Cet ouvrage est le deuxième et dernier tome de la série consacrée à Constance d’Antioche dans la collection Les reines de sang chez Delcourt. Comme le premier ouvrage, il est scénarisé par Jean-Pierre Pécau, ancien professeur d’histoire, reconverti dans les jeux de rôle et la bande dessinée. Parmi ses œuvres, les plus reconnues sont L’Histoire secrète et la série Jour J, série d’uchronies dont il est à l’origine et qui compte aujourd’hui presque quarante tomes. Il est encore une fois accompagné au dessin par Gabriele Parma, qui a notamment travaillé pour la série L’Histoire pour les nuls en BD. La qualité des dessins, des dialogues et de l’ambiance dégagée par cette BD est identique à celle du 1er volume.

Chronologiquement, l’auteur a choisi de redémarrer directement à la suite du premier volume, à savoir la mort de Raymond de Poitiers, premier époux de Constance. Mais autant dans le premier épisode se centrait sur Constance, sa fougue, sa volonté et son indépendance, autant celui fait la part belle à la fois à Constance et à celui qui devient son deuxième époux, Renaud de Châtillon, figure des croisades, opposant à Saladin et décapité par ce dernier. C’est d’ailleurs sur l’histoire de Renaud que se clôt ce deuxième volume.

Néanmoins, Jean-Pierre Pécau reste fidèle à la ligne observée dans le premier tome. Constance est représentée comme une femme de caractère, un leader qui a pleinement conscience de la situation d’Antioche, cible privilégiée des de l’alliance entre Sarrasin et Turcs. Cela se voit dès le départ, lorsqu’elle prend elle-même la direction de la ville, alors qu’elle ignore encore la mort de Raymond de Poitiers. Cette volonté est aussi visible dans le choix de son nouvel époux, contre l’avis du patriarche et du roi de Jérusalem. Constance est une femme forte et indépendante. Le couple formé avec Renaud est ainsi présenté comme une addition de 2 personnalités ambitieuses, amoureuses, où chacun a sa place et est déterminé à être acteur de son destin.

A travers Constance et Renaud, c’est une nouvelle fois une plongée dans la complexe société des Etats latins d’Orient qui nous est offerte. L’auteur nous permet de pénétrer une société complexe, avec ses réseaux, des alliances, ses intrigues politiques. Les personnages, comme souvent dans les oeuvres de Pécau, sont complexes et profonds.  Sont aussi abordés, d’un point de vue politique, les complexes relations entre les Etats latins, entre catholiques et orthodoxes, les ambitions des chevaliers, poulains ou occidentaux. Tout aussi fondamental est évoquée la présence musulmane, à la fois majorité démographique et minorité politique, menace intrigante et intermédiaire incontournable.

Les deux volumes de la série sur Constance d’Antioche sont donc d’une très grande qualité, d’une richesse et d’une profondeur qui permettront à chacun de mieux saisir la complexité des sociétés proche-orientales pendant cette période historique troublée.