Après quelques incursions sur le sexe dans de précédents numéros à travers la rubrique « Cash sex », Topo choisit d’y consacrer son enquête. Mais le magazine continue également d’explorer notre monde et s’intéresse, par exemple, à la viande dans les cantines ou encore au métier de juge des enfants.
Le grand tabou
Claire Rainfroy et Sébastien Vassant abordent la question de la sexualité en partant de discussions d’un groupe d’adolescents. Les auteurs choisissent d’entrer d’abord par un regard historique en remontant jusqu’à la préhistoire. Ensuite, ils introduisent la dimension religieuse en exposant brièvement la position des trois grandes religions monothéistes sur le sexe. La femme se voit souvent assignée une place particulière, très fortement liée à la reproduction. On s’aperçoit ensuite que les sociétés patriarcales ont survalorisé la sexualité masculine et l’ont associée à la virilité. Pendant longtemps, la sexualité n’a été vue qu’en terme d’hétérosexualité et plusieurs tabous anciens restent tenaces. Par exemple, en 2010, des scientifiques ont dû réexpliquer que la masturbation n’avait rien d’anormal. Les auteurs montrent ensuite que la société change très progressivement et même si aujourd’hui l’école parle de sexualité, elle a encore parfois trop tendance à offrir une vision sous l’angle du risque uniquement. Les adolescents connaissent sans doute mieux leur corps aujourd’hui qu’hier mais la pornographie facilement accessible pose le problème des représentations que les jeunes peuvent se construire sur la sexualité. Le reportage se termine par une image qui montre qu’il peut y avoir d’autres sexualités que l’hétérosexualité.
Pourquoi mange-t-on autant de viande à la cantine ?
A la cantine, les élèves consomment deux à six fois plus de protéines que ne le recommandent les autorités sanitaires. Cependant les choses devraient changer avec la mise en place de la loi Egalim en novembre 2019 qui met en place un repas végétarien par semaine. Même si la loi est récente, les réticences demeurent. On s’aperçoit que le lobby de la viande est bien implanté, notamment dans le groupe d’étude qui a donné des recommandations sur la composition des menus. Les industries de la viande représentent 100 000 emplois et peuvent donc financer des programmes de communication. On apprendra sans doute l’existence de l’association Interbev qui consacre plus de 20 millions de son budget pour des campagnes de communication. Cette association diffuse des kits dans certaines cantines scolaires et on a une petite idée du sens du message transmis. Le reportage donne la parole à Emilie Borriglione, spécialiste de la nutrition, qui propose de tout autres recommandations entre viande et légumes. Bref, la viande c’est comme les antibiotiques, ça ne doit pas être automatique.
Rubriques jeu, musique et cinéma et art
« Tête à tête » propose un portrait de Cardi B, cette star d’une émission de télé-réalité, devenue pour certains une icône féministe. Ultra-présente sur les réseaux sociaux, elle ne laisse pas indifférente avec ses propos souvent très cash comme « je twerke à moitié nue, mais est-ce que ça donne le droit à un homme de me violer ou de m’agresser ? ». Pierre Corbinais et Wouzit dévoilent un aspect souvent peu connu sur les jeux vidéos en montrant le travail de ceux qui doivent tester et retester les nouveaux produits afin de débusquer toutes les erreurs et bugs avant le lancement. Mal payé, c’est néanmoins souvent un tremplin avant d’obtenir d’autres responsabilités. Côté musique, on en saura plus sur la formation et l’itinéraire de Alice et moi. Son itinéraire n’est pas des plus classiques car elle a passé un master de journalisme à Sciences-Po et elle a assumé au début plusieurs casquettes en plus de chanteuse, à savoir productrice et même entrepreneuse. Pochep présente quant à lui le festival de la BD d’Angoulême. C’est devenu un rendez-vous incontournable avec chaque année plus de 1500 auteurs. Créé en 1974, il fait venir plus de 200 000 personnes dans une ville de 40 000 habitants. La récompense suprême c’est d’obtenir un Fauve, nom du prix attribué aux meilleurs albums. Pour le cinéma, rendez-vous dans « Capture d’écran » qui raconte le rituel des Oscars. En plus des paillettes, la cérémonie s’est souvent transformée en tribune pour faire passer des messages, plutôt en faveur des minorités quelles qu’elles soient. En explorant l’histoire des Oscars, on constate que c’est le cas depuis très longtemps car en 1940 Hattie McDaniel fut la première femme noire à remporter la précieuse statuette. Chico dans « Tranche de l’art » dresse le portrait de Keith Haring. Les murs des villes et les couloirs de métro furent pour lui un terrain prioritaire d’expression. Il pointa très tôt plusieurs menaces qui guettaient selon lui la planète comme le capitalisme à outrance ou le désastre écologique.
Juge des enfants
Martine Abat et Adrien Villesange dressent le portrait d’Edouard Durand, juge des enfants à Bobigny. On mesure à la fois la diversité des cas qui lui sont soumis mais également son pouvoir qui peut aller jusqu’à séparer une famille pour préserver les intérêts de l’enfant. Edouard Durand raconte une journée type avec souvent des moments très tendus et chargés d’émotions. Il rappelle un principe essentiel qui date de 1945 à savoir qu’on ne peut juger un enfant comme on juge un adulte. On découvre également la palette de ce qu’un juge des enfants peut faire et qu’on englobe sous le terme de « mesures éducatives ». Il insiste enfin sur le nécessaire travail d’équipe car s’il préside le tribunal, il n’est pas seul pour prendre une décision.
Une forêt en Equateur
Anne Sibran et Théo Calméjane racontent le combat d’une vie en vue de la défense de la forêt en Equateur. Omar est né dans une forêt primaire qu’il a dû ensuite quitter pour s’installer en ville. Il a alors vu la forêt disparaitre peu à peu puisqu’elle était intensivement exploitée. A 23 ans, il décide d’utiliser son premier salaire pour acheter un peu de terre, ce qui a été le point de départ de son combat. Il a collecté des plants et il a voulu faire renaitre une partie de ce qu’il avait connu enfant. Il a mené son combat inlassablement tout en continuant à travailler à la ville pour gagner sa vie. Il a véritablement réinventé une forêt, y passant des heures, y compris la nuit. Lorsque l’eau est revenue, la biodiversité a pu de nouveau s’épanouir. Il n’a pas limité son combat aux plantes mais s’est aussi intéressé aux animaux qui peuplent la forêt.
Après avoir refermé ce numéro de Topo, on en sait donc plus sur des sujets pour le moins variés. Le prochain numéro s’intéressera notamment aux Black blocs et aux téléphones mobiles et leur impact sur la planète.
(c ) Jean-Pierre Costille pour les Clionautes