Vingt-six auteurs se sont réunis pour écrire cette anthologie, cet ensemble d’articles classés chronologiquement sur les grands thèmes de l’éducation, de l’enseignement primaire et secondaire.
Vingt-six spécialistes dont beaucoup travaillaient à l’INRP, dans les IUFM, dans les universités des sciences de l’éducation ou au ministère de l’Éducation Nationale. Ils ont rédigé de courtes et pertinentes synthèses faisant le bilan des évolutions de la recherche en histoire de l’éducation. Richesse supplémentaire, des bibliographies pertinentes et les plus récentes sont proposées pour aller plus loin sur chaque thème évoqué. Celles-ci sont accompagnées et illustrées de grands textes de référence, théoriques, législatifs, techniques ou didactiques, fondateurs de cette évolution ayant constitué une culture et une mémoire éducative entre 1599 et 2003. Le système des notes et des renvois, la mise en page claire permet une lecture très limpide et efficace.
Les textes illustrent d’abord les thèmes classiques de l’époque moderne : les collèges jésuites, l’apprentissage de la morale et de la religion, la question de l’éducation des filles, la nécessaire diversification de l’enseignement dans les collèges de l’Ancien régime, la nouvelle perception de l’enfant, l’éducation du citoyen par l’Etat, la formation des maîtres puis au XIXe siècle, la mise en place d’un système secondaire, fondé ou non sur la méritocratie, ou favorisant l’enseignement mutuel, l’enseignement dit technique, la leçon orale.
« L’admirable enchaînement des propositions d’Euclide » détrône la version
La partie sur les contenus de l’enseignement scolaire reflète diversement l’épistémologie des disciplines qui est un champ ayant beaucoup progressé dans la recherche pédagogique. Et par conséquent, l’analyse porte sur les diverses connaissances intégrées dans les écoles, collèges et lycées comme le dessin, la gymnastique, la philosophie, la géographie introduite en 1801 mais supprimée vingt ans après, réintroduite en 1842 comme commentaire de l’histoire, la couture, les sciences et l’instruction civique qui modifient la finalité des études. La question qui se pose est également celle du rapport entre l’école et l’ordre social, la place du respect (cause déjà perdue dès 1864…), celle des châtiments corporels.
« Les instituteurs missionnaires de la patrie » (1840)
Les formes et les dispositifs de l’enseignement traitent de la classe et de son organisation matérielles, allant des cours, de la classe aux examens avec déjà, des remises en cause de concours… mais également de l’usage du livre ou des images. Des réponses sont données sur l’enseignement hors de l’école, les salles d’asile, les orphelinats, les cours pour adultes, l’hôpital pour les anormaux… L’après première guerre mondiale est souvent contre, le sport contre l’éducation sportive, contre les manuels scolaires, « pour une rédaction vivante et joyeuse, chemin royal vers la perfection grammaticale « (Célestin Freinet), contre le cours magistral, contre l’excès de version latine …
Une partie profitable à beaucoup sera sans doute, celle des champs et institutions de l’enseignement et de l’éducation illustrée par les grands textes: texte soumis aux différents ministres de l’Education Nationale, rapports issus de diverses commissions, d’associations de professeurs ou des inspecteurs.
« Substituer le réalisme au verbalisme » Ferdinand Buisson (1878 )
Ce livre est donc une belle synthèse en plus de mille pages qui fera date dans l’histoire de l’école. Elle montre par ces articles courts, l’importance des mutations qui n’ont cessé d’adapter l’école à la société, loin de l’uniformité prétendue du système scolaire et des acteurs de l’école.
C’est donc un ouvrage original dans lequel il est possible d’entrer par thèmes, par une des quarante notices ou par un des cent quatre vingt dix-sept textes.
Il est très utile aux jeunes enseignants, à ceux qui, passant les concours du primaire comme du secondaire, ont besoin de connaissances institutionnelles et disciplinaires remises dans un contexte chronologique. Il est utile pour ceux qui se lancent dans la recherche en histoire de l’éducation à défaut de la recherche pédagogique.
Pascale Mormiche