Nouvelle revue dans le paysage scientifique des questions liées à l’espace, « Tous urbains » part du constat que le rural n’existerait plus « qu’en tant que catégorie de discours et non plus comme mode d’organisation d’une société ». L’avènement d’un monde fait de seuls citadins nécessite de nouvelles clés de lectures que le collectif d’auteurs géographes, sociologues et autres architectes-urbanistes se propose de livrer à travers cette cinquantaine de pages.
Spécialistes reconnus de l’analyse de la ville (Michel Lussault, Philippe Panerai, Jacques Donzelot…), les contributeurs assument, dans une charte introductive, vouloir « sortir du bois vert de la pensée experte et du conseil » pour proposer d’autres modes de pensée que ceux du système politique actuel, bien trop archaïques pour parvenir à saisir toutes les « potentialités de l’urbain ».
Les textes évoquent nombre de recommandations de bon sens sur des sujets cruciaux mais tellement difficiles à faire évoluer (faire en fonction des finances disponibles, sortir de la logique sectorielle des intercommunalités, appréhender l’aménagement en fonction du maillage urbain et non des zonages préexistants et bien datés…).
Sur la forme, on appréciera les articles très brefs aux titres incisifs et aux phrases clés mises en exergue, l’entretien (ici avec David Mangin sur la « ville franchisée ») ou encore les « scènes de vie » mettant ici à l’honneur l’écrivain et voyageur Pierre Christin. Un « dossier » sur l’urbanisation et un « regard critique » sur Brasilia complètent ce premier numéro.
Avec une mise en page minimaliste (format restreint, noir et blanc, absence de bibliographies et figures réduites au minimum) et un prix défiant toute concurrence (5 euros), « Tous urbains » s’affiche comme une nouvelle revue « cheap » sur les apparences mais pas sur son ton de parole qui, espérons le, contribuera à faire évoluer les mentalités. Bienvenue !
A découvrir le numéro zéro et à suivre, le numéro 2 pour la rentrée, avec un regard critique sur la maison de la Méditerranée à Marseille, un entretien avec Bernard Devert et un dossier sur « l’après voiture ».