi les clients qui sont évalués comme le montre le cas d’Uber. A travers quelques exemples, le reportage pointe aussi les dérives d’un tel système. Pour un voyage, les avis des voyageurs sont souvent davantage liés aux circonstances du voyage plutôt qu’à la qualité de l’hôtel. On voit aussi se développer des phénomènes d’achat de votes afin de gonfler des notes.
Des armes, de l’art et …
« Tête à tête » se focalise sur Cyril Hanouna qui réussit à faire revenir les jeunes devant la télévision, même si on peut légitimement s’interroger sur la qualité de ce qu’il leur montre. « Sans cliché » dévoile une photographie un peu effrayante d’une jeune fille aux Etats-Unis entourée de ses armes. Rappelons que les armes à feu représentent 38 000 morts chaque année soit 100 par jour. Il y a dix fois plus de magasins d’armes que de Mac Donalds aux Etats-Unis. « Tranche de l’art » s’intéresse au syndrome de Stendhal. Cela désigne la stupéfaction devant des oeuvres d’art qui peut se traduire, par exemple, par des vertiges. On suit l’exemple d’Emilie Gleason qui a connu cette sensation devant des tableaux de Georges Condo.
L’école garantit-elle l’égalité des chances ?
Le reportage commence par quelques chiffres qui permettent de poser l’ampleur du problème : à l’université on ne trouve que 12 % d’enfants d’ouvriers et ce chiffre tombe à 3 % pour l’école normale supérieure. Isabelle Dautresme et Henri Lemahieu comparent l’école à une course mais c’est une compétition où tout le monde ne part pas avec les mêmes chances. Cette inégalité commence très tôt comme le montre l’étendue, plus ou moins grande, du vocabulaire des enfants de CP. Il ne faut pas non plus verser dans le systématisme car l’enquête cite également des exemples de réussite alors que rien ne les y prédisposait a priori. Les auteurs parlent de Najat Vallaud-Belkacem ou d’Eric Dupont-Morretti. Ensuite, sont abordés des exemples de dispositifs qui cherchent à lutter contre les inégalités : les cordées de la réussite, les REP, le dédoublement des classes de CP. Il faut enfin mesurer que pour lutter contre ces différences, il faut aussi renforcer la formation au cours de la vie professionnelle car alors on peut rattraper des difficultés de départ.
Sexualité
« Ca part en live » revient sur l’affaire des sneakers de Lil Nas X. Le rappeur sait faire preuve d’un redoutable sens du marketing et de la communication. Il faut dire aussi qu’il détonne pour une certaine Amérique puritaine lorsqu’il avoue son homosexualité et se met en scène dans des clips jugés, par certains, scandaleux. L’épisode des sneakers avec une goutte de sang n’a fait qu’exciter un peu plus les réactions.« Cash sexe » s’intéresse aux seins et à leur variété et invite à réfléchir à la sexualisation de la poitrine des femmes. La rubrique « Mauvaise langue » revient sur les façons de parler du pénis et de la vulve ou encore du clitoris. Ce qu’on peut en retenir, c’est que quand on nomme mal les choses en utilisant des périphrases par exemple, on les connait mal.
Succès dans les jeux et les séries
« Les maîtres du jeu » détaillent toutes les personnes qui interviennent dans la conception d’un jeu et l’on découvre, peut-être, la variété des acteurs impliqués. Le game designer c’est le concepteur du jeu. Leur rôle est essentiel car ce sont eux qui imaginent les liens et le déroulé. Mais, ensuite, on découvre une foule d’autres métiers : level designer, narrative designer, sans oublier le monetization designer. Une autre entrée de ce numéro est consacrée aux séries télévisées qui s’arrêtent. Cela s’explique souvent par le manque de téléspectateurs, mais ce n’est pas la seule raison. Parfois un film vient clore une série et, parfois, elle se poursuit malgré une audience qu’on pourrait juger faible comme dans le cas de « The Wire ».
Liban II
Topo poursuit son exploration de l’histoire agitée du Liban commencée dans le précédent numéro. Wilfrid Lupano et Pozla se focalisent sur la question des Syriens réfugiés au Liban. C’est le fruit d’un voyage mené en lien avec une ONG dans les camps syriens au Liban. Les auteurs reviennent aussi sur le système politique si particulier du pays en évoquant le recensement de 1932 et les équilibres politiques qui en découlent. Le reportage donne enfin quelques chiffres hallucinants sur le pays actuel gangréné par la corruption et affaibli en plus par la Covid : les salaires ont été divisés par quatre tandis que les prix des produits de première nécessité connaissaient le même coefficient multiplicateur à la hausse cette fois.
Loi Climat et Résilience
Cécile Cazenave et Alexandre Franc racontent le chemin chaotique pour aboutir au vote de cette loi. Il y eut notamment trois semaines de discussion houleuses à l’Assemblée nationale. Rappelons que ce projet de loi fait suite aux propositions de la Convention citoyenne décidée par Emmanuel Macron. Malgré les promesses, on est assez loin du compte surtout par rapport à l’idée initiale de reprendre en très grande partie ce que proposerait la Convention. Les auteurs proposent quelques exemples de ce qui a été repris ou éliminé.
Pour le numéro 32, Topo annonce un reportage sur le métier de cheffe d’orchestre, un autre sur Roblox, un jeu plus malin qu’il n’y parait, mais aussi la grande épopée du caca.
Jean-Pierre Costille