Le fantôme, l’image du linceul blanc, une croyance universelle ayant traversé le temps : voilà un sujet qui ne manquera pas d’attirer la sphère enfantine et qui pourrait servir de sujet porteur pour étudier la géographie et l’histoire.

Le plan de cet ouvrage rédigé par Adam Allsuch Boardman est chronologique mais il est bien entendu possible de lire les choses de façon thématique.

Quelques définitions s’imposent. Le fantôme serait l’esprit d’un mort et peut prendre de multiples formes. La hantise serait la manifestation d’un fantôme dans un lieu.

Le plan d’une maison présenté dès les premières pages permet de saisir certaines de ces manifestations : apparitions d’écritures spontanées, lévitations d’objets, bruits en tous genres…

Il en découle des « enquêtes sceptiques » (les bruits ne viendraient-ils pas de la tuyauterie ? Les visions d’un canular lancé par un tiers ? Les hallucinations d’un trauma ou d’un manque de sommeil ?) pour invalider la présence du fameux fantôme.

La géographie pourra recenser les innombrables croyances à toutes les échelles (Hantu de Malaisie, Duppies des Caraïbes, Loch Ness, triangle des Bermudes…), croyances donnant lieu à des ritualisations (fête des morts au Mexique, Halloween…).

La typologie des lieux est également une lecture possible : châteaux, ruines, champs de bataille également qui sont propices en raison du fort poids de la mort et de la maladie qui pouvait y régner…On va même jusqu’à créer des lieux génériques, factices comme en témoignent les célèbres trains fantômes et maisons hantées.

Le spiritisme et la médiumnité sont abordés jusqu’à la dérive commerciale : la planche Ouija que chanta d’ailleurs Morrissey, une planche qui recevrait une écriture guidée par un esprit dictant son texte.

Immortaliser la présence d’un fantôme pour prouver ses dires est une question clé…et c’est là qu’intervient la technique de la double exposition en photographie.

Le préfixe « para » s’officialise dans de nombreux laboratoires et autres sociétés savantes.

L’architecture peut, elle aussi, être déconcertante, à l’image de la maison Winchester en Californie aux portes et fenêtres innombrables et ou les escaliers ne menaient nulle part.

Les villes sont traitées avec égard. Les villes fantômes tout d’abord qu’elles aient été désertées pour des raisons économiques, environnementales ou politiques (guerres). A Calicro aux États-Unis, l’exploitation de la mine fut arrêtée, à Shantshi (Taïwan), c’est la spéculation immobilière qui a structuré une ville morte. Des villes peuvent avoir été rendues célèbres avec des faits avérés (meurtres d’Amityville par exemple).

La période actuelle voit la présence des fantômes dans la sphère informatique (hoax, virus, appâts à clics..).

Pour creuser, on appréciera le glossaire, la filmographie chronologique ainsi que quelques doubles pages sur les fantômes et chasseurs de fantômes célèbres.

Et on en profitera pour faire une passerelle avec la dernière thèse en didactique de la géographie rédigée sous la plume de Benoit Bunnik qui voyait carrément la discipline comme une …discipline « fantôme » tant celle-ci est sous utilisée et sous enseignée. En tous cas, la géographie des lieux fantomatiques pourrait tout à fait constituer un objet spatial à enseigner qui pourrait intéresser des cycles 3 sans nul doute !