Voici une bande-dessinée destinée aux élèves de première ayant choisi la spécialité SES.  La boîte à bulles, en partenariat avec Belin, décline le programme de SES en 6 volumes (2 pour la sociologie et 4 pour l’économie). L’objectif est donc affiché par l’association de ces deux maisons d’édition : associer le plaisir de lire une bande dessinée à la lecture d’un ouvrage pédagogique.

Des deux volumes consacrés à la sociologie, le premier s’intitule 1. Socialisation, liens sociaux et déviance.  Il couvre les trois premiers thèmes de SES au programme soit : « Comment la socialisation contribue-t-elle à expliquer les différences de comportement des individus ? »,  « Comment se construisent et évoluent les liens sociaux ? », et « Quels sont les processus sociaux qui contribuent à la déviance ? ».

L’organisation de la bande dessinée est très classique et correspond à la mise en œuvre d’un cours. Chaque chapitre débute par un questionnement auquel les auteurs répondent en trois parties, elles-mêmes divisées en sous-parties (on apprécie en vue de l’évaluation finale de la spécialité en terminales). A la fin de chaque chapitre, une page récapitule les informations essentielles. La présentation de cette page de révisions mélange bande dessinée et sketchnote, permettant aisément d’aller à l’essentiel et de favoriser la mémorisation pour l’élève.

Quel est l’intérêt de cet ouvrage pour un Clionaute ? Tout d’abord,  quelques passages pourraient être utilisés pour le programme d’histoire en terminale comme par exemple le chapitre sur les différents moyens d’obtenir l’obéissance aux règles (pages 38 à 40). Un extrait pourrait être utilisé dans le thème 1 d’histoire : il s’agit de la page 40 qui présente l’expérience de Milgram menée de 1960 à 1963 sur la soumission à l’autorité et reconstituée dans un passage du film I… comme Icare  réalisé par Henri Verneuil (1979).

Par ailleurs, plusieurs éléments de ce volume sont utiles pour travailler le programme d’EMC de première. Rappelons que les premiers thèmes de sociologie en première générale rejoignent le programme d’EMC de 1ère générale et technologique. En effet, l’axe 1 «  Fondements et fragilités du lien social » demande aux enseignants d’aborder le lien social. Or, si le groupe que nous avons en classe n’a pas choisi la spécialité SES, il conviendra d’abord de définir ce qu’est le lien social aux élèves. C’est chose faite pages 24 à 27avec une présentation qui reprend les travaux de Serge Paugam de manière claire et concise. Au passage, les travaux de Paugam  sont précisés dans les références bibliographiques des documents d’accompagnement de 1ère (PAUGAM Serge, L’intégration inégale. Force, fragilité et rupture des liens sociaux, Presses Universitaires de France, 2014).

La bande dessinée définit également la sociabilité numérique qui est peut être une base pour aborder « Les nouvelles formes d’expression de la violence et de la délinquance (incivilités, cyberharcèlement, agressions physiques, phénomènes de bandes, etc.). » selon le programme d’EMC, 1ère. Ou, autre exemple, l’évolution du lien social se traduisant soit par une montée de l’individualisme soit / et par un affaiblissement du lien social correspond en tout point au point suivant du programme d’EMC : « La montée du repli sur soi et le resserrement du lien communautaire physique ou virtuel. »

En résumé, voilà une bande dessinée qui devrait rejoindre naturellement les linéaires des CDI des lycées et qui pourrait être recommandée aux élèves de première autant choisi la spécialité SES.

Seul bémol : la présentation historique des notions essentielles (socialisation primaire, anomie etc…) par les sociologues (Durkheim, Asch etc…) me semble trop succincte. Une approche un peu plus pluridisciplinaire aurait été la bienvenue dans l’optique de préparer le grand oral de terminale (censé combiner l’approche de deux disciplines).