Une toute jeune fille: 13 ans au moment des faits, raconte comment elle et sa famille ont vécu les événements qui ont ensanglanté le Rwanda au printemps 1994. Le récit commence le jour même de la mort du président Habyarimana et décrit les massacres dans la région de Kibuye, sur la rive orientale du lac Kivu, la haine et la violence des Interahamwe, la sauvagerie même mais aussi la fuite dans la brousse et le subterfuge inventé par la mère pour protéger sa fille: tu diras que tu es Hutue. C’est aussi l’expression des sentiments d’une jeune adolescente entre peur de la mort et dégoût de la trahison des siens et la question posée à chaque génocide comment des voisins qui vivaient jusque là en bonne intelligence ont-ils pu devenir des assassins?
On suit les réfugiés du Rwanda vers les îles du lac Kivu puis vers Goma et le Zaïre, à l’époque avec une très brève évocation du rôle de la France et de l’opération turquoise. Chez nombre de réfugiés l’idée permanente d’un retour au pays pour rejoindre les troupes tutsies de Paul Kagame et pour Pauline la volonté de reprendre ses études.
La seconde partie du témoignage porte sur le retour à une vie normale: la réinstallation au Rwanda, avec son père seul rescapé de la famille, ses tribulations dans un pays en reconstruction, ses études, la découverte des grandes villes du pays pour cette fille des collines et aussi le souvenir d’un traumatisme difficile à dépasser. C’est le récit d’une jeune fille puis d’une jeune femme, issue d’un milieu plutôt aisé, qui ne semble pas avoir perçu une dimension sociale possible dans ces événements ni la chance que cela représente pour reconstruire sa vie, même si elle perçoit l’insolente richesse des Tutsis rentrés d’Ouganda derrières les troupes de Kagame.
C’est ensuite, une nouvelle fois le recours au mensonge ethnique pour émigrer vers la France et y obtenir le statut de réfugiée politique, sa « renaissance » en France mais aussi le sentiment d’une injustice, souvent exprimée par les rescapés de la Shoah, celle d’avoir survécu.