Ce livre est un mélange entre une BD et une biographie illustrée. Les deux auteurs nous présentent la vie d’un personnage controversé, Heinrich Schliemann, entrepreneur et archéologue amateur aux méthodes particulières, fasciné par la Grèce antique.

Dans un style graphique cartoon, associé à une bonne dose d’humour, les auteurs retracent la vie d’un personnage complexe, talentueux, égocentrique, et dont la vie ressemble à celle des héros qu’il lit dans l’Iliade et l’Odyssée d’Homère, c’est-à-dire tumultueuse.

Rien ne prédestinait le jeune garçon à traverser le monde, à laisser sa trace dans l’archéologie moderne, si ce n’est une connaissance précoce des grands classiques grecs de l’Antiquité et une curiosité enfantine pour les mystères de son village. Renvoyé de chez son père, il erre d’abord dans plusieurs villes, affublé de métiers peu reluisants, mais cette itinérance lui permet d’assoiffer son goût des langues . Ses capacités de polyglotte lui font basculer sa vie: il part en Russie où il fait fortune dans l’import-export, notamment pendant la guerre de Crimée.

Cette richesse fulgurante et soudaine lui offre l’opportunité de s’engager à fond dans sa passion pour la guerre de Troie. Après avoir voyagé pour poursuivre sa formation, notamment en France, il repart pour la Grèce puis l’Empire ottoman. Passionné viscéral, il n’hésite pas à utiliser des moyens controversés, comme la dynamite, pour creuser, quitte à détruire des strates et des strates de précieux remblais car ces derniers ne contiennent pas assez de reliques de la seule période qui l’intéresse. Il se mêle aux fouilles, creusant avec enthousiasme (trop) parfois lui-même, ce qui provoque la destruction d’objets précieux, chantant et déclamant des vers d’Homère à longueur de journée.

Ce personnage excentrique fascine autant qu’il agace. Ses recherches, ses méthodes et ses découvertes sont à la fois relayées dans la presse, rejetées par les milieux scientifiques, dénoncées par le gouvernement ottoman qui l’accuse de pillage, plébiscitées par le gouvernement grec car il attire des touristes… Bref, un personnage qui ne laisse personne indifférent car on parle ici de lieux légendaires (Troie, Mycènes, Tirynte) et de figures mythiques (Agamemnon, Priam, Hélène). Heinrich Schliemann, à la fin de sa vie, essaiera de faire amende honorable sur sa façon d’envisager l’archéologie et sur sa réputation de pilleurs de tombeau : il fait figure tout autant d’épouvantail (pour ses méthodes de travail) que de modèle (pour sa passion).

La BD se termine sur un dossier qui présente quelques grandes figures de la modernisation de l’archéologie à la fin de l’époque moderne et au début de l’époque contemporaine, afin de replacer Schliemann dans ce mouvement.

Au final, les auteurs nous proposent une lecture plaisante, teintée d’humour et d’aventure, à l’image d’un personnage principal à la vie si improbable et loufoque par plus d’un aspect. Cela permet aussi de se replonger, de manière indirecte, dans des récits légendaires universels et intemporels. Dans cet été chaleureux, un vrai petit plaisir rafraîchissant.

Présentation de l’oeuvre sur le site de l’éditeur 

« L’histoire d’Heinrich Schliemann commence en 1822 à Ankershagen, un petit village du nord est de l’Allemagne. Lecteur passionné de l’Iliade et l’Odyssée, polyglotte (il parle 11 langues), le jeune Heinrich rêve de découvrir les ruines de Troie, la ville mythique détruite par les grecs. Après de multiples aventures, et avec pour seul guide le poète Homère, Il finira par réaliser son rêve, sa découverte marquant un tournant dans l’histoire de l’archéologie. »

Présentation des auteurs sur le site de l’éditeur

Gabrielle LavoirIllustratrice. Aux éditions Flammarion Jeunesse : Du côté de l’Olympe : un précis de mythologie savamment déjanté avec Denis Lindon.

Arnaud Pizzuti anime un blog (etaletaculture.fr) et un compte Facebook avec 62200 abonnés. Il est par ailleurs auteur aux éditions 365 : 52 histoires de la mythologie grecque  et 365 infos de culture générale