Une BD qui témoigne de l’histoire dramatique de la Colombie au moment où les accords de paix permettent d’espérer et qui contribue à satisfaire le besoin de mémoire, collective et individuelle.
Comme l’écrit Francisco de Roux dans le prologue, il faut en suivant les personnages « parcourir d’autres sentiers que les vôtres […]Pénétrez dans l’espace sacré de ces hommes et de ces femmes contraints à l’exil ». Ces personnages, imaginés par Javier de Isusi, sont nés des témoignages recueillis par Carlos Martin Beristain pour la Commission pour le Vérité en Colombie.
La Colombie, un pays meurtri par des dizaines d’années de conflits armésDepuis la fin des années 1940, la guerre civile colombienne a causé 300 000 morts, le déplacement de 6 000 000 personnes et l’exil de 550 000 autres qui ont obtenu l’asile politique en plus de 30 pays différents. , a connu et connaît encore de vastes mouvements de déplacements de population et de départ en exil. Ces Colombiens exilés sont « transparents » dans la vie politique du pays.
Les personnages de la BD sont imaginaires, mais si réels bien que transparents, souvent aussi pour la deuxième ou troisième génération de l’exil.
A travers ces personnages, on découvre la complexité du pays, des situations souvent dramatiques : enrôlement de force des jeunes garçons tant dans les FARC que par les paramilitaires, violences envers les femmes, les Amérindiens, les opposants politiques, enlèvements politiques ou crapuleux par les narcotrafiquants.
Pour donner chair à ces récits l’auteur a choisi de faire se rencontrer ses personnages autour de trois femmes qui furent étudiantes en droit constitutionnel. On lit la difficulté à témoigner, le désir de tourner la page, les pressions et menaces sur les exilés, les vieilles rancœurs aussi. On se promène de Quito, à Miami, de l’Espagne à la Suisse, de Bordeaux au Chili.
La place Bolivar, à Bogotá noire de monde réclamant la paix, permet un espoir celui d’une solution nationale après les accords entre le gouvernement et les rebelles.